Mali : avec l’installation du comité de pilotage du dialogue inter-maliens, l’Accord d’Alger définitivement enterré
Le Président de la Transition malienne, le Colonel Assimi GOITA, procédé ce lundi 5 février 2024, la cérémonie officielle d’installation des membres du Comité de pilotage du dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale. Ce Comité a été mis en place après la décision annoncée par les autorités maliennes, le 25 janvier dernier, de mettre fin avec effet immédiat, à l’Accord de Paix d’Alger de 2015 conclu avec les groupes rebelles du nord-Mali. Dans l’allocution qu’il a prononcée à cette occasion, le Chef de l’Etat malien a d’ailleurs indiqué qu’aucune place ne serait accordée aux ennemis du peuple dans ce grand forum national, tout en soulignant l’engagement à préserver l’unicité et la laïcité de l’État, ainsi que l’intégrité territoriale.
La cérémonie d’installation des membres du Comité s’est déroulée au Palais de Koulouba, sous la présidence du Chef de l’Etat et en présence des présidents d’institutions, des membres du gouvernement de transition ainsi que ceux du nouveau cadre de dialogue inter-maliens.
Selon la Présidence malienne, dans une démarche visant à surmonter les défis persistants et à restaurer la paix, de consolider l’unité nationale et de raviver le vivre-ensemble au Mali, le Président de la Transition, Chef de l’État, le Colonel Assimi Goita créé, par décret du 26 janvier 2024, le Comité de pilotage du dialogue inter-maliens pour la paix et la réconciliation nationale. Les membres du comité ont été nommés par décret le 31 janvier 2024 et c’est l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maiga qui a été nommé à tete du Comité qui est composé de 140 membres représentant divers secteurs tels que les Forces Armées maliennes (FAMa), la magistrature, le barreau malien, les partis politiques, la presse, les arts et la culture, les confessions religieuses, les organisations de la société civile, les associations communautaires et le secteur privé.
Le Comité a pour mission principale de faciliter un dialogue ouvert permettant à chaque voix d'être entendue, dans le but de restaurer la paix et de consolider l'unité nationale. Dans son allocution lors de l'événement, le président Goita a souligné l'importance des principes de respect de la souveraineté du Mali, des choix stratégiques et du choix des partenariats opérés par le pays, ainsi que de la défense des intérêts vitaux du peuple malien dans les décisions prises. Au cours de ce dialogue, qui sera conduit par les Maliens eux-mêmes sans ingérence extérieure, le Président de la Transition a appelé à une autocritique profonde pour comprendre les causes apparentes et profondes des conflits et aboutir à une paix durable. « Ceci exigera de nous un exercice de vérité qui sera le véritable socle de la paix durable que nous recherchons tant », a affirmé le Chef de l'État. Cependant, le Président Goita a averti qu'aucune place ne serait accordée aux ennemis du peuple dans ce grand forum national, soulignant l'engagement à préserver l'unicité et la laïcité de l'État, ainsi que l'intégrité territoriale.
L'ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maiga, honoré de présider le Comité, a promis de capitaliser sur les résolutions passées, de corriger les insuffisances et de produire des résultats qui reflèteront les aspirations de tous les Maliens. « En décidant d'organiser un dialogue direct entre les Maliens, vous répondez à une aspiration profonde et légitime de votre peuple : se rencontrer en toute liberté. Des esprits sceptiques ou mal intentionnés seraient enclins à croire que ce cadre de dialogue sera un forum de plus. C’est parce que nous, membres du Comité de pilotage, sommes convaincus du contraire, que nous avons répondu favorablement et sans réserve à votre appel », a déclaré le Président du Comité.
L’accord d’Alger définitivement enterré
Il faut noter que la mise en place de ce comité fait suite à la décision annoncée le 25 janvier dernier par les autorités maliennes, de mettre fin, « avec effet immédiat », à l’accord d'Alger signé en 2015 avec les rebelles touaregs du nord-Mali pour mettre fin à la guerre entre les deux parties qui s’éternisaient depuis 2012.
Dans les faits, l’Accord n’a jamais pu être opérationnel et dans déclaration lue à la télévision nationale pour justifier cette décision, ministre porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga, a évoqué comme principale raison, « un changement de posture de certains groupes signataires » ainsi que « des actes d'hostilité » de la part du principal médiateur de l'accord, l'Algérie.
Les groupes signataires de cet Accord ont qualifié la décision de « provocation à la guerre » et dans un communiqué de réaction, le gouvernement algérien a dit prendre acte et regretté cette décision qui risque de déstabliser davantage le Mali ainsi que la sous-région.
A.Y.B (actuniger.com)
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