Arrêt de la production à la SORAZ : CNPC sort les grands moyens pour faire plier Issoufou sur la raffinerie

Le manque de rentabilité de la raffinerie de Zinder, dû à l'absence de contrôle des prix par CNPC, tend les relations avec Niamey. Résultat : la major a tout stoppé. Enquête.

Depuis deux semaines, la Société de Raffinerie de Zinder (SORAZ) a cessé de fonctionner. Selon une source officielle cette situation est née d‘un problème technique constaté au niveau des installations, un compresseur endommagé. Un des responsables a affirmé même que la situation sera rétablie dans 15 jours. Mais, jusqu'é ce jour, le délai donné est dépassé, la situation est au statuquo anté.

Selon une autre source, non officielle, par manque de rentabilité de la raffinerie de Zinder, dù à l'absence de contrôle des prix par CNPC, les responsables chinois de la société ont décidé de fermer la SORAZ jusqu'a ce que l'Etat du Niger accepte leurs doléances.

La décision prise unilatéralement par CNPC d'arrêter le 14 août 2015 ses activités à la raffinerie de Zinder n'a pas seulement été due, comme Niamey l'a laissé entendre à la panne d'une pièce très rare dont la réparation pourrait prendre plusieurs semaines, mais a la volonté des chinois d'être les marketeurs du pétrole nigérien en lieu et place de la SONIDEP qui accuse des centaines de milliards d'impayés. Qui a dit que la caisse noire du « guri système » ne tomberait pas en faillite sous la houlette de Ousmane Ango alias “Demi-Dieu".

Les réseaux d'exportation accusés par cet arrêt, le groupe chinois a manifesté son mécontentement quant a une  situation dont il n'accepte désormais plus le principe. Dès le 15 Aout  au matin, son patron au Niger, Fu Jilin, est arrivé à Zinder pour s'enquérir de la situation et préparer la stratégie avec ses équipes. Le message est clair : pas de remise en marche tant que toutes les exigences n'auront pas été satisfaites.

La raffinerie, dont CNPC contrôle 60% est en déficit chronique depuis sa mise en service. La raison est simple : le groupe chinois opère l‘unité, alimentée par le brut de ses gisements d'Agadem, mais il ne contrôle pas la vente des produits pétroliers qui en sortent.

Les volumes destinés à la consommation locale (5 000 à 6 000 barils/jour) sont facturés quelque 330 F CFA(0.5 euro) le litre par la Société de raffinage de Zinder (Soraz). Mais le même tarif est pratiqué pour le reste des produits, plus de 10 000 b/j qui sont exportés - presque entièrement vers le Nigeria. Alors que ceux-ci devraient être vendus par appel d'offres, ils sont acquis pour 330 F CFA le litre par des hommes d'affaires proches du président nigérien Mahamadou lssoufou, comme Elhaji Tahirou Mangal (patron de la société de trading Person), qui les revendent parfois pour plus de 1 500 FCFA au Nigeria (pendant les récentes pénuries) ou au Mali. CNPC profite donc d'un problème technique mineur pour faire du chantage au pouvoir nigérien en faisant durer la panne.

Différends sociaux

La partie chinoise ne souhaite pas non plus accéder à la demande, constamment réitérée depuis 2011 d'augmenter les salaires des employés nigériens de la raffinerie. CNPC est également opposé à la politique de "nigérienisatlon" des postes. Quarante Chinois travaillant à la Soraz sont censés quitter le pays catte année pour être remplacés par des locaux. Or. CNPC ne fait pas suffisamment confiance aux Nigériens formés depuis quatre ans pour reprendre leurs emplois.

Eteindre à tout prix l'incendie

Mahamadou Issoufou ne peut pas se permettre la prolongation de ce bras de fer, particulièrement à l‘approche de la présidentielle de février 2016. Les stocks d'essence devraient être presque vides fin aout et l‘arrêt de l‘exploitation Agadem n‘est pas bon pour les réservoirs.

Consciente de son statut de premier investisseur du pays, la Chine entend bien faire fléchir les autorités. CNPC sort les grands moyens pour faire plier Issoufou sur la raffinerie du NIGER.

Cette situation n'est pas sans consequences sociales et économiques pour le pays.

Après les pénuries du gaz depuis une dizaine de jours, les prochains jours risquent d‘être très durs pour les usagers et consommateurs des hydrocarbures du Niger. A cet effet, le Président de la République Issoufou Mahamadou doit prendre conscience des enjeux et trouver une solution définitive à ce problème afin d'éviter un casse tête pour les consommateurs nigériens du gaz et des hydrocarbures. Monsieur le Président de la République vous avez du pain sur la planche.

Africaintelligence