Journée internationale pour le droit à la vérité : Moura, an 1 (Par Omar sylla)
Ce vendredi 24 mars coïncide avec la Journée internationale pour le droit et la vérité en ce qui concerne les violations flagrantes des droits de l’homme et pour la dignité des victimes. Proclamée le 21 décembre 2010 par l’Organisation des Nations Unies (ONU), cette journée, hasard de calendrier, arrive quelques jours seulement avant la commémoration du massacre de Moura survenu le 27 mars 2022.
Les cinq derniers jours du mois de mars 2022, à quelques heures du ramadan, ont sûrement été les plus sombres pour les habitants de cette localité malienne, comme le confirment les nombreux témoignages recueillis. Parmi ces témoins, tout de suite après le massacre, Amadou (le nom a été volontairement changé pour des questions de sécurité) vient chaque dimanche faire du commerce sur le marché de Moura, il s’exclame : « J’ai vu la mort devant moi, on prend 20 personnes, 40 personnes, on prend le fusil devant tout le monde et on tue, on tue, on tue ! ».
Au final, les diverses estimations évoquent entre 200 et 600 civils tués. « Nous sommes particulièrement préoccupés par des informations crédibles, selon lesquelles, au cours de plusieurs jours fin mars 2022, les forces armées maliennes accompagnées de militaires soupçonnés d’appartenir au groupe Wagner ont exécuté plusieurs centaines de personnes, qui avaient été rassemblées à Moura, un village dans le centre du Mali », ont fait valoir les experts onusiens. La division des droits de l'Homme de la MINUSMA s'apprête à rendre ses conclusions sur ces événements publiques.
Wagner au banc des accusés !
Si ce rapport n’épargne pas les Forces Armées Maliennes (FAMa), elle met surtout en cause les mercenaires de la société militaire privée Wagner.
Dans sa déclaration de fin de mission sur la situation des droits de l’homme au Mali tenue le 20 février dernier, l’expert indépendant Alioune Tine fait part des atrocités commises par les mercenaires dans le pays. « Plusieurs acteurs avec lesquels je me suis entretenu lors de ma visite ont déclaré que les membres du personnel militaire et de sécurité russe (qu’ils désignaient par le nom de « Wagner ») participaient aux opérations militaires, terrorisaient les villageois, exécutaient des civils, volaient les biens des populations y compris le bétail et les bijoux et violaient des femmes et des filles. », affirme-t-il.
Les accusations d’entrave aux droits de l’homme visant les mercenaires de Wagner ne datent pas d’aujourd’hui. La Syrie, la Libye, la république centrafricaine et, depuis quelques mois, le Mali sont les pays où la société militaire privée est le plus souvent mise au banc des accusés. Wagner est également accusé des mêmes exactions en Ukraine où la société combat.
À l’occasion de cette journée internationale consacrée au droit et la vérité concernant les violations flagrantes des droits de l’homme et pour la dignité des victimes, les habitants de Moura ont droit à la justice. Car, le groupe paramilitaire russe Wagner, désigné fin janvier par Les États-Unis comme une organisation criminelle internationale, n’est pas à son coup d’essai et ces forfaitures doivent s’arrêter.
Omar sylla