Burkina Faso: le Régiment de sécurité présidentielle dissout
Le premier Conseil des ministres de l'après-coup d’Etat s’est tenu à Ouagadougou ce vendredi en présence du Premier ministre Isaac Zida. Première décision forte : le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), à l’origine du putsch du 17 septembre, a été dissout par décret.
Ce que dix mois de transition n’ont pas réussi à faire, Gilbert Diendéré l’aura provoqué en une semaine. Le gouvernement a prononcé la dissolution du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) par décret ce vendredi à l'issue du premier Conseil des ministres depuis le coup d'Etat du 17 septembre. La question de cette dissolution empoisonnait la transition depuis près d’un an. Mais il aura fallu l’échec du putsch du général Diendéré et sa capitulation face à un peuple prêt à payer le prix du sang pour que le gouvernement puisse passer à l’acte.
Un peu plus tôt dans la journée, le chef d’état-major faisait savoir que le processus d’inventaire de l’armement du RSP s’était bien déroulé. Reste à transférer cet armement dans d’autres casernes. Le chef d’état-major souhaite répartir les hommes du RSP dans d’autres unités. Du moins pour ceux qui n’ont rien à se reprocher, car la justice a ouvert une enquête et devra d’ici 30 jours situer les responsabilités et entamer des poursuites.
Ce corps d’élite de l’armée burkinabè, constitué de 1 300 hommes, était considéré comme la garde prétorienne de l’ex-président Blaise Compaoré, chassé par une insurrection populaire en octobre 2014. Un projet de dissolution du RSP, très attendu par la société civile et la population, avait été présenté deux jours avant le coup d'Etat par la commission de réconciliation nationale et des réformes.
Une décision inévitable
« Cette dissolution du Régiment de sécurité présidentielle aujourd’hui ne fait que conformer la réalité du terrain au droit, estime Guy-Hervé Kam, porte-parole du Balai citoyen. Le désarmement de cette unité a déjà commencé et tous les Burkinabè s’attendent à ce que ce corps ne s’occupe plus de la sécurité du président du Burkina Faso. A mon avis, il n’y avait pas d’autres mesures à prendre. Si cette décision n’intervenait pas aujourd’hui, ça allait être très difficile parce que c’était une des demandes fortes après le coup d’Etat ; d’ailleurs, c’était sur toutes les lèvres des manifestants lors des derniers jours. On avait des inquiétudes quant au fait que la transition allait continuer avec à ses trousses le Régiment de sécurité présidentielle. »
Mais pour Guy-Hervé Kam, il faut rester vigilant. « Tant que le désarmement n’est pas fini, que l’armée nous dit que le désarmement est fini, et que des soldats du RSP rentreront dans l’armée régulière, on ne peut pas dire que le danger est derrière », prévient-il.
Le Conseil des ministres a par ailleurs révoqué Sidi Paré, le ministre délégué à la Sécurité ainsi que son chef d’état-major particulier, tous deux ayant manifestement basculé dans le camp des putschistes mercredi dernier. Des décisions dévoilées vendredi soir par communiqué mais qu’Isaac Zida n’avaient pas souhaité annoncer à la mi-journée lors du traditionnel point de presse d’après-Conseil des ministres. L’ancien numéro deux du RSP, devenu son plus farouche adversaire, a sans doute jugé plus prudent de ne pas annoncer lui-même la disparition de ce bataillon où il compte nombre d’ennemis.
RFI
Commentaires