MAIN BASSE SUR LA STA : Les bonnes affaires de M. Michel Lescanne sur les enfants malnutris du Niger
Il vous souviendra que courant mars 2017, nous avons publié deux dossiers sur une société de la place, en l’occurrence la Société de transformation alimentaire (STA), sous les titres : « Société de Transformation Alimentaire (STA) : entre gabegie et règlements de comptes », et « Société de transformation alimentaire (STA). Nouvelles révélations : la direction perd deux procès ». Ces deux dossiers, fruit d’une longue investigation n’ont pas été appréciés du tout par les responsables de la STA(Michel Lescanne, son épouse Isabelle Lescanne, Mme Cissé Fatchima Daddy Gaoh et son fils Ismael Barmou, actuel DG de STA), qui n’ont pas trouvé mieux que de nous traîner devant les tribunaux pour délit de diffamation.
Forts de leurs statut et position sociale, les quatre plaignants ont réclamé à titre de dommages et intérêts 50 millions de francs CFA chacun, soit 200 millions de nos francs à verser, selon eux, dans les CRENI, CRENAS et à l’hôpital national de Niamey. Malheureusement pour les plaignants, le Niger est un pays où la justice est juste et égale pour tous les citoyens. Après un procès contradictoire tenu au Tribunal de grande instance hors classe de Niamey, la justice a tout simplement débouté les quatre plaignants et les a condamnés aux dépens, estimant que nous avons apporté les preuves contraires de cette accusation. C’était le 8 août 2017.
Après ce cinglant désaveu, voilà que la même justice nigérienne administre, en toutes indépendance et impartialité, un autre revers à ce groupe qui contrôle actuellement la STA. En effet, au cours d’une assemblée générale ordinaire tenue le 24 février 2015, le PCA (Michel Lescanne), a pris l’initiative de soumettre avec succès une résolution pour révoquer purement et simplement Mr Sabo Gado M. Sani (un des trois nigériens fondateurs de STA), de sa fonction d’administrateur par abus de majorité. C’est cette révocation inique et unique que la justice nigérienne vient d’annuler, à travers un jugement rendu le 21 août dernier. Aujourd’hui, nous avons décidé de revenir sur la STA, pour d’autres révélations, d’autres pratiques mafieuses dont seul Michel Lescanne a le secret. Mais pour bien comprendre comment on en est arrivé là, un petit rappel est nécessaire afin de comprendre les intentions inavouées de M. Michel Lescanne de contrôler à son profit personnel ce fleuron de notre économie nationale qu’est la STA.
Michel Lesanne, Nutriset, la crise alimentaire de 2005, le « plumpy’nut » et la STA
Créée en l’an 2001 avec un capital de 60 millions de franc CFA, à l’initiative de trois nigériens (Mr. Hadi Ali Maazou, ingénieur agro-alimentaire avec 10% des parts, Mme Cissé Fatchima, pharmacienne avec 45% des parts et Mr. Sabo Gado Mahaman Sani, architecte avec 45% des parts), la STA a démarré ses activités par la production de la farine infantile « VITAMIL », par transformation des produits agricoles locaux. Suite à la première expérimentation à grande échelle avec succès au Niger de la nouvelle approche médicale curative et préventive de la malnutrition aigüe à travers le « plumpy’nut » (aliment thérapeutique prêt à l’emploi fabriqué par NUTRISET avec l’arachide comme matière première de base), Médecins Sans Frontières (MSF) avait approché la STA pour initier la fabrication locale de « plumpy’nut » en 2005, dans un souci d’économiser sur les importations et rapprocher le fabriquant des utilisateurs, et donc raccourcir aussi les délais d’approvisionnement. En effet, plus de 60.000 enfants en 2005 et 100.000 enfants malnutris en 2006 ont été soignés par Médecins Sans Frontières avec le « plumpy’nut » au Niger. 2005-2006, c’est l’année où le Niger a connu une des pires crises alimentaires de son histoire.
La première fabrication locale a été un échec pour non-conformité du produit fabriqué face aux analyses, et Nutriset a refusé au départ de parrainer la production locale au Niger. Nutriset est une entreprise française, exclusivement familiale (Michel Lescanne, son épouse Isabelle, leurs enfants…), qui a bâti sa réputation à travers le plumpy’nut, produit breveté en France, en collaboration avec l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD). Ce brevet a rapidement été étendu à plus de 38 pays. Nutriset avait vertigineusement et volontairement augmenté sa capacité de production de plumpy’nut pour atteindre 35.000 tonnes en 2009 et 60.000 en 2010, de façon à répondre aux besoins mondiaux au moment où les produits effectivement distribués étaient de 13.500 tonnes en 2009 et 31.000 tonnes en 2010. Elle s’est imposée comme numéro 1 mondial dans ce domaine en multipliant son chiffre d’affaires de façon exponentielle, depuis 2005. Face à cette boulimie sans fin, Médecins sans Frontières, par lettre en date de 13 novembre 2009, adressait à la société Nutriset une mise en garde dans l’utilisation abusive du brevet et la tentative de bloquer la fourniture du produit au Kenya par la société Norvégienne « Compact ». Médecins sans frontières a en effet, vigoureusement dénoncé le fait qu’une société privée, de par son brevet, ait de facto la main mise totale sur le marché très sensible de l’aide humanitaire aux enfants souffrant de la faim dans le monde.
Toujours face à cette boulimie, en décembre 2009, deux sociétés américaines portaient également plainte contre le monopole mondial Nutriset au nom du droit à la concurrence pour développer une production en faveur des pays pauvres. Au demeurant, dans certains pays comme l’Inde par exemple, cette utilisation abusive de la licence plumpy’nut a emmené le gouvernement à dénoncer la licence et engager une production locale au profit de leur population. En réaction à ces attaques, Nutriset a sorti une liste de 22 pays (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Guinée Equatoriale, Kenya, Lesotho, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Ouganda, République centrafricaine, République du Congo (Brazzaville), Sénégal, Sierra Léone, Soudan, Swaziland, Tanzanie, Tchad, Togo et Zimbabwé ) où l’exploitation de ce brevet est gratuite avec une dérisoire contrepartie de 1% du chiffre d’affaires à payer à l’IRD au profit de la recherche. Nutriset a également formalisé un réseau de franchisés dénommé plumpy field (plus d’une dizaine de pays) qui bénéficieront de la licence moyennant l’obligation de lui acheter un certain nombre d’intrants. Ce réseau vise à regrouper des partenaires pour produire et commercialiser localement le produit dans les pays les plus touchés par la malnutrition. Le Niger et la STA ont été le premier membre de ce réseau de franchisés.
Le début de l’enfer pour les fondateurs nigériens de la STA…
Après son refus initial, Nutriset a fini par accepter d’accompagner la STA dans la production locale du plumpy’nut au Niger. Allez-y comprendre comment et pourquoi. C’est ainsi qu’un contrat de franchise a été signé le 25 avril 2005 avec la STA. A partir du 23 juin 2010, Onyx (la holding qui détient 99.67% du capital de Nutriset), intègre le capital de STA à hauteur de 25% des parts à la faveur d’une augmentation du capital avec, à la clé, un poste d’administrateur. Onyx prend la présidence du conseil d’administration (PCA) de STA le 5 décembre 2011. La fabrication locale a été relancée avec un pic en 2011, où le chiffre d’affaires de l’entreprise STA a dépassé les 5 milliards avec un bénéfice net de plus de 800 millions pour un capital de 120 millions. Les ressources de l’entreprise ont été consolidées, avec une augmentation du capital à hauteur de 840 millions par incorporation des résultats. Michel Lescanne, Président du Conseil d’Administration de STA réussit, sans coup férir, à diviser l’actionnariat nigérien en s’attirant le soutien inconditionnel de Mme Cissé.
Dans un pays comme le Niger où de grands talents expérimentés sont sans emploi, et beaucoup de jeunes diplômés sans emploi peinent à trouver ne serait-ce qu'un stage, Michel Lescanne, ne trouve pas mieux à faire que d'imposer Ismael Barmou, fils de Mme Cissé, un jeune sans expérience et sans qualification appropriée ni en gestion ni en agro-alimentaire, Directeur Général Adjoint, 3 mois après qu’il ait été admis comme stagiaire à STA, puis Directeur Général pour remplacer sa maman en 2012, partie à la retraite.
De fait, on a beaucoup de mal à voir un hasard dans le fait que de 2012 à ce jour, sous la direction de Ismael Barmou, la gestion est caractérisée par une gouvernance à dessein avec des faits saillants suivants (voir à ce sujet nos deux dossiers consacrés à cette gestion hasardeuse et chaotique, parus dans MUTATIONS Nos 006 et 008, intitulés : Société de transformation alimentaire (STA) : entre gabegie et règlements de comptes, et, Société de transformation alimentaire (STA) : la direction perd deux procès)."
Rappelons simplement, ici, que Nutriset, contrôlé à 96% par Onyx est fournisseur des premix à STA sans être fabriquant ; qu’il est fournisseur des équipements à STA sans être fabriquant ; qu’il est fournisseur de matières premières à STA sans être producteur fabriquant ; qu’il impose à STA des redevances allant par année jusqu’à 7% du chiffre d’affaires de STA, ce en violation de la convention de franchise et de l’accord d’usage qui fixe la redevance à 1% au profit de l’IRD et non de Nutriset.
Toutes choses qui laissent apparaître clairement que par ces mécanismes, le Groupe Onyx siphonne allègrement les ressources de la STA et du Niger avec des montants atteignant par année 87% du chiffre d’affaires de STA. Tout se passe comme si Mme Cissé et son fils Ismaël sont les fournisseurs des produits locaux et ONYX avec NUTRISET les fournisseurs des produits importés de la STA, au détriment des autres actionnaires nigériens, du personnel et même de l’Etat Nigérien qui se trouve être grugé.
La stratégie de contrôle de la STA par Michel Lescanne :
1- La technique de diviser pour mieux régner
Le PCA, sensé défendre les intérêts de la société, ferme délibérément et volontairement les yeux sur l’essentiel des fautes de gestion commises par le DG, en s’opposant notamment à: donner une suite judicaire au rapport du commissaire aux comptes de juin 2013 ; suspendre le DG à travers le conseil d’administration du 05 novembre 2014 ; effectuer un audit de gestion demandé par des actionnaires détenant 37% des part, alors que l’OHADA l’autorise pour des actionnaires détenant 10% des parts ; exécuter la mise en demeure qui lui a été adressée pour faire recouvrer 100 millions de préjudice subi par la STA sur une opération d’achat d’huile ; mettre en place un administrateur provisoire à la STA suite à un jugement. Par ce comportement, le PCA s’arroge le soutien inconditionnel de Mme Cissé dans sa stratégie de diviser l’actionnariat nigérien pour mieux régner. Et comme un retour d’ascenseur au maintien du DG à son poste, ce dernier signe divers avenants et conventions avec la société ONYX, propriété du PCA. Le dénominateur commun à tous ces avenants et conventions est, en réalité, un transfert d’argent au profit du PCA et une prise de contrôle de STA par l’endettement.
2 -La révocation des administrateurs gênants
Au cours d’une Assemblée générale ordinaire tenue le 24 février 2015, le PCA prend de façon unilatérale, l’initiative de soumettre avec succès une résolution pour révoquer Mr Sabo Gado M. Sani (un des trois nigériens fondateurs avec 30% des actions de STA), de sa fonction d’administrateur par abus de majorité. Fort de cette victoire, il revient à la charge, deux ans après. C’est ainsi qu’au cours d’une autre Assemblée générale tenue le 30 juin 2017, le même représentant de Onyx a de nouveau pris l’initiative de soumettre avec succès une résolution pour révoquer Mr Hadi Ali Maazou (deuxième des trois nigériens fondateurs avec 7,2% des actions de STA) de sa fonction d’administrateur. Il apparaît clairement ici aussi qu’à travers de tels actes, Michel Lescanne voudrait instaurer une chose et une seule : la pensée unique, la sienne au sein de la STA. Pour contrecarrer cette volonté du PCA, les actionnaires nigériens Sani et Hadi ont porté plainte devant les tribunaux. La révocation de Mr. Sabo Gado M. Sani vient d’être annulée par la cour d’appel de Niamey.
3-La cooptation des administrateurs non actionnaires de la STA
Mais rien ne semble arrêter Michel Lescanne dans sa volonté de faire main basse sur la STA. Tenez, au cours d’une Assemblée générale tenue le 29 septembre 2015, le PCA prend l’initiative de soumettre avec succès la cooptation de Mr Zeilani, employé de Nutriset et non actionnaire de STA comme administrateur de STA. Au cours de la même AGO du 29 septembre 2015, Mme Cissé, a présenté la candidature de son fils, DG de STA, inculpé pour abus des biens sociaux (avec 3 mois de détention préventive à la prison civile de Niamey avant de bénéficier d’une liberté provisoire) au poste d’administrateur. Cette candidature a été écartée en raison de son inculpation devant les tribunaux.
Pour boucler la boucle alors, au cours de la même AGO du 29 septembre 2015 (une date noire pour les actionnaires nigériens), il fait passer des conventions règlementées au profit de ONYX et de NUTRISET avec les voies de ONYX, ce en violation flagrante, une fois de plus, des dispositions de l’OHADA. Ne sachant plus à quel saint se vouer, les actionnaires Sani et Hadi, n’ont eu d’autre choix que de confier leur sort à la justice, en demandant, ni plus ni moins que l’annulation de cette AGO.
Apres l’annulation de l’Assemblée générale du 29 septembre 2015, par le tribunal en première instance, le PCA interjeta appel. Mais sans attendre le résultat de l’appel, pressentant un désaveu certain, Michel Lescanne fait démissionner Mr Zeilani de son poste d’administrateur, pour le faire remplacer par Mr Thomas COUAILLET, un autre employé de Nutriset non actionnaire de STA au cours de l’AGO du 29 septembre 2016.
Il finira par hisser Mr Thomas COUAILLET au poste de PCA. Vous l’aurez deviné, la STA est donc devenue cette entreprise de droit nigérien avec certains administrateurs français qui, sans être actionnaires, occupent les postes de PCA et d’administrateur, alors que des fondateurs actionnaires nigériens à hauteur de 37% du capital sont exclus purement et simplement du Conseil d’administration malgré le poids de leur participation au capital social, et sans qu’on puisse leur reprocher une quelconque faute de gestion.
4- La cooptation des actionnaires minoritaires
Au cours d’une AGO en date du 24 février 2015, le PCA et Mme Cissé procèdent sans gêne à la cooptation de l’actionnaire Sanoussi Amadou avec 0.6 % du capital, comme administrateur de STA. Depuis sa nomination, ce dernier n’a jamais participé à aucune Assemblée générale ou Conseil d’administration de STA et a toujours donné mandat à Mme Cissé. Mesurant sans doute les risques que lui faisait courir Mme Cissé par l’utilisation de son mandat, M Sanoussi a présenté sa démission au dernier conseil d’administration, en Mai 2017. Mais Michel Lescanne et Mme Cissé, eux ne reculent devant rien. C’est ainsi que pour remplacer M Sanoussi, démissionnaire, ils proposent de nouveau la candidature du bien aimé Ismael Barmou , DG de la STA , fils de Mme Cissé qui n’est pas actionnaire de STA et qui a été inculpé, par la justice nigérienne, pour abus de bien sociaux.
Au cours de la même AGO du 24 février 2015, le PCA et Mme Cissé procèdent, sans coup férir, à la cooptation de l’actionnaire Afripar avec 7.5 % du capital comme administrateur de STA. Par la suite, le PCA finit par racheter 6% des actions de Afripar, qui reste tout de même administrateur avec 1.5% des parts. Ainsi, et comme vous pouvez le constater, toutes ces propositions de nouveaux administrateurs visent à donner à ONYX et à Mme Cissé, plus de voix que ne peut leur offrir leur poids réel dans l’actionnariat de STA. Ils forment ainsi un Conseil d’administration taillé sur mesure qui fait passer leurs décisions comme lettre à la poste. Les actionnaires Sani et Hadi, décidément infatigables, ont attaqué ces résolutions devant les tribunaux.
5- Le contrôle de la société par l’endettement
En plus de la manipulation des consciences, qui leur a permis d’avoir une majorité au Conseil d’administration, le PCA a entrepris d’endetter le STA par des conventions de financements avec ses propres sociétés. Ainsi, le 20 juin 2016, Onyx convoque précipitamment un conseil d'administration pour le 23 juin 2016 avec, comme unique point à l’ordre du jour, une autre convention de financement de 1 million d'euros pour une ligne de trésorerie à la STA. Les documents supports de conseils n'ont été transmis aux administrateurs que le 22 juin, en leur demandant de faire au besoin des propositions de financement alternatif à un scénario qui a été présenté à dessein pour rendre l'offre de Onyx compétitive par rapport aux banques locales. Le conseil d’administration composé sur mesure valida sans difficultés cette convention, en dépit de l’audit en cours sur l’endettement de la société ordonné par la justice. Le véritable mobile exprimé à travers l’article 8 de la convention est l’étouffement de la STA et le contournement de la justice Nigérienne par Onyx. Dans cet article, Onyx se réserve le droit d’exiger un remboursement anticipé du montant total capital et intérêt en cas de défaut de payement et précise les cas assimilés à des défauts de payement qui sont notamment : le non payement d’une échéance de toutes les conventions antérieures de Onyx (Conventions établies en violation des dispositions des conventions réglementées de l’OHADA) ; le changement du directeur général en fonction à la date du signature de la convention(Mr Ismael Barmou, fils de Mme Cissé, doit rester DG) ; le changement de contrôle de la société… Un changement de contrôle s’interprète ici comme le cas où un tiers non- actionnaire majoritaire à la date de signature de la convention prenait le contrôle de STA (Mr Michel Lescanne doit rester PCA) ; l’ouverture d’une procédure de liquidation, dissolution d’administration judiciaire ou de restructuration (la justice nigérienne ne peut plus designer un administrateur judiciaire).
Aussi, après une succession de pertes cumulées à plus de 700 millions FCFA, et une tentative de recapitalisation malicieuse avortée (grâce au refus des actionnaires nigériens), les premiers effets du combat pour la bonne gouvernance initié par ceux-ci, ont permis de dégager un résultat positif de plus de 150 millions FCFA, pour l’année 2015 à la STA comme par magie, alors que la société était pratiquement en faillite. C’est ainsi que le conseil d’administration en date du 26 mai 2016, a décidé de distribuer une bonne partie de ce résultat en dividende, en prime pour la direction, en prime pour les employés parce que la santé financière de l’entreprise le permettait. La vigilance du commissaire aux comptes empêcha cette distribution et l’ensemble du résultat fut affecté à la compensation des pertes antérieures afin de consolider la santé financière de l’entreprise. Deux mois après qu’il ait voulu distribuer des dividendes et primes, le PCA trouve que la STA a des problèmes de trésorerie et impose ses ressources propres pour, soit disant, sauver la société du naufrage. Sans rigoler et sans sourciller. Ce passage du rouge au positif et du positif au rouge, comme par enchantement, qui est une des caractéristiques du PCA, peut paraître paradoxal, voire magique, sauf qu'en réalité et dans les faits, c'est du pilotage frauduleux des résultats, constitutif de graves délits cumulés avec circonstances aggravantes par les fonctions de l'auteur et par la constance de ses efforts dans leur commission. Il a pour seul but d’arracher la STA aux parties nigériennes, au détriment de ses salariés, du ministère public et des enfants nigériens, en essayant de passer entre les mailles de la justice nigérienne. Cette action d’annulation de cette convention avec les clauses abusives est pendante au niveau de la cour d’appel de Niamey.
Depuis le dépôt de la première plainte pour abus des biens sociaux en 2014, Michel Lescanne, en tant que PCA n’a jamais mis les pieds au Niger, et c’est par commission rogatoire qu’il fait sa déposition et c’est depuis la France, sa terre natale, qu’il pilote la STA, depuis trois ans maintenant.
6- Tentative de récupération de la société par la recapitalisation
Avec un capital de 120 millions, la STA a enregistré un résultat net de 824 million F CFA en 2011, et 101 millions F CFA en 2012. Onyx passe PCA en décembre 2012, et Ismaël Barmou passe DG en 2012. Le capital est multiplié par sept, passant à 840 millions F CFA. Avec 7 fois plus de moyens, on est en droit d’attendre logiquement à sept fois plus de résultats. Ce qui n’est pas le cas. Pire, les pertes s’accumulent pour atteindre -799 millions F CFA en fin 2014. La stratégie élaborée et mise en œuvre par Michel Lescanne est claire : de par sa fonction de PCA, il a conduit à un surendettement et à l’étouffement de la société pour arriver à la perte du capital, dans l’objectif ultime de récupération de la société par la recapitalisation. Les actionnaires Sani et Hadi, les mêmes, ont dénoncé cette situation. Le capital bien que multiplié par 7, a été déjà consommé à hauteur de 95%, quand le PCA a compris que sa stratégie a été bien découverte et très bien comprise. Au risque d’être poursuivi pour faillite frauduleuse, il a fait volteface. On appelle cela du Michel Lescanne.
7- Tentative de récupération de la société par le rachat des actions
Comme on le voit, Michel Lescanne n’est pas homme à renoncer à un projet, à une ambition. C’est de cette idée qui lui est très chère, de récupérer vaille que vaille la STA à son seul profit, que participe ses multiples tentatives de rachat des actions.
- Primo : sa proposition de rachat de l’ensemble des 37% des actions de Sani et Hadi à raison de 229 euros par action en novembre 2015. Les actionnaires Hadi et Sani ont opposé un refus catégorique ;
- Secundo : le rachat effectif de 6% des actions de Afripar en février 2016 ;
- Tertio : le contournement en décembre 2016 de Sani pour proposer, en catimini le rachat des 7% des actions de Hadi à 490 euros par action (plus du double de la valeur initiale de sa tentative avortée de rachat des actions de Sani et Hadi) .
A ce niveau, il est nécessaire d’ouvrir une parenthèse pour expliquer la méthode Lescanne : En effet, cet homme a voulu utiliser l’argent pour briser plus de 40 ans d’amitié entre Hadi et Sani comme il avait réussi avec Mme Cissé en l’ayant désormais à ses côtés. Mr Lescanne a, en outre, voulu utiliser l’argent pour se soustraire à la justice en demandant à Hadi de renoncer à toutes actions judiciaires en cours ou futures contre la STA ou un quelconque de ses dirigeants ou ancien dirigeant.
Il propose à Hadi de racheter ses actions à prix d’or, à condition que l’affaire se passe entre eux deux seuls entendez, sans en informer Sani, l’autre actionnaire majoritaire. Hadi, ayant flairé le piège, fait semblant d’accepter la proposition de Michel Lescanne à qui il demande alors de rédiger la convention de rachat et de la signer en premier. Une fois la convention rédigée et signée par le Sieur Lescanne, Hadi fait volte face. Il renonce à vendre ses actions à M. Lescanne, qui on l’imagine n’a plus que ses yeux pour pleurer.
Hadi, pour la première fois venait de lui administrer une leçon de morale, une leçon de vie dont il se souviendra certainement toute sa vie. La riposte de Michel Lescanne ne s’est pas faite attendre.
Le 30 juin 2017, le représentant de Onyx soumet avec succès une résolution pour révoquer Hadi de son poste d’administrateur de STA.
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Encadré 1
Les Victimes de la Multinationale ONYX
Au regard de tous ces éléments, il apparaît clairement que NUTRISET et ONYX constituent une véritable machine à broyer, conçue et mise en œuvre par un homme, Michel Lescanne, pour faire main basse sur une société, qui représente à elle seule un pan entier de l’économie nationale, la STA. Aujourd’hui, cette machine infernale a déjà broyé et continue de broyer. Elle a fait et continuera à faire des victimes, à moins d’un sursaut national, avec, en première ligne les pouvoirs publics. Ses victimes, nous le répétons sont nombreuses. Elles ont pour noms, d’abord les enfants malnutris du Niger. En effet, sous le couvert de l’humanitaire, le groupe ONYX se tape de gros profits au détriment des enfants malnutris en détresse de notre pays. Elles ont pour noms aussi les employés de la STA. Ces derniers, comme nous l’avions rapporté dans nos deux dossiers consacrés à la gestion de la STA (MUTATIONS No OO6 et 008), sont en effet terrorisés par la menace de licenciement. Ils travaillent nuit et jour pour générer de la richesse, une richesse qui, malheureusement est immédiatement siphonnée par le groupe Onyx. Ces victimes ont pour noms les actionnaires de la STA. En effet, outre le faible niveau de rendement de leurs investissements (2 pour mille les quatre premières années de la présidence du conseil d’administration de Onyx), les actionnaires de la STA sont sous la menace de la spoliation de leur unité industrielle vivement convoitée par une multinationale, ONYX. Ces victimes ont pour nom, l’Etat même du Niger, qui a consenti de gros sacrifices pour la STA, en accordant le bénéfice du code des investissements. Hélas, il se trouve aujourd’hui que les profits générés sont renvoyés vers une multinationale, au lieu d’être investis au Niger.
L’opinion internationale interpellée
L’opinion internationale s’est, dès le départ fortement mobilisée contre le monopole de Nutriset et de ONYX sur un produit alimentaire aussi sensible. Nutriset a cédé en déclarant la licence gratuite avec seulement 1% du chiffre d’affaires à verser au profit de l’IRD, par l’accord d’usage. Mais, dans la pratique, le groupe ONYX contourne cet accord d’usage et continue à siphonner les ressources des sociétés franchisées par les mécanismes qu’elle a mis en place au niveau de la STA. C’est le lieu de rappeler que le brevet sur lequel Nutriset se targue d’avoir la propriété intellectuelle expire en 2017 et tombe désormais dans le domaine public. Au grand dam de Michel Lescanne.
Les pratiques de la société ONYX au Niger au sein de la STA interpellent tout le monde, l’Etat du Niger, aussi bien que les organisations internationales, notamment Médecins sans frontières qui est le fer de lance contre l’utilisation abusive de la licence au Niger, l’Unicef en tant que principal client, l’Union Européenne ; l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD co-inventeur du plumpy’nut), l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les ressources mobilisées par les partenaires internationaux sont-elles destinées à sauver les enfants malnutris ou à enrichir une multinationale ? Par le mécanisme de siphonage illégal de ses ressources mis en place par Onyx et imposé à la STA, beaucoup d’enfants ne peuvent être sauvés par insuffisance de ressources. Il s’agit ni plus ni moins que d’un crime économique, un crime qui peut, à la limite être assimilé à un crime contre l’humanité, au regard de la détresse des enfants malnutris et de leurs parents. La cour internationale de justice a de quoi redorer son blason si elle pouvait ouvrir un dossier contre les pratiques de cette multinationale. Nous verrons pourquoi et comment dans le prochain dossier sur cette Multinationale.
Gorel Harouna
Encadré 2
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Pour qui roule le DG de la STA ?
Dans une entreprise normale et digne de ce nom, les actionnaires placent des dirigeants pour conduire les activités et produire des résultats dans la société au profit de tout le monde (les actionnaires, les salariés et l’Etat du Niger). Voyons donc ce qui se passe à STA.
Primo, la justice nigérienne annule un avenant sur la base duquel plus de 700 millions de nos francs ont été illégalement payés par STA en trois ans. Cette annulation ouvre la possibilité d’un remboursement de plus d’un milliard au profit de la STA. Mais voilà que, contre toute attente, le DG Ismael Barmou et le PCA Michel Lescanne, font appel de cette décision de justice pour que la STA ne puisse pas bénéficier de ce remboursement.
Deuxio, la justice nigérienne ordonne le remboursement a la STA de 105 millions sur la base d’une comande d’huile de 100 millions qui a été payée à 100% par la STA, sans aucune livraison. Le DG et le PCA de STA font appel de cette décision de justice pour que la STA ne puisse pas bénéficier de ce remboursement.
Tertio, le DG de la STA signe plus d’une dizaine de conventions de transaction avec des societés appartenant au PCA (Onyx et Nutriset) et les soumet au droit français et à la jurdiction de Rouen (en France) en cas de litige.
Ainsi, la STA se paye le luxe de payer des avocats francais ou de payer le déplacement de ses avocats nigériens en France pour favoriser Onyx et Nutriset en cas de litige. Les conflits d’intéret sont tellement flagrants et les intentions d’escroquer aussi criardes que l’on est en droit de se demander dans quel monde nous sommes avec la STA. On comprend aisément pourquoi le PCA a proposé tout récemment, plus précisément en mai 2017, une augmentation de salaire de 500 euros par mois au seul DG en ignorant superbement les autres employés qui ne méritent que terreurs et sanctions (demande d’explication, avertissement, licenciement…)
C’est le lieu d’interpeller les principaux partenaires de la STA que sont l’UNICEF, Médecins sans Frontières et autres sur leurs rôle et responsabilité face cette gestion archaïque et chaotique qui a cours à la STA. Doivent-ils continuer à traiter avec Michel Lescanne, dont il est désormais clair comme de l’eau de roche que les intentions sont de crouler la STA afin de la reprendre à son profit personnel, ou alors aider les actionnaires nigériens à sauver ce joyau qui fait la fierté de tous les Nigériens ? Il est clair que les intérêts des partenaires de la STA sont ici au Niger. Ils doivent d’œuvrer à mieux collaborer avec les actionnaires initiaux nigériens, car qui mieux qu’eux les réalités du Niger et des enfants malnutris. Il faut arrêter de faire du commerce sur le dos des enfants malnutris du Niger à l’image de Michel Lescanne. C’est proprement immoral et cela passe.
A la lumière de ce qui précède, nous nous devons de nous interroger sérieusement : Qui du Directeur de Publication du Journal MUTATIONS, ou de Michel Lescanne, mérite d’être traduit devant les tribunaux ? Qui du Directeur de Publication du journal MUTATIONS ou de Michel Lescanne doit demander réparation pour le préjudice causé ? Le délit de diffamation est en effet une faute grave pour un journaliste professionnel, c’est pourquoi toute la presse, nationale et internationale doit faire bloc pour dénoncer ces pratiques d’un autre monde qui ont cours à la STA. Des pratiques créées et entretenues par un seul homme, Michel Lescanne, dont l’ambition ultime est de faire main basse sur la STA. Par tous les moyens, par n’importe quel moyen.
Gorel Harouna
Journal Mutations
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