Niamey : la Garde nationale démantèle des réseaux de carburant et démasque un faux sous-officier

En une série d’opérations menées entre le 5 et le 12 novembre, la Garde nationale du Niger a interpellé six individus impliqués dans des trafics de carburant au profit de groupes armés et arrêté un faux sous-officier qui opérait depuis plusieurs années. Présentés à la presse à Niamey, ces dossiers mettent en lumière l’intensification des actions de renseignement et la vigilance accrue des forces de sécurité.

Les locaux du Groupement des Brigades de Pistes à vocation judiciaire de la Garde nationale du Niger ont servi, vendredi 14 novembre 2025, de cadre à la présentation de six individus interpellés dans plusieurs opérations menées ces derniers jours contre le terrorisme et le trafic de carburant destiné aux groupes armés. En présence du Procureur de la République, les autorités ont détaillé une série d’arrestations qui illustrent la montée en puissance du renseignement et de l’action de terrain.

Tout a commencé le 5 novembre au quartier Harobanda, où une patrouille conjointe du Groupement de Brigade de Pistes de Niamey et du Groupement d’Intervention et de Sécurité a surpris deux hommes en train de soutirer du carburant de leur propre taxi pour l’alimenter vers des circuits clandestins liés aux groupes armés terroristes. Le flagrant délit ne laissait guère de place au doute : téléphones Android, pièces d’identité, 215 000 francs CFA en liquide, accessoires divers, un taxi avec ses documents et une moto Kasea figuraient parmi les objets saisis.

Le même jour, à la Cité Sorey Ganda, une autre équipe a mis la main sur un motocycliste suspect qui, pris de panique, a abandonné sa moto et s’est volatilisé dans l’obscurité. Sur son passage, les agents ont récupéré quatre bidons d’essence pleins, cinq autres vides et un dernier rempli au quart, confirmant l’existence d’un trafic nocturne bien établi.

Quelques jours plus tard, le 10 novembre, c’est un tout autre profil qui a attiré l’attention des services. Un jeune homme de 27 ans, se présentant comme sous-officier des Forces armées nigériennes, a été arrêté au Camp Supérieur Abdou Garba. L’enquête révélera un cas particulièrement préoccupant : port illégal de tenue et d’insignes militaires, détention de munitions de guerre, faux documents, mais aussi possession de drogue à haut risque. L’individu, détenteur de multiples effets militaires, aurait réussi à infiltrer une dizaine de camps depuis 2015, profitant d’un réseau de complicités. Les perquisitions menées ont permis de découvrir notamment six cartouches de mitrailleuse M80, des uniformes, ainsi qu’un complice porteur d’une fausse carte d’identité militaire et de 42 comprimés de Tramaking Royal 250.

La dernière opération, menée le 12 novembre à Karel Rive Droite par la Direction de la Documentation et du Renseignement de la Garde nationale, a permis l’interpellation de deux trafiquants de carburant à bord d’un véhicule, accompagnés d’un pompiste leur servant de relais. Les agents ont saisi onze bidons de 25 litres, dont sept à moitié pleins, quatre vides, et deux sachets de chanvre indien. Le groupe évoluait sur l’axe Torodi, un corridor souvent emprunté par les réseaux qui alimentent les groupes armés en zone frontalière.

Face à la presse, le Procureur de la République a salué « le courage et le dévouement » des unités engagées. « Leur engagement est essentiel dans notre lutte contre ces fléaux », a-t-il déclaré, avant d’appeler à la vigilance citoyenne et à une coopération accrue avec les forces de défense et de sécurité.

La Garde nationale a, elle aussi, exhorté la population à signaler toute activité suspecte. Dans un contexte sécuritaire marqué par la résilience des groupes armés et l’ingéniosité des trafiquants, les autorités rappellent que « l’avenir du Niger dépend de la mobilisation de tous ».