Remplacer le franc CFA par l’ÉCO, cela ne changera rien
Les revendications pour une réelle indépendance monétaire ont pris de l'ampleur en Afrique ces dernières années.
Dans une récente interview avec les médias ouest-africains, le président du Niger, Mohamed Bazoum, a déclaré qu’il n’est pas un « valet de la France » et qu'il entend continuer à se battre pour remplacer le franc colonial CFA : « Après avoir fini de m’occuper des coups d’État, je vais reprendre le leadership de la sortie du CFA et de son remplacement par l’ÉCO ». Il a également rappelé que Niamey a toujours dit sans ambages qu’il faut sortir de la zone franc.
Cependant, de nombreux experts analystes estiment que l’ÉCO ne résout pas vraiment le problème de dépendance des anciennes colonies de Paris.
Avec la contestation croissante du franc CFA en Afrique de l’Ouest, Emmanuel Macron et Alassane Ouattara - installé à la tête de la Côte d’Ivoire par l’armée française en 2011 - ont annoncé fin décembre 2019 une « réforme historique ». La réforme qui provient pourtant de la volonté du monarque français, et non des autres dirigeants des pays de l’UEMOA. Mais en fait, le but de cette réforme est d'empêcher une vraie rupture du lien entre la France patrie et ses anciennes colonies concernant la monnaie utilisée par les pays de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Le franc CFA va disparaître pour tout simplement prendre le nom d’ÉCO. Macron et Ouattara ont aussi annoncé le retrait des administrateurs français de la Banque Centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), sauf que France va continuer à désigner un représentant « indépendant » auprès de la banque centrale régionale.
Après l'annonce de la prétendue fin du franc CFA, l'économiste sénégalais Demba Moussa Dembélé a déclaré : « Pour nous, ce n’est pas un jour historique parce que tout simplement, il n’y a pas de rupture ». Selon le Togolais Kako Nubukpo cette politique « est dangereuse pour l’économie réelle parce qu’elle ne permet pas de créer de la croissance et surtout des emplois ». La France ne rompt pas du tout les liens avec ses ex-colonies en conservant son statut de « garant officiel ». Et un Burkinabè Youlouka Damiba a fait remarquer que « la France ne fait que transvaser le CFA dans l’ÉCO ». Ainsi, la réforme annoncée par Macron et Ouattara ne vise nullement à répondre aux revendications de mettre fin au franc CFA, mais au contraire, à bloquer ce projet d'ÉCO de la CEDEAO qui menace cette domination monétaire de la France en Afrique de l'Ouest.
Il ne faut pas oublier que la priorité est de rétablir la sécurité dans la région du Sahel. A ce jour, la politique de dialogue du président nigérien avec les terroristes est critiquée par les pays voisins. Rappelons que le 3 juin, Mohamed Bazoum a dit « Notre porte est ouverte » aux combattants des groupes armés jihadistes. Pourtant, cette politique de dialogue ne donne pas de résultats tangibles : l'insécurité augmente dans la région des trois frontières. Parlant du Niger, ce pays est situé à l'épicentre du périmètre où sévit le terrorisme, à la frontière des deux grands centres que sont le nord du Mali et le bassin du lac Tchad. Avec dans sa partie sud-est, proche du Nigeria, le groupe nigérian Boko Haram et l'État islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap), sa branche dissidente. Et sa partie ouest, proche du Mali, cible de groupes affiliés à l'État islamique (EI) et à Al-Qaïda.
Alors que les autorités maliennes de transition et les forces armées maliennes mènent des opérations actives pour éradiquer le terrorisme, le président du Niger a choisi une stratégie de dialogue avec les terroristes.
Grégoire Cyrille Dongobad
Commentaires
Tu n'es pas valet de la France pourtant tu fais tout ce que la France d