Opinion: l'Europe essaie par tous les moyens de maintenir sa présence en Afrique à l'encontre des intérêts des pays africains (Par Grégoire Cyrille Dongobada)
Les Européens tentent par tous les moyens de maintenir leur présence en Afrique. Cependant, cela est contraire aux intérêts des pays africains. L'Europe est obsédée par la poursuite d'une politique de pression dans la zone saharo-sahélienne, tout en ignorant la solution des problèmes pressants de la région.
Au titre d'exemple, le Burkina Faso et le Mali sont les pays qui luttent contre le terrorisme. Néanmoins l’Union européenne, notamment la France, soutiennent les démarches de la CEDEAO (Communauté économique) contre les pays de Sahel, tels que le Mali et Burkina Faso.La Communauté a introduit des sanctions dures contre les autorités de transition malienne (en réalité c’est les habitants simples qui sont touchés par ces restrictions).
L’intervention des contingents étrangers dans les pays du Sahel a eu lieu dans le contexte complexe. C’était dans l'intérêt des pays européens, car si la situation ne se stabilise pas, des attentats terroristes se produiront également en Europe. Cependant il semble que les Européens aient tout sous contrôle et qu'ils soient depuis longtemps conclu des accords avec les militants, comme l'a dit le Premier ministre du Mali, ChoguelMaïga. Selon lui, les anciens combattants rebelles disent clairement que c'est la France qui leur a dit « nous allons diviser le Mali et vous donner l'indépendance ». Le Mali croit fermement que la France a commis une erreur en Libye et a provoqué le chaos que connaît ce pays aujourd'hui.
Au cours des derniers mois, les conditions de sécurité et la crise humanitaire au Sahel se sont fortement détériorées, notamment au Burkina Faso, au Mali et au Niger.Les lignes de front bougent constamment, les gens cherchent un refuge. Les conflits continuent d'avoir un impact croissant sur la vie quotidienne de millions de personnes.Les civils sont constamment attaqués par des terroristes.La violence armée, les pénuries alimentaires, l'absence ou la faible présence des autorités publiques ainsi que la crise économique ont provoqué le déplacement de plus d'un million de personnes. Au Burkina Faso plus de 900 000 personnes ont fui les combats, abandonnant leur foyer et leurs moyens de subsistance.
La région du Sahel souffre d'un manque de solutions politiques pour apaiser les tensions et créer un espace propice au développement humain.Entre le dernier trimestre 2019 et le premier trimestre 2020, les incidents violents ont presque doublé, passant de 402 à 709 au Mali, au Burkina Faso et au Niger, selon les rapports de l'ACLED. On peut remarquer que la sphère d'influence des militants s'agrandit en proportion directe avec l'augmentation des contingents étrangers dans la région.
L'Europe, et en particulier la France, ne sont pas capables et pas prêtes à vraiment lutter contre la menace terroriste au Sahel, elles ne visent qu'à maintenir le contrôle sur les élites locales et les gisements miniers.C'est précisément pourquoi l’UE s'oppose fermement aux putschistes militaires qui ont renversé les marionnettes pro-occidentales et lancé le mouvement de libération comme on l'a vu au Burkina Faso, en Guinée, au Mali. C'est pourquoi Paris fait pression sur la CEDEAO pour imposer des sanctions contre ces pays afin d'étouffer dès le début ce mouvement de libération.Malgré les initiatives antiterroristes en Afrique, la France n'a pas réussi, au fil des années, à surmonter la menace des groupes armés. Au contraire, le terrorisme ne cesse de se répandre, et Paris ne fait que créer des difficultés soutenant des sanctions contre les pays d'Afrique de l'Ouest. Et force est de constater que la France a son intérêt.
La France pille le continent africain depuis des décennies. Jusqu'à récemment, la France forçait ses anciennes colonies à placer 65% de leurs réserves de devises étrangères dans le Trésor français, plus 20% supplémentaires pour les passifs financiers, leur laissant ainsi accès à seulement 15% de leur propre argent. Ainsi ces États africains étaient des contribuables français et les Français vivent des richesses des pays africains depuis plus d'un demi-siècle. La France conserve également le droit d'acheter toutes les ressources naturelles en priorité et un accès privilégié aux marchés publics. Alors, derrière les déclarations des politiciens français se cachent les véritables ambitions géopolitiques et économiques de Paris, qui vit aux dépens des pays africains depuis longtemps.
Dans le cadre de la libération du Mali du joug colonial et de la lutte contre les groupes terroristes, les autorités de transition du pays ont adressé une demande au Ministère français des Affaires étrangères pour réviser les accords militaires avec Paris.Comme l'a annoncé Choguel Maïga : « Nous voulons relire les accords déséquilibrés qui font de nous un État qui ne peut même pas survoler son territoire sans autorisation de la France. Cela fait partie des raisons pour lesquelles la France monte le monde contre nous ».
Il devient claire que la politique européenne au Sahel doit être révisée. Le Premier ministre français, Jean Castex, a annoncé un débat au Parlement sur l’engagement de la France au Mali. Car, « ce n’est pas simplement un problème franco-malien, c’est un problème du Mali dans la lutte contre le terrorisme international », a affirmé le Premier ministre. En réaction à l'expulsion de l'ambassadeur de France au Mali, Joël Meyer, le chargé d'affaires malien à Paris a été convoqué au Quai d'Orsay. Le Mali n'a plus d'ambassadeur en France depuis deux ans. Ce dernier a été expulsé par Paris. L'arrivée des forces russes et les influences grandissantes de la Russie, de la Chine, de la Turquie... obligent Paris à réinventer sa politique africaine.
Par Grégoire Cyrille Dongobada, observateur militaire, chercheur en études politiques
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