WISH2/WACA au Niger : trois jours pour outiller les jeunes leaders au kit “C’est la Vie !” et renforcer l’accès à la santé reproductive

Du 27 au 29 novembre 2025, l’hôtel Bravia à Niamey a accueilli l’atelier de formation à l’utilisation du kit pédagogique « C’est la Vie ! », organisé par le Réseau Africain de l’Éducation, de la Santé et de la Citoyenneté (RAES) avec le soutien financier du Royaume-Uni. Cette session, inscrite dans le cadre du projet WISH2/WACA au Niger, vise à renforcer les capacités de 35 jeunes ambassadeurs de WILDAF Niger en les dotant d’outils interactifs et harmonisés pour améliorer l’accès à une information fiable sur la santé reproductive et promouvoir le changement social et de comportement au sein de leurs communautés.
Dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, l’accès à une information fiable sur la santé reproductive et à l’égalité de genre reste un défi majeur pour les jeunes, en particulier les adolescentes, les femmes et les personnes vivant avec un handicap. Pour y répondre, le projet WISH2/WACA, mis en œuvre dans six pays — Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et République démocratique du Congo — vise à renforcer l’accès équitable aux services de santé reproductive pour les populations les plus marginalisées.
Cette deuxième phase du projet met l’accent sur l’intégration des médias de masse et des outils numériques dans les stratégies de changement social et et de comportement (CSC), mission confiée au Réseau Africain de l’Éducation, de la Santé et de la Citoyenneté (RAES), reconnu pour son expertise dans ce domaine en Afrique francophone. C’est dans ce cadre que l’atelier de formation à l’utilisation du kit pédagogique « C’est la Vie ! » se tient actuellement à Niamey.
Former pour mieux agir : un besoin identifié sur le terrain
Depuis le lancement du projet, WILDAF (Women in Law and Development in Africa) a mobilisé un réseau solide de jeunes ambassadeurs : 35 par pays dans quatre zones d’intervention — Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad. Ces jeunes, soigneusement sélectionnés pour leur leadership et leur engagement, ont déjà reçu une formation initiale sur les droits en Santé Reproductive (DSR), le genre et les droits humains.
Mais les analyses menées lors de l’atelier stratégique du consortium à Dakar, en mai 2025, ont révélé un écueil majeur : malgré leur enthousiasme et leur capacité de mobilisation, les jeunes étaient insuffisamment outillés pour animer efficacement des séances communautaires, conduire des causeries éducatives ou mener des campagnes cohérentes et structurées. En clair, il leur manquait des outils concrets, interactifs et harmonisés — indispensables pour accroître l’impact de leurs interventions dans les communautés.
C’est pour combler cette lacune que l’ONG RAES a lancé, entre le 5 et le 28 novembre, une série de formations successives dans quatre pays. L’objectif : familiariser ces jeunes leaders avec le kit pédagogique “C’est la Vie !”, un outil participatif construit autour de la célèbre série télévisée du même nom, diffusée dans plusieurs pays d’Afrique.
Un kit pédagogique pensé pour les réalités du terrain
Le kit “C’est la Vie !” s’est imposé au fil des années comme l’un des instruments les plus adaptés pour aborder, avec sensibilité et pédagogie, les questions liées à la santé reproductive, aux violences basées sur le genre, à la parentalité, à la planification familiale ou encore aux tabous entourant la santé reproductive.
Composé d’extraits vidéo, de fiches thématiques, de visuels et de supports pour organiser des ciné-débats ou des dialogues intergénérationnels, il permet aux animateurs de créer un cadre de confiance où la parole circule plus librement. Le choix de cet outil n’est donc pas un hasard : il a été pensé pour faciliter l’interactivité, briser les barrières culturelles et accompagner un changement profond et soutenu des normes sociales.
Pendant trois jours, dans chacun des pays concernés, les jeunes ambassadeurs ont enchaîné exposés théoriques, exercices pratiques, simulations de séances communautaires et analyses d’épisodes de la série. Une approche résolument participative, dans laquelle l’expérience de terrain de chaque jeune est considérée comme un apport essentiel.
Une ouverture marquée par de fortes attentes
Dans son mot de bienvenue, M. Eude Kaltani, Point Focal RAES, a rappelé l’importance stratégique de cette formation dans la dynamique du projet WISH2/WACA. Dans son allocution, il a salué l’engagement de la Direction de la Santé Communautaire, partenaire institutionnel clé au Niger, avant de s’adresser directement aux jeunes ambassadeurs : « Vous n’êtes pas de simples participants, vous êtes l’avant-garde de notre action sur le terrain. (…) Ce kit n’est pas une simple collection de documents, c’est un véritable trésor didactique conçu pour briser la glace, rendre les sujets sensibles accessibles et naturels, faciliter l’interactivité et assurer l’uniformité du message. »

Le message est clair : le succès du projet repose, en grande partie, sur la capacité de ces jeunes à porter la bonne information, à la diffuser et à l’adapter aux réalités de leurs communautés.
Mme Daouda Fatoumata, Secrétaire générale du WILDAF Niger, a insisté pour sa part sur la nécessité d’une participation active : « Chers ambassadeurs, je vous invite à suivre attentivement le contenu de la formation. Posez des questions, ne laissez aucune zone d’ombre. Vous êtes des relais essentiels dans un processus qui nous concerne tous. »
Un appel à la rigueur et à l’engagement partagé par les responsables du consortium.
“Partager la bonne information, ou risquer de perdre la communauté”
Pour Mahamadou Mamoudou Babi, Chef de file du consortium WISH2/WACA à MSI NIGER , l’enjeu dépasse largement la simple transmission de savoirs. Il s’agit, dit-il, d’un travail de fond sur les normes sociales — un chantier complexe qui requiert patience, cohérence et expertise.
« Tant que ce n’est pas la bonne information qui est partagée, nous risquons d’amener notre communauté à la dérive. (…) Nous devons utiliser tous les mécanismes possibles, parce qu’aujourd’hui, beaucoup de jeunes sont plus attachés à leur portable qu’à tout autre moyen d’information. »
Son intervention a également rappelé la nécessité d’adapter les outils à chaque contexte national, sans perdre de vue la cohérence globale du projet. “C’est la Vie !”, déjà largement diffusée en haoussa et sur radio et télévision locales, offre justement cette flexibilité — un atout déterminant pour sa mise en œuvre dans les zones les plus reculées.
Des résultats attendus à court et moyen terme
L’atelier vise avant tout à renforcer les capacités des jeunes ambassadeurs de WILDAF dans l’utilisation du kit pédagogique « C’est la Vie ! », afin d’optimiser l’impact des campagnes de communication pour le changement social et de comportement (CSC) autour de la santé reproductive.
À l’issue de la formation, les jeunes leaders devraient être en mesure de maîtriser tous les contenus et outils du kit, de structurer et d’animer efficacement leurs interventions communautaires, et de faciliter des causeries éducatives, ciné-débats et dialogues intergénérationnels. Cette préparation leur permettra de concevoir des campagnes de sensibilisation pour le deuxième semestre avec plus de cohérence et d’impact. L’objectif final est d’accompagner un changement progressif mais tangible des perceptions et comportements liés à la santé reproductive au sein des communautés.
La formation se déroule sur trois jours et adopte une approche interactive et participative, combinant exposés théoriques, discussions en groupe et exercices pratiques. Les participants suivent des présentations sur l’éducation pour la santé et le CSC, puis s’exercent à l’animation de causeries et de débats communautaires inspirés des épisodes de la série « C’est la Vie ! ». Chaque exercice pratique est conçu pour encourager l’interactivité, favoriser un échange dynamique et garantir l’uniformité du message transmis. L’outil pédagogique est également adaptatif, permettant aux jeunes ambassadeurs d’ajuster leurs interventions en fonction des spécificités locales et des besoins de leurs communautés.
En Afrique de l’Ouest et du Centre, changer les normes sociales en matière de santé reproductive reste un défi de longue haleine. Mais la dynamique créée par WISH2/WACA, portée par un consortium engagé et soutenue par le gouvernement britannique, s’impose désormais comme une des initiatives les plus structurées dans ce domaine.
En donnant aux jeunes les outils nécessaires pour devenir des acteurs de changement crédibles, le projet fait le pari de s’appuyer sur la force des nouvelles générations pour influencer durablement les comportements.
La formation au kit “C’est la Vie !” n’est qu’une étape. Mais une étape déterminante, qui pourrait bien marquer un tournant dans la manière dont les messages de santé reproductive sont transmis, compris — et surtout acceptés — au sein des communautés.








