Burkina: le problème n'est donc pas Roch!
Au Burkina, acculé par la persistance de la dégradation de la situation sécuritaire, le Président de la transition, le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, a rencontré ce mardi au Palais de Kosyam, les anciens Chefs d’Etat Jean-Baptiste Ouedraogo et.... Roch Kaboré ! Celui-là même qu'il a renversé en janvier dernier pour la supposée incapacité de son régime à faire face à la situation et auprès de qui il cherche aujourd'hui conseils face à l'avancée de l'hydre terroriste. Comme au Mali où les colonels peinent à faire mieux que le régime IBK, à l'épreuve des faits, il apparait clairement que face au péril terroriste qui guette les pays sahéliens et de la sous-région, les régimes militaires n'ont pas aussi de baguette magique ni de solution miracle qui pourrait servir de solution "prêt-à-porter" ailleurs... La seule panacée, la conjugaison des efforts pour faire face aux défis communs !
Il y a comme quelque chose d'insolite dans cette rencontre de ce mardi 21 juin au Palais de Kosyam entre le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, président de la transition et ses deux prédécesseurs à la tête de l'État, Jean-Baptiste Ouedraogo et Roch Marc Christian Kaboré ! Selon la présidence burkinabé, les trois personnalités ont échangé sur les questions sécuritaires, la conduite de la Transition et bien d’autres sujets d’intérêt national. Chose toute normal pour un pays surtout au regard de la situation qu'il traverse d'autant que selon la même source, "la rencontre entre ces trois personnalités témoigne de la volonté de réconciliation du Chef de l'État, pour un Burkina uni, déterminé et solidaire dans la lutte contre l'hydre terroriste". Les services Com de la Présidence ajoutent même qu'elle "traduit la matérialisation de l'appel à l’unité nationale et à la cohésion sociale lancé par le Président du Faso pour plus de cohésion sociale et pour un Burkina réconcilié avec lui-même et son histoire".
L'initiative est très louable vu sous cet angle mais, il y a un mais ! Le fait est que Roch Kaboré, qui notons-le au passage vient de faire sa première apparition publique depuis la chute de son régime, est celui-là même que le Lieutenant-colonel Président a renversé le 24 janvier 2022 pour son "incapacité à faire face à la dégradation de la situation sécuritaire". Aujourd'hui, c'est auprès de lui que le Président-putschiste vient chercher conseil sur ... les questions sécuritaires. Il faut avouer qu'il y a quelque chose qui ne cloche pas net ! Cependant, il faut reconnaitre au Président Damiba le mérite d'avoir fait preuve de courage et implicitement d'avouer que les militaires qui se sont installés confortablement au pouvoir depuis janvier n'ont pas aussi de recette miracle et encore moins de baguette magique pour faire face au péril terroriste. La persistance de la dégradation de la situation sécuritaire avec la multiplication des attaques des groupes armés terroristes (GAT) et les massacres en série des civils comme celui de Seytenga avec officiellement ses 86 morts est venue en administrer la preuve !
On ne peut que dire autant du Mali voisin où on a beau fanfaronner "la montée en puissance des Fama", le récent massacre de Bankass et ceux, quelques jours plutôt, de Ménaka attestent que les colonels de Bamako ne parviennent toujours pas à faire mieux que le régime d'IBK qu'ils ont chassé du pouvoir pour les mêmes raisons qu'au Burkina.
Dans ces deux cas, la leçon à tirer c'est que les régimes militaires ne sont pas une panacée à la crise sécuritaire à laquelle est confronté le Sahel. On peut reprocher certes beaucoup d'autres choses aux régimes démocratiques notamment en matière de gouvernance et que les régimes militaires peuvent se prémunir notamment la corruption mais avec le temps, le pouvoir c'est le pouvoir et à la longue ça use ! C'est presque scientifique.
La solution est pourtant là ! Face au péril terroriste, seule une conjugaison des efforts des pays voisins peut permettre de venir à bout des GAT qui semblent avoir pris une longueur d'avance et continuent d'étendre leurs tentacules pendant qu'à Ouagadougou ou à Bamako, on parle de "processus de retour à l'ordre constitutionnel", de "réconciliation" ou et surtout on se partage les postes.
Au Niger, seul pays du Sahel central dirigé par un régime démocratique, quoique qu'on dise, la situation n'est certes guère meilleure puisque le pays enregistre également et régulièrement des attaques terroristes comme celle de Waraou qui a visé un détachement de la gendarmerie faisant 8 victimes et 33 blessés. Mais Niamey a pris conscience que seule une synergie d'actions peut permettre de juguler voir anéantir la menace terroriste. Il y a quelques jours, en déplacement dans la zone des 3 frontières, le Président Mohamed Bazoum a réitéré son appel à ses voisins pour une coordination des actions militaires contre les groupes terroristes qui eux, ont déjà compris l'efficacité de cette méthode avec l'exemple de la coalition portée par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM, JNIM). Le Niger le sait parce qu'il a expérimenté avec succès cette méthode dans le cadre de la Force Mixte Multinationale (FMM) avec le Tchad, le Cameroun et le Nigeria et qui, aujourd'hui, a considérablement atténué la capacité de nuisance de Boko Haram et de ses différentes factions notamment l'ISWAP dans le Bassin du lac Tchad. La menace était pourtant plus inquiétante et le monstre plus dangereux ! Boko Haram qui défiait un temps les puissantes armées du Nigeria, du Tchad, du Cameroun et du Niger, n'est même plus capable de quelconque coup d'éclats dont il savait si bien s'en gargariser...
Il est alors grand temps que la riposte commune s'organise car la menace elle, continue de s'étendre. Les derniers actes en date dans les pays des trois frontières sont là pour le prouver et inutile de croire que ce sont des actes désespérés des fous de Dieu ! Loin de là et loin s'en faut. Le G5 Sahel, a-t-on dit, est mort mais les armées des pays sont là et comme celles du Burkina et du Niger l'ont démontré récemment avec leurs opérations conjointes, elles sont capables de contenir la menace et de tenir le front jusqu'à porter des coups durs et faire reculer l'ennemi. En ce sens, le retrait il y a quelques jours de ses soldats du G5 Sahel par le Mali est un contre-exemple.
Il suffira juste, tout comme vient de le faire Damiba, que le colonel Assimi Goita descende de sa superbe et se greffe à cette dynamique que sont en train d'impulser les armées burkinabé et nigériennes pour des actions communes. Histoire de cerner, faire "bara-bara" comme on dit ici, les groupes terroristes dans leur sanctuaire et jusqu'à leur dernier retranchement. Maintenir la pression et ne leur donner aucun répit!
Aussi, Niamey doit aussi se surpasser dans un geste de faire contre mauvaise fortune bon cœur, en acceptant la réalité des choses. Il n’y a pas de retour en arrière et il est presque suicidaire d'attendre un retour à l'ordre constitutionnel pour envisager une reprise de coopération avec Bamako. Il faut faire avec ce qui est là car il y a péril en la demeure ! La série de massacres, la longue liste des victimes et tout le drame qui s'accompagne avec cette tragédie le commande. Tout comme la sagesse africaine qui dit qu'une main seule ne peut applaudir, la métaphore de « la jarre trouée du roi Ghézo » est là pour nous rappeler qu'il en faut plusieurs doigts pour en boucher les trous... C'est le cas de le dire, l'eau est en train de se vider de la jarre sahélienne, c'est aussi une métaphore, avec ces morts et toute cette désolation quotidienne qui affecte nos pays de n'émouvoir presque personne que ces larmes de crocodiles déversées sur les réseaux sociaux ou à longueur de ronronnant et redondants discours dans des salons feutrés et hôtels huppés pendant que les populations elles, souffrent...
Aboubacar Yacouba Barma (actuniger.com)
Commentaires
Malade va te soigner !
F
Le maudit trafiquant bon a rien n'a rien a voir dans cette rencontre. Arreter de vouloir tresser des laurriers sur un crane rase.
Trafiquants de b
Maintenant que m