Hommage à feu Ben Omar : adieu Maître ! (par Maman Aminou Amadou)
D’Allah nous venons et à Lui nous retournons ! Par le fait de la manifestation souveraine de sa volonté ! Je perds un maître et une bibliothèque ! Mohamed Ben Omar, est reparti à jamais pour l'origine d'où il vint à ce monde en 1965, aux environs du puits de Banda dans la zone pastorale de Tesker.
À la seule idée que j'écris à son sujet et à titre posthume, mes mains tremblent et je me retrouve davantage trempé par la sueur à Niamey où Il fait chaud. Excessivement chaud sous les latitudes tropicales sahéliennes où seule cette transpiration peut aider à réguler ma température et ma tension. Le sujet de mon exercice de rédaction en demande beaucoup, mais jamais trop à ma tête et à mon corps, durement éprouvés depuis le 03 mai dernier que je portais le deuil de la perte d'un être très cher. Rendre hommage au leader Mohamed Ben Omar, c'est à cela que le devoir m'appelle, l'homme n’étant plus de ce monde ! Allahou Akbar.
Avant qu'il ne le quitte un après-midi de dimanche, à mes yeux il y incarnait le maître, le mien. Non pas celui d’école, mais c'était tout comme quoique cela colle légitimement à l'enseignant qu'il a été dans sa vie. Volontiers, je lui reconnais un statut de maître en ce que l'on nomme «Siyassa» dans sa langue maternelle, l'arabe, et en bien des langues nationales du Niger, dont le Hausa que l'homme sut parler sans gêne et avec assurance. En politique et au Niger c'est à lui que je devrai longtemps encore mon initiation. Il est parti pendant que je me sentais en passe de franchir, au-delà de l'initiation, le niveau de la préparation. Il s'en est allé, laissant en moi des souvenirs, tous aussi présents les uns que les autres. Lorsque je m'évertue à me focaliser sur un seul le tout s’entremêle dans ma tête. De Ben Omar, je ne sais par où commencer et à quoi en venir sinon qu'à la répétition bénie de <>
Notre rencontre remonte à seulement cinq (5) ans ! Je reçus alors un coup de fil d'un numéro inconnu, et par une voix chargée de courtoisie . Je la reconnus aussitôt. C'est la voix du 4ème Vice-Président de l’Assemblée Nationale. La voix de Mohamed Ben Omar.
Il m’invita à une entrevue. Hésitant et réservé, je finis par répondre au rendez-vous dont je lui ai laissé le soin de décider des termes. Le moment venu, nous échangeâmes sur divers sujets qui faisaient l’actualité. Il me fit voyager dans son univers (politique) avec son éloquence habituelle. Éloquence dont je me disais qu'il en garderait seul le secret. Nous nous accordâmes sur l'idée de travailler ensemble. En termes plus usuels sur ce terrain cela veut <> dans un même parti. Il avait ainsi son projet de parti à créer.
Je finis par accepter de mener, avec ses membres, les activités d'un bureau provisoire du parti naissent. Pour la plupart d'entre-nous nous étions méconnus de la scène politique. Nous travaillâmes des nuits et jours à ses côtés pour bâtir le PSD BASSIRA. Ben Omar venait alors de créer officieusement son parti.
Durant tout ce processus, je remarquai son attachement au RDP (pour le respect de la mémoire du feu Président Ibrahim BARE MAINASSARA)
Je fis donc mes premiers pas aux cotés de Ben Omar : d’abord en tant qu’assistant à l’Assemblée nationale, communicateur, ensuite membre du Bureau provisoire du PSD BASSIRA.
Ce déclic me fit découvrir le Niger dans sa grandeur et sa profondeur, nos diversités culturelles, le jeu politique, celui des prises de positions, etc
A mon tour, je lui ai appris à s'intéresser aux smartphones, qui n'étaient alors répandus et utilisés que chez les jeunes générations, puis aux réseaux sociaux.
Il finit par annoncer publiquement son adhésion au parti en novembre 2015 à l'occasion de la rentrée politique du PSD BASSIRA.
Cette rentrée politique a marqué le premier pas historique du PSD BASSIRA sur la scène politique. Il en prendra la tête au congrès de Zinder en décembre 2015.
Depuis lors, sur son parcours, j'ai pu avoir le privilège d'être un témoin voire un artisan de quelques consultations secrètes.
J'étais témoin, entre autres situations heureuses, de l’intermédiation de l’honorable Soumana Sanda (très loyal à Hama Amadou). À l'occasion nous avons scellé la réconciliation entre Ben Omar et Hama Amadou.
S'agissant de ses relations aux sommets de la sphère politique nationale, on doit retenir que Ben Omar a voué une profonde admiration et entretenu un solide attachement au Président Mamadou Tandja. Avec ce dernier la relation a été quasiment de fils à père, avec une même vision d'un Niger plus proche du monde rural.
Avec le Président ISSOUFOU qu'il soutint aux premier et second tours des élections présidentielles de 2016, il est resté fidèle à son engagement, sans renier ses convictions telles qu'elles avaient été véhiculées antérieurement par ses prestations oratoires médiatisées, notamment pendant le temps où il a été porte-parole du gouvernement (presque au long de tout le second mandat présidentiel de Mamadou Tandja) et lorsqu'il se trouvait à l'aise pour critiquer l'action gouvernementale du régime auquel particiipait son ex-parti, le RDP, au titre duquel il occupa de 2011 à 2015 le poste de 4ème Vice-président au bureau du parlement nigérien.
Avec le ministre, l'autre leader, Président du Mouvement Pour la République, MPR-Jamhuriya, Abouba Albadé, son grand frère, et compagnon dans la Refondation de la République (Tazarce), les liens sont restés solides. En témoigne le soutien du PSD Bassira aux dernières élections des membres du Bureau de l'Assemblée Nationale, avec le départ de quelques députés du MPR, qui avaient auparavant ?retiré leur confiance?(sic) à leur Président. Les députés du PSD BASSIRA ont soutenu le Président Albadé et aidé à faire reprendre tous les postes au profit de ses fidèles.
Je garde aussi en mémoire le respect et la considération qu'il a pour son parent et grand frère Bazoum Mohamed, en dépit d'opinions politiques divergentes en certaines circonstances de la vie politique nationale au Niger.
Je garde le témoignage qu'il me racontait, en provenance de l'ancien Président burkinabé, BLAISE COMPAORE, qui a soutenu que si l'Afrique devrait avoir un seul Gouvernement, Ben Omar en serait le porte-parole.
Les témoignages, il y en a plusieurs, qui lui étaient déjà rapportés de son vivant. J'en ai pu capter et mémoriser quelques-uns pendant presque cinq années passées à ses côtés comme "apprenti" et comme «tête brûlée», ainsi qu'il aimait m'appeler des fois.
Je retiens de lui l’image d’un homme politique pragmatique et pointu, qui ne recule pas quand on lui confie une mission. Son amour est manifeste pour son pays. Il s'est constamment et particulièrement soucié de l'état de l'école nigérienne et interrogé chaque fois que de besoin sur son devenir. Il en est l'un des meilleurs produits qu'elle a façonné de mains de moniteurs et maîtres d'une époque aussi regrettée que la personne du leader décédé.
J'ai appris avec lui ! Cette mort, prématurée à mes sens choqués, l'a fauché. Elle n'a pas avisé ! C'est légitime pour elle émane de la volonté souveraine d'Allah. En l'emportant elle me prive d'une immense opportunité telle qu'on en bénéficie rarement au plan interpersonnel dans les relations humaines. Elle éloigne de moi une créature si abondamment chargée d'inspirations; de bonnes, généreuses et belles inspirations !
Il est parti avec ses ambitieux projets pour les prochaines élections. Lors de notre dernier congrès tenu à Zinder en février 2020,de n'apporter notre soutien à aucun parti politique avec le projet de nous présenter aux élections présidentielles.
Ben Omar a l'habitude de me dire que quand les hommes politiques sont en bon terme, c'est que leurs intérêts ne se sont pas croisés.
J'aimerais faire remarquer à sa maman, à son épouse, à ses fils, à ses frères et sœurs, à ses amis et à ses camarades, qui pleurent sa mort, que cette perte est ressentie par l'Afrique en général et le Niger en entier, qui a perdu un homme porté à arracher à l'intelligence ce qu'elle ait d'utile pour le genre humain. Un humaniste, un homme politique engagé avec une fibre patriotique certaine. Quelques-uns de ses plus beaux traits de caractère en politique sont que:
- Il a toujours aimé faire la politique aux hauts étages, avec du raffinement et beaucoup d'esthétique, même si il n'eut pas bénéficié de l'accompagnement et de l'expertise dignes d'une équipe idéale.
- Ce qui ne lui a jamais fait refuser ce dont il raffolait : la chaleur du peuple vers lequel il allait sans allures guindées ni langue de bois.
- Il a fait la politique sans s'offrir la ruse qu'il a tant admiré chez les autres.
- A mille lieues de Machiavel, Il a confondu l'action politique à l'entreprise caritative. Il a toujours tiré un réel plaisir à assister spontanément autant qu'il le peut chaque cas de détresse humaine qui se présentait à lui. Il fut un être très sensible, compatissant, dont les yeux pouvaient s'attirer des glandes lacrymales une dose imparable de larmes lorsqu'une situation quelconque émeut sa personne. Une personne d'une grande délicatesse morale, qui aurait aimé que Terre fût un paradis. Voilà l'idéaliste rassurant, parce que actif, que fut Ben Omar.
Adieu humble maître !
Tu es parti par un 03 mai que tu as tant commémoré sur le campus universitaire de Harobanda à Niamey quand tu fus un grand artisan de la renaissance de l'USN de 1986 jusqu'à ce que se tiennent les assises de la Conférence Nationale Souveraine.
Je fais le pari Qu'Allah t'accueille dans Son Paradis éternel ! Ainsi soit-il par la grâce du Tout Miséricordieux.
Maman Aminou Amadou,
Membre du Présidium et quatrième Secrétaire Général adjoint du comité exécutif national CEN/ PSD BASSIRA. Protocole du Ministre de l'Emploi, du Travail et de la Protection Sociale du Niger.
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