Gambie : un opposant meurt en détention, un autre arrêté
Le chef du principal parti d'opposition gambien a été arrêté samedi lors d'une manifestation - évènement rare en Gambie - demandant des explications sur la mort en détention d'un haut responsable du parti.
Le chef du parti d’opposition United Democratic Party (Parti démocratique uni, UDP), l’avocat des droits de l’Homme Ousainou Darboe, a été arrêté et emmené par la police avec trois autres responsables du parti juste après le début d’une marche de protestation partie de son domicile, en périphérie de la capitale Banjul.
Les forces de sécurité gambiennes, armées de fusils d’assaut, ont aspergé les manifestants de gaz lacrymogène, selon des témoins.
Quelque 150 manifestants s’étaient rassemblés après l’annonce du décès en détention de Solo Sandeng, haut responsable de l’UDP, arrêté jeudi par la police anti-émeute pour avoir pris la tête d’une manifestation contre le président Yahya Jammeh.
« Nous avons reçu des informations selon lesquelles Solo Sandeng serait mort en détention (…) peu de temps après son arrestation pour avoir participé à ce qui, selon des témoins, était une manifestation pacifique », a déclaré Sabrina Mahtani, chercheuse pour l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.
L’UDP a confirmé la mort de son responsable à l’AFP samedi. Ousainou Darboe avait déclaré, avant d’être arrêté, que deux manifestantes arrêtées et écrouées jeudi étaient dans le coma.
Les circonstances de la mort de M. Sandeng sont encore inconnues selon la représentante d’Amnesty, qui a appelé les autorités à mener immédiatement une enquête et à libérer tous les autres membres de l’UDP encore détenus.
Le ministre de l’Information gambien n’a pas commenté ces informations dans l’immédiat.
Les forces de sécurité gambiennes ont frappé plusieurs dizaines de militants de l’UDP rassemblés jeudi après-midi à la périphérie de la capitale, Banjul, pour réclamer une réforme électorale, avant de les arrêter et de les emmener vers une destination inconnue.
M. Sandeng a été emmené séparément. Il avait déjà été détenu par les autorités en 2013, selon Amnesty.
Au moment des manifestations, le chef de l’État Yahya Jammeh se trouvait en Turquie pour le sommet de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).
Parvenu au pouvoir par un coup d’État sans effusion de sang en 1994 puis élu en 1996, et réélu tous les cinq ans depuis, M. Jammeh dirige d’une main de fer la Gambie, petit État anglophone d’Afrique de l’Ouest enclavé dans le territoire du Sénégal, hormis sa façade atlantique.
Il été investi en février candidat de son parti, l’Alliance pour la réorientation et la construction patriotique (APRC) pour briguer un cinquième mandat lors de la présidentielle de décembre.
Le régime de Yahya Jammeh est accusé par des ONG, et cette semaine par le département d’État américain dans un rapport sur les droits de l’Homme, de disparitions forcées, harcèlement de la presse et des défenseurs des droits de l’Homme, accusations qu’il a régulièrement rejetées.
Jeune Afrique