Gambie: le président de la Commission électorale a quitté le pays
Alors que la situation politique est toujours dans l'impasse en Gambie, le président de la Commission électorale a quitté le pays pour se rendre au Sénégal. L'homme qui avait annoncé la victoire de l'opposant Adama Barrow après la présidentielle du 1er décembre 2016 n'était plus en sécurité en Gambie.
Pendant toute la campagne électorale, il était décrit comme un homme à la botte du régime et beaucoup de Gambiens considérait les élections jouées d'avance. Mais le 2 décembre au lendemain du scrutin, Alieu Momarr Njie a surpris tout le monde en annonçant la victoire de l'opposant Adama Barrow.
Mardi 3 janvier, le président de la Commission électorale ne s'est pas rendu à son bureau. Depuis lundi, il vit caché dans un pays de la région. Pourtant Alieu Momarr Njie ne voulait pas partir. A 82 ans, il affirmait encore il y a quelques jours : « Je suis né en Gambie et je mourrai en Gambie ». Le président de la Commission expliquait qu'à son âge, rien ne pouvait lui faire peur.
Menaces
Ses proches en revanche se sont inquiétés des menaces dont il était l'objet. Ce sont eux qui l'ont poussé à quitter la Gambie. Il faut dire que la Commission électorale était sous pression depuis plusieurs semaines. Les locaux étaient bouclés depuis le 13 décembre, des militaires bloquaient l'accès au bâtiment, officiellement pour des raisons de sécurité.
Mais, pendant tout ce temps, Alieu Momarr Njie a maintenu sa position : il a répété que les résultats de l'élection présidentielle ne changeraient pas, que l'opposant Adama Barrow était bien le président élu.
Tour de vis
Relâché après un passage en prison et le paiement d'une importante caution, Alieu Momarr Njie a travaillé dans une commission électorale régionale et comme maire adjoint dans une localité située à l'ouest de la capitale. Nommé en avril dernier à la tête de la Commission électorale, il a tenu sa promesse d'organiser des élections transparentes et crédibles.
Finalement les intimidations l'ont contraint à l'exil, un signe supplémentaire du tour de vis opéré par Yahya Jammeh depuis quelques jours. A l'approche de la fin théorique de son mandat, le président gambien a fait fermer deux radios et la société civile dénonce plusieurs arrestations.
Rfi