Journée de l’Enfant Africain 2025 : le Niger appelle à un financement durable et innovant pour protéger sa jeunesse dans la refondation

Le 16 juin 2025, le Niger a une nouvelle fois honoré la mémoire des enfants de Soweto, tout en se tournant résolument vers l’avenir : celui de ses propres enfants. À l’occasion de la Journée de l’Enfant Africain (JEA), le pays a placé le financement de la protection de l’enfance au cœur de ses priorités dans le cadre de la refondation nationale. Placée sous le thème panafricain « Planification et budgétisation des droits de l’enfant : progrès depuis 2010 ? », cette 35e édition a été adaptée au contexte nigérien sous l’intitulé : « Financement de la protection des enfants au Niger : quelle alternative dans le cadre de la refondation ? ». Une interrogation essentielle dans un contexte de transition politique et de réforme institutionnelle. Elle interpelle l’ensemble des acteurs à réfléchir de manière profonde et pragmatique sur les moyens de garantir une protection effective et durable à tous les enfants, filles comme garçons, face aux nombreux défis structurels et contextuels.

Instituée en 1991 par l’Union africaine, la JEA rend hommage aux enfants de Soweto, massacrés le 16 juin 1976 alors qu’ils manifestaient pour leur droit à une éducation de qualité dispensée dans leurs langues nationales. Depuis, cette journée s’est imposée comme un véritable cadre de plaidoyer et de mobilisation sociale en faveur des droits de l’enfant sur tout le continent.

La cérémonie officielle s’est tenue à Niamey, dans l’immeuble SONARA II, sous la présidence de la Ministre de la Population, des Affaires Sociales et de la Solidarité, Pr Ramatou Sidikou Djermakoye, en présence du Gouverneur de la région de Niamey, le Général de Division Ousmane Abdou Harouna, ainsi que des partenaires techniques et financiers, des cadres de la Direction de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant, des représentants d’organisations nationales et internationales œuvrant dans le domaine de la protection de l’enfant, des organisations de la société civile, et de nombreux enfants habillés par le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF).

Le Niger plaide pour des politiques sociales humanisées et un financement durable de la protection de l’enfance

Dans son discours de bienvenue, le Gouverneur Assoumane Abdou Harouna a insisté sur l’impérieuse nécessité de garantir à chaque enfant un accès équitable à la santé, à l’éducation et à un avenir prometteur. Selon lui, « le sacrifice que nous avons tous consenti ensemble au profit de l'enfant doit être une flamme, une conviction. En d'autres termes, dans la refondation, l'enfant d'aujourd'hui, adulte réformé de demain, doit être le produit de nos politiques sociales humanisées », des politiques qui visent à débarrasser la jeunesse des tares sociétales actuelles, telles que la paresse, la recherche du gain facile, l’intolérance ou encore le mimétisme des modèles étrangers inadaptés à nos réalités socio-culturelles, dénonçant également « l’indifférence polie, le silence gêné et l’incivisme moral ».

Dans la continuité de cette vision axée sur l’humain et la justice sociale, la Ministre de la Population, Pr Ramatou Sidikou Djermakoye présidant cette cérémonie officielle de lancement des activités de commémoration de la journée de l'enfant africain (JEA) 2025, a salué cette journée comme un moment de mobilisation collective pour renouveler notre responsabilité envers les enfants, avant d’en appeler à un sursaut national autour du financement de la protection de l’enfance : « Il s'agit de réfléchir à des solutions novatrices, pérennes et réalistes pour un financement efficace et durable. Protéger un enfant, c’est l’éloigner de tout abus, violence ou exploitation. Cette mission, bien que transversale, constitue un secteur spécifique qui mérite une attention accrue ».

Après avoir souligné l’importance d’un engagement collectif pour assurer un financement pérenne de la protection de l’enfance, la Ministre de la Population a rappelé que cette mission commence avant tout au sein de la cellule familiale. Pr Ramatou Sidikou Djermakoye a conclu en insistant sur le rôle fondamental de la cellule familiale : « La protection commence dans le cercle familial. C’est là que se forgent les premiers repères éducatifs, affectifs, sociaux. La famille doit rester le socle sur lequel repose tout système de protection efficace ».

UNICEF réaffirme son engagement aux côtés du Niger pour un avenir meilleur des enfants

Au nom de l’UNICEF, Mme Ainhoa JAUREGUIBEITIA, représentante adjointe au Niger, a tenu à souligner le rôle de l’organisation dans l’accompagnement des politiques publiques en faveur de l’enfant, tout en saluant les efforts des autorités nigériennes pour assurer la protection et le suivi des plus jeunes.

« Chers enfants, vous êtes l'avenir du Niger, la force vive de demain. Nous, adultes, avons la responsabilité de vous offrir un environnement sûr et propice à votre épanouissement. Et nous, UNICEF, nous nous engageons à redoubler d'efforts pour que vos droits soient respectés, que vos voix soient entendues et que vos rêves puissent se réaliser », a-t-elle déclaré.

Elle a également souligné que malgré les progrès enregistrés dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la lutte contre les violences, le pays fait face à de nombreux défis persistants, notamment la pauvreté structurelle, les effets du changement climatique, les conflits armés et les crises humanitaires chroniques. En 2024, le Niger comptait 507 000 déplacés internes, dont plus de la moitié sont des enfants, exposés à de multiples formes de vulnérabilité.

L’événement a également été rythmé par une animation artistique vibrante de la troupe SOS Village d’Enfants, dont la performance a mêlé danse, théâtre et chant autour des droits de l’enfant. Un slam poignant, spécialement conçu autour du thème de la journée, a capté l’attention du public. Ces moments d’expression artistique ont servi de véhicule de sensibilisation et de plaidoyer, soulignant avec force et émotion les réalités que vivent les enfants au quotidien, mais aussi leur capacité de résilience.

Dans un contexte de refondation politique, économique et sociale, la JEA 2025 a été l’occasion pour le Niger de réaffirmer sa volonté de bâtir une société équitable, souveraine et centrée sur l’humain, où chaque enfant, sans distinction, peut grandir protégé, éduqué et épanoui. « La Journée de l’Enfant Africain ne doit pas être un moment symbolique, mais un véritable catalyseur d’engagement. C’est à travers les enfants que se façonne le futur de notre nation », a résumé la Ministre.

A.K.Moumouni (actuniger.com)