Journée ville morte à Niamey : Une action en demi teinte !
Dans un appel lancé, le 24 mars dernier, le collectif d'organisations de la société et les partis de l’opposition ont appelés les populations nigériennes en général et celles de Niamey la capitale, en particulier de répondre au mot d’ordre de ville morte, ce lundi 2 mars, pour exprimer leur opposition à certaines mesures «antisociales» contenues dans la loi des finances 2018, votée à une large majorité par l’Assemblée nationale le 26 octobre dernier.
En réponse à cet appel de la société civile et des partis de l’opposition, Niamey a connue une ville morte relative.
Si les taxis et les faba-fabas se sont faits plus ou moins rares dans la ville, le grand marché de la capitale n’a pas connu son affluence habituelle.
A côtés de plusieurs boutiques fermées, certains commerçants ont ouverts leurs commerces et surveillent leurs « tales ».
‘‘Avec la sensibilisation de la société civile, j’ai compris que la nouvelle loi de finances est un véritable danger pour les opérateurs économiques que nous sommes. J’ai décidé de ne pas travailler aujourd'hui pour dénoncer cette loi’’, explique un commerçant du Grand marché de Niamey.
‘‘Notre mot d’ordre de ville morte a connu près de 90% de réussite’’, estime M. Gamatié du SYNCOTAXI, un syndicat de conducteurs des taxis.
‘‘Nous avons choisi ce lundi 2 mars pour organiser cette ville morte car elle correspond au 2ème anniversaire de la 2ème mandature du président Issoufou Mahamadou et le peuple a suivi cet appel pour dire non à sa gestion du pays’’, se réjouit M. Gamatié.
Si du côté des organisateurs on pense que cette action est une réussite, le son de cloche est différent de l’autre côté.
‘‘Les organisateurs de cette journée ont profité de ce lundi de Pâques pour appeler à une ville morte, car ils savent très bien que c’est un jour férié au Niger, et que personne ne travaille. Donc les gens sont restés chez eux non pas à cause de leur appel à une ville morte mais plutôt parce que c’est chômé et payé. Leur appel est un échec patent’’, estime Souley Oumarou, un acteur de la société civile.
Depuis plusieurs mois, la société civile nigérienne ainsi que l'opposition politique organisent à répétition des manifestations pacifiques sur le territoire national, pour dénoncer, sans succès, cette loi de finances et ‘‘l'implantation des bases militaires étrangères sur le territoire national, ainsi que la mauvaise gouvernance du régime’’.
Elles estiment que cette loi accorde "des cadeaux fiscaux aux compagnies étrangères et aux opérateurs du secteur des hydrocarbures, alors que les contribuables les moins nantis sont accablés d'impôts et de taxes".
De son coté, le gouvernement a soutenu que l'impact des nouvelles mesures contenues dans cette loi de finances sera moindre pour la population.
"Contrairement à ce qu'avancent ses détracteurs, le budget 2018 ne contient pratiquement aucune mesure affectant les campagnes, où vivent 80% des 20 millions de Nigériens, en majorité pauvres", déclare le ministre nigérien des Finances, Hassoumi Massaoudou.
Selon lui, ces mesures concernent précisément les marchés d'un secteur qui n'était pratiquement pas fiscalisé et qui fait 59% du PIB".
Le Collectif des organisations de la société civile donne rendez-vous pour le dimanche 08 avril prochain, pour une marche suivie d’un meeting, dans le cadre de sa 7ème journée d’action citoyenne.
Abdoul Nasser Hassane
Actuniger.com
Commentaires