Fermeture de 2 écoles turques à Niamey : l’Etat du Niger condamné par la justice
Le promoteur de deux écoles turques à Niamey a remporté la première manche de la bataille judiciaire qu’il a engagée contre l’Etat du Niger.
Le juge de référé a rendu public son verdict dans le différend qui oppose le complexe scolaire privé (CSP) BEDIR de Niamey à l'Etat du Niger. Dans cette affaire, le juge « constate qu'aucune procédure légale d'expropriation des biens publics n'a été préalablement engagée contre BEDIR ; dit que l'occupation par l'Etat du Niger du siège de l'école et l'utilisation de ses biens, meubles et corporel, en l'absence de toute décision contraire constitue une voie de fait et un trouble manifestement illicite ».
Le juge ordonne « en conséquence à l'Etat du Niger et à tous occupants de son chef, la cessation immédiate de ces troubles et ordonne l'exécution provisoire de la présente décision sur minute et avant enregistrement sous astreinte d'une amende de 1 million de FCFA par jour et condamne l'Etat du Niger au dépend ».
Par cet arrêt, le promoteur du CSP BEDIR et MIHRIBAN gagne une première manche. Il reste désormais l'exécution de la décision de justice par l'Etat nigérien.
Fermeture et réouverture
C'est en effet une décision du ministre de l'Enseignement primaire, de l'Alphabétisation, de la Promotion des Langues nationales et de l'Education civique et de son homologue des Enseignements secondaires qui a annoncé le retrait des autorisations d'exercer et la fermeture définitive des établissements BEDIR et MIHRIBAN, deux écoles créées par Hayi Avar. « Il nous a été donné de constater un certain nombre de dysfonctionnement dans l'exploitation des autorisations qui vous ont été accordées pour la création et l'ouverture des établissements scolaires susmentionnés, » indique la correspondance adressée au fondateur de ces établissements scolaires. Par conséquent, après avoir cité quelques griefs reprochés au promoteur de BEDIR et MIHRIBAN, le gouvernement décide du retrait des autorisations d'exercer à celui-ci. Une décision qu'il a décidé d'attaquer en justice.
La décision de fermeture des deux établissements intervient quelques jours après la visite d'une délégation turque qui a rencontré les officiels nigériens. Il s'agit du représentant spécial du président turc Hassan Yavuz par ailleurs vice-président de la fondation publique Maarif. Comme par enchantement, cette fondation appartenant à l'Etat turc a récupéré les deux écoles. « Nous avons signé le transfert des écoles turques du Niger à la fondation Maarif », dit Hassan Yavuz dans un tweet. Dès lors on parle de la réouverture desdits établissements scolaires avant que ne tombe la décision de justice.
Une décision inopportune
En effet, c'est en pleine année scolaire que les autorités nigériennes ont pris la décision de fermer les écoles BEDIR et MIHRIBAN. En fait, ces deux écoles sont créées par une ONG turque proche de l'imam Fethullah Gülen, fondateur du mouvement HIZMET accusé d'être l'instigateur du putsch manqué contre le régime de Recep Tayyip Erdogan en juillet 2016.
Au Niger, ces établissements scolaires sont appréciés des parents d'élèves par la qualité de l'enseignement dispensé, même si certains les trouvent très chères et donc réservées à l'élite. « Il fallait débourser un peu plus de deux millions de FCFA pour inscrire son enfant », dénonce Maman Lokoko actrice de la société civile du secteur de l'éducation. « Les deux millions comprennent tout : tenue, restauration et documentation entre autres », précise le proviseur de l'école BEDIR.
Ainsi, les quelques 920 élèves inscrits dans la seule école BEDIR ont, à peine terminé le premier trimestre de l'année, lorsque le bras de fer débute. Il risque d'entamer la sérénité avec laquelle ils ont commencé l'année scolaire.
Sani Aboubacar
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