DE l'OUA A L'UNION AFRICAINE : Où va l'Afrique?
DES INDEPENDANCES A LA CREATION DE L'OUA
Le 25 Mai 1963, après plusieurs jours et nuits de discussions, de débats, de conciliabules et de compromis, l'Afrique va mettre en place la première Organisation Continentale: l 'O U A. Notre Continent venait de réussir un véritable exploit, une prouesse, en parlant d'une seule voix malgré les divergences caractérisant les différent pays qui composent cette institution panafricaine.
Un acte hautement politique qui permettra à ces Etats indépendants dans leur majorité il y a à peine 3 ans ,de créer une tribune ou arbre à palabres d'où l'Afrique pourra s'exprimer et discuter de la construction de nos Etats Une prouesse parce que l'idée date de très longtemps car c'est en Europe d'abord qu'elle avait germé à la fin du 18ème siècle et dont les précurseurs dont Sylvester William qui organisera la première Conférence à Londres en 1900 .Une rencontre qui réunissait 32 délégués qui avaient lancé un appel dit " Déclaration du monde" protestant contre l'esclavage et l'attitude des blancs vis à vis des noirs. Un appel qui s'adressait à tous les noirs du monde entier afin qu'ils se battent pour recouvrer leurs droits et leur liberté; Ensuite viendra le Premier Congrès Panafricain et historique, qui se tiendra à Paris en 1919, simultanément avec la Conférence de Versailles sur la Paix à l'issue de la première mondiale, avait vu la participation et la contribution de 68 OOO noirs à la victoire. Il faut aussi noter qu'un demi million de noirs américains et 134 000 africains y avaient pris part à cette guerre meurtrière qui avaient fait 70000 noirs morts sur les champs des batailles Nous devons ce Congrès au Dr Dubois, noir américain auquel s'étaient adjoints le premier député africain sénégalais Blaise DIAGNE et Joël SPINGARN qui avaient dénoncé le chômage, le sous -développement, l'analphabétisme, l'injustice, les maladies ,les famines , bref tous ces fléaux qui minent l'Afrique. La question de l'auto détermination des peuples d'Afrique avait déjà été abordée en ce moment là.
Deux année après, Londres en Grande Bretagne, à Bruxelles en Belgique à Paris en France accueilleront le deuxième Congrès Panafricain en 1921 .Cette rencontre qui durera du 28 Août au 5 Septembre aura enregistré 113 participants, les 28 et 29 de ce mois de ce mois à Londres, Bruxelles entre le 31 et le 3 Septembre. Des Congrès toujours à l'initiative du Dr Dubois qui tenait à ce que l'évènement soit connu en Europe. Parmi les délégués figuraient 35 qui venaient des Etats Unis d Amérique et qui réclamaient dans la foulée la formation et l'élévation du niveau de responsabilités des noirs tout en exigeant la participation de ceux-ci au gouvernement local des colonies, l’acquisition des terres, la liberté d'exercer la religion ou la coutume de son choix. Au sérieux de ces revendications, le Panafricanisme avait gagné de la sympathie aux yeux de l'Occident, sceptique jusque là.
Comme nous venons de le voir, la charpente de la future maison Afrique commence à prendre forme. Reste qu'il faut continuer à y mettre du sérieux encore. C’est ainsi que la prochaine rencontre aura lieu , dite Troisième Congrès Panafricain de Paris , de Londres et de Lisbonne au Portugal en 1923.Le Dr Dubois, promoteur de ces rencontres et un autre vétéran ,Marcus GARVEY, à travers une dualité par rapport à la ligne idéologique de la conception de cette unité qui prend forme et s'inscrit en réalité dans la forme. Ces tendances qui se dessinaient ici ou là, prouvaient que le sujet était très sérieux et prenait de l'ampleur. C’est ainsi que sont nés les courants qui conduiront à deux conceptions lors de la création de l'OUA. Ce sont des positions que l'on constate dans tous les groupes humains et qui ne veulent pas forcément dire que l'on ne finit pas par trouver un consensus. A l'issue de cette manifestation, l’on retiendra que l'idée du Mouvement Panafricain s'est affirmée en Europe et en Afrique. Ce qui était l'objectif. Les décisions issues de ce Congrès seront pertinentes et voici le contenu :" Les noirs doivent accéder, au gouvernement local et à l'enseignement gratuit pour tous. Les délégués avaient insisté pour que la lutte armée soit reconnue aux noirs là où ils font objet d'attaque armée de la part des blancs. Le désarmement entre les grandes puissances et l'instauration de la paix était l'une des recommandations de ce congrès Panafricain. Un Congrès exigera l'organisation du commerce et de l'industrie qui pour ne pas profiter nébuleusement aux blancs et à un petit nombre de noirs. D’ailleurs un ancien ministre des colonies, du Portugal réclamait même l'abolition totale de l'esclavage et du travail forcé dans les plantations en Angola et en Afrique Portugaise."En 1924, ces luttes enregistreront des succès parce que le Gouvernement colonial Portugais acceptera le retour en Gold Coast actuel Ghana du Roi Prempeh Ier déporté .Le quatrième Congrès aura lieu en 1927 aux Etats Unis à New York et permettra aux 208 délégués venus d'une dizaine de pays qui définiront la doctrine du Panafricanisme, de réclamer plus de droits avec la mise en valeur de notre continent. Une délégation de femmes noires africaines assistait à ce Congrès. Le Congrès va dénoncer la traite des Noirs entre autres.C'est ainsi que du Panafricanisme culturel et social, les noirs étaient parvenus au Panafricanisme politique dès 1928.Ce qui amena un anthropologue , sociologue et docteur en Médecine Price MARS à écrire ceci «il y a eu un moment donné, sur le continent africain des centres de civilisations nègres dont, non seulement on a retrouvé les vestiges mais dont l'éclat a rayonné par delà les limites de la steppe et du désert «Ce qui fera dire au Poète et dirigeant Sénégalais Léopold Sédar SENGHOR alors député au Parlement français écrira ceci" il est des noms qui sonnent comme un manifeste. Ainsi fut révélé le nom du Docteur Price MARS lorsque je l'entendis pour le première fois. Etudiant à la Sorbonne, j’avais commencé à réfléchir aux problèmes à une connaissance culturelle en Afrique."II rendait ainsi hommage aux africains qui avaient pris conscience de la nécessité de favoriser des rencontres pour débattre des problèmes des noirs en œuvrant pour le rapprochement des peuples Une manifestation qui avait enregistré la présence d'un pionnier Jomo KENYATTA futur Président du Kenya ,farouche opposant au colonialisme, héros des luttes pour la libération du Continent pour avoir passé une bonne partie de sa jeunesse dans les geôles coloniales. II participera activement à la création de l'International African Source Bureau en Europe, une organisation qui avait comme objectif la lutte pour l'indépendance et l'Unité Africaine et diffusera un journal pour soutenir la lutte. Mais, la deuxième guerre mondiale va freiner les ardeurs sans interrompre le combat et les luttes des noirs. En 1943, un mémorandum intitulé "La Charte de l'Atlantique et de l'Afrique Occidentale avait été rédigé et parmi les promoteurs, on notait la présence du Dr Namdi Azikiwé, Chef du Nation Canal et Nigéria and Cameroun NCNC et qui deviendra lui aussi le futur Président de la République Fédérale du Nigéria. En 1945 le 5èm et dernier Congrès Panafricain hors d'Afrique se tiendra à Londres et à Manchester auquel assistaient les Docteurs Nkrumah et Dubois dont la présence avait rehaussé cette rencontre. Une Déclaration sera adressée aux peuples colonisés du monde qui demandait aux victimes du colonialisme de " se libérer, mais de s'unir d' abord pour se dégager du joug colonial par la force s'il le faut". Comme nous le constatons, les 4 premiers Congrès réclamaient l'Unité et l'Indépendance de l'Afrique et avaient facilité les rencontres sur le Continent africain où les leaders comme le Dr Kawamé N'KRUMAH le Ghanéen qui avait défié toute sa vie les colons et habitué des prisons coloniales, recevait finalement dans son pays bien de rencontres. II faudra noter la participations des hommes comme le Colonel Gamal Abdel Nasser d'Egypte, héros des luttes anticolonialistes , Ahmed Sékou Touré de Guinée , Habib Bourguiba de Tunisie, Modibo Keita du Mali, Mohamed V du Maroc,Julius Nyéréré de la Tanzanie etc...Les Congressistes étaient au nombre de 2OO et se composaient également de la diaspora qui entendait occuper toute sa place dans ce noble combat. Les résolutions prises au cours de ce Congrès reconnaissaient les institutions indigènes des peuples d'Afrique démocratiques et que les frontières sont artificielles et illégitimes. Au cours de ce Congrès historique dans les annales de l'histoire de la création de l'Unité Africaine ces partisans du Panafricanisme la résolution suivante «Acheminez vous, peuples colonisés, assujettis au monde noir». En 1948 le Professeur Senghor et Houphouët Boigny de la Côte d'Ivoire, Apitjhy du Dahomey (actuel Bénin) avaient été conviés lors d'une rencontre à Paris par le Dr N'KRUMAH à des rencontres Panafricaines.
L'AFRIQUE A LA RECHERCHE D'UN EQUILIBRE POLITIQUE
Des rencontres en Congrès, nous noterons celles de 1950 à Accra au Ghana qui avait préparé la rencontre de Kumashi au Ghana où fut décidé de la création d'un espace militaire africain d'où le mot d'ordre demeurait toujours l'indépendance d'abord et l'Unité ensuite.
Les Etats indépendants comme l'Egypte et l'Inde du premier ministre Jawahantal Nehru, l'Indonésien Soekarno et le résident Yougoslave, le Maréchal Joseph Broz TITO servaient de modèle et d'éclaireurs dans ce noble combat. Ils étaient les promoteurs de la Conférence Afro-asiatique la Tricontinentale de Boandoung, à laquelle devait assister le Marocain Mehdi Ben Berka enlevé à Paris au bar des "DEUX MAGOTS" au quartier Latin à Saint Germain des Prés. C'est à la rencontre de d'Accra et à Cotonou au Dahomey en 1958 que les leaders du Rassemblement Démocratique Africain (RDA) créé en 1946 à Bamako était présents aussi. Senghor profitera pour multiplier les déclarations invitant les africains à aller vers l'Unité Africaine. Un acte de foi en Afrique Noire sera rédigé au cours de ce regroupement .Le Président Senghor dira "Ce qui lie les africains est au delà de l'Histoire dans la préhistoire. II tient à la Géographie, à l'ethnie puis partout à la culture. Ce qui lie les africains est antérieur à l'Islam et au christianisme et à toute la colonisation. C'est une communauté culturelle que j'appelle Africanité "L'académicien ajoutera "je définirai comme l'ensemble des valeurs africaines de la civilisation, qu'elle apparaisse sous son aspect arabo- berbère ou son aspect négro-africaine: l’Africanité présente toujours les mêmes caractères de passion dans les sentiments de vigueur dans l'expression" de poursuivre «qu’il faut nous forger ensemble une âme commune. Nous l'avons, cette âme qui s'incarne dans l'Africanité. Il nous suffit de la reconnaître et de l'assurer."Le Roi du Maroc HASSAN II avait disait quant à LUI "préférait l'Africanité à l'Arabité s'il fallait choisir son camp." Enfin, le Nigérien leader du parti Sawaba ,le charismatique Djibo BAKARY pour résumer l'esprit de l'Unité Africaine avait dit cette phrase célèbre "DU CAP AU CAIRE" qui résonnera au delà de Montagnes du Kilimanjaro et du Mont Bagazane. Un sentiment qui habite tous les africains les tous les noirs d'Afrique et d'ailleurs préoccupés par et acquis à la cause de cette Unité africaine à laquelle nous souscrivons et adhérons entièrement en y apportant notre modeste contribution. La suite prochainement.
Extrait de mon livre "De l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA ) à l'Unité Africaine: S'UNIR POUR CONSTRUIRE
Contribution à l'Unification d'un Continent 2010 Lyon
Abdoulaye HASSANE DIALLO Dr en Sciences Politiques,
Spécialiste des questions africaines, Journaliste, Auteur,
Ancien Maire Ancien Conseiller du Président de la République du Niger