MODEN Lumana : à Accra, Hama Amadou remobilise ses troupes pour 2021

La coordination ghanéenne du Moden Lumana/FA a tenu, dimanche 13 mai, sa conférence régionale au National Theatre d’Accra. L’occasion pour le parti de l’opposant Hama Amadou de faire une nouvelle démonstration de force de sa capacité de mobilisation à travers le géant meeting organisé dans la capitale ghanéenne. La manifestation qui a enregistré la présence de l’état-major du parti, notamment les membres du bureau politique national et les coordinateurs régionaux, a été rehaussée par la présence du président de Lumana, l’ancien président de l’Assemblée nationale, Hama Amadou, qui séjourne à Accra depuis quelques jours.

L’ambiance était aux retrouvailles entre le chef de file de l’opposition, en exil depuis 2016 à Paris, et les militants de son parti. Dans une salle archicomble où les militants étaient tous acquis à la cause du parti au cheval ailé, la rencontre d’Accra a permis au bureau politique de Lumana de se réunir afin d’apaiser les tensions internes qui sont apparues ces derniers temps, et de préparer le prochain Congrès, en perspectives des élections générales de 2020 et 2021. A la tribune, le secrétaire général du parti, Sani Malam Mahaman, ainsi que le président de la coordination régionale de Niamey, le député Soumana Sanda, se sont entrés autres relayés pour galvaniser les militants et témoigner de nouveau leur allégeance au président du parti.

« Je serais candidat incha Allah… »

L’intervention du président du Moden Lumana a comme il fallait s’y attendre, été le clou de la conférence d’Accra au cours de laquelle, le bureau du parti pour la section diaspora du Ghana a été présenté. Pendant une trentaine de minutes, Hama Amadou a dans un discours prononcé en zarma, harangué la foule et surtout « prêcher » un message de mobilisation à l’endroit des militants de son parti. Le président de Lumana a presque occulté la crise interne qui a secoué le parti notamment à Niamey, et a préféré mettre en avant, « les valeurs des militants qui font la force de Lumana Africa ». L’opposant Hama Amadou s’est surtout concentré sur le régime de Mahamadou Issoufou, son ex allié, qu’il a accusé d’avoir « mis le pays à terre, détourner de l’argent et amplifier le climat d’insécurité ». Tout au long de l’allocution, le PNDS Tarrayya, le parti au pouvoir en a aussi pris pour son grade. Selon les dires de l’opposant, c’est le PNDS qui l’a « condamné » afin qu’il ne puisse pas se présenter aux élections présidentielles. « Le PNDS a condamné Hama en pensant que Lumana sera détruit », a martelé Hama Amadou, avant d’ajouter que « Issoufou ne veut pas de ma candidature en 2021 ». Cependant, a fermement maintenu Hama Amadou, « je serais candidat incha Allah parce que Dieu le veut, parce que Dieu a pitié du peuple nigérien qui le veut, et parce que je le peux !». Pour le challenger du président Issoufou lors des présidentielles de 2016 alors qu’il était en prison, « Issoufou et le PNDS ont peur de Hama ».

« Ils ont peur de Hama, ils ont peur de nous parce qu’ils savent qui nous sommes », a renchérit l’ancien premier ministre du président Tandja qui s’est brièvement épanché sur le choix du candidat du PNDS au pouvoir pour les présidentielles de 2021. « Ils ont droit [le PNDS, NDLR] à choisir le candidat qu’ils veulent, nous n’avons aucun problème avec ça même si c’est un âne aux oreilles rouges ou un étranger qu’ils choisissent », a balayé d’un revers de la main Hama Amadou. Les mots choisis par le président de Lumana sont pourtant lourds de sens d’autant qu’au sein de son parti, l’attention est surtout concentrée ces derniers temps sur le choix de la candidature du ministre de l’Intérieur Bazoum Mohamed, par le PNDS Tarrayya.

Le président du Moden Lumana est revenu sur sa situation personnelle, notamment son absence du pays depuis 2016 et alors que les prochaines échéances électorales approchent à grand pas. « Cette épreuve, c’est Dieu qui me l’a imposé et non Issoufou qui n’est qu’un humain », a estimé Hama Amadou qui a encore une fois annoncé son prochain retour au Niger, sans toutefois annoncer une date.

Les élections de 2021 en ligne de mire

Dans son discours qui a été de bout en bout particulièrement applaudi par des militants surchauffés, Hama Amadou a battu le rappel des troupes. Il a appelé les militants de son parti à se mobiliser et à se mettre en ordre de bataille pour répondre aux provocations des adversaires du parti, indexant notamment les camarades du PNDS. S’il a donné l’ordre à ses militants d’éviter la confrontation avec les forces de l’ordre et de sécurité, « qui ne sont pas nos adversaires », il a par contre et dans un langage subliminal, engagé ses militants sur le front politique. Il a dénoncé les conditions dans lesquelles se préparent les prochaines élections de 2021, avec le boycott par l’opposition de la CENI et du CNDP. Malgré tout, le président Hama Amadou a mis en garde sur la nécessité pour les militants de se faire recenser dans le cadre de l’élaboration du fichier biométrique électoral dont le processus est en cours.

Au sortir du meeting d’Accra, dont les images ont aussitôt été relayées largement sur les réseaux sociaux, les militants de Lumana ont été visiblement requinqués par la prestation de leur leader. Après Abuja, Abidjan et Cotonou, l’opposant Hama Amadou a en tout cas démontré à Accra, que son parti constitue encore une force électorale avec laquelle il va falloir compter pour les prochaines élections. Il a certes rassuré ses militants sur son intention de briguer la magistrature suprême malgré l’affaire des « bébés importés  bébés importés » qui le poursuit, et qu’il met sur le dos du régime. Malgré cette effervescence et la détermination dont font preuve les militants du parti, il n’est pas toutefois sûr que le doute s’est complètement dissipé au sein de certains militants du Moden Lumana, qui même s’ils s’en cachent, s’inquiètent de la validation de la candidature de Hama Amadou pour 2021 dans le contexte politique actuelle. Pour l’heure en tout cas et surtout pour les militants du parti, la profession de foi de leur candidat naturel, semble suffir…

Ikali (Actuniger.com)