Le mariage d’enfants et l’excision : Deux pratiques néfastes toujours vivaces à Maradi [Reportage]
Le Niger, malgré des avancées notables, reste confronté à des défis majeurs, dont le mariage précoce des enfants. En 2024, une statistique alarmante révèle que 7 filles sur 10 sont mariées avant l’âge de 18 ans, compromettant leur éducation et leur contribution au développement du pays. À l’image d’autres régions, Maradi illustre tristement cette réalité, se classant au deuxième rang national avec un taux de 65 %, juste derrière Zinder. Cette pratique, qui prive des milliers de jeunes filles de leur enfance et de leur avenir, préoccupe profondément les autorités. Parmi les victimes, Sakina, une adolescente de 12 ans du village de Safo, dans le département de Madarounfa, incarne le drame silencieux de ces unions forcées. Son histoire, parmi tant d’autres, souligne l’urgence d’agir pour briser ce cycle destructeur.
Une voix courageuse contre le mariage des enfants
Sakina Issoufou a décidé de briser le tabou et de dénoncer le mariage précoce dans sa région. Son témoignage poignant met en lumière une pratique persistante, malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation menées par divers acteurs.
À seulement 12 ans, alors qu’elle était en classe de CM2, Sakina a été mariée de force par ses parents. Elle qualifie cette union de « catastrophique », décrivant un véritable enfer marqué par des violences physiques et psychologiques, suivies d’un abandon. « Mon époux me battait chaque jour. Quand je le suppliais de me laisser tranquille, il me renvoyait chez mes parents, qui, à leur tour, me rappelaient mon devoir de rester avec lui », se souvient-elle.
Quelques mois après son mariage forcé et prématuré, Sakina est tombée enceinte, aggravant encore son calvaire. « Je ne recevais aucune assistance de mon mari. Même pour une simple consultation prénatale, il me disait qu’il n’avait pas d’argent », raconte-t-elle. Le jour de l’accouchement fut une épreuve terrible. « Mon corps n’était pas prêt, je n’avais pas l’âge requis. C’est grâce à une césarienne que mon enfant a pu voir le jour. »
Aujourd’hui âgée de 15 ans, Sakina élève seule son enfant de trois ans, toujours réfugiée chez ses parents. Son témoignage, bouleversant et alarmant, souligne l’urgence de lutter contre le mariage précoce, un phénomène qui prive des jeunes filles de leur enfance, de leur éducation et de leur avenir. Désormais, elle incarne une voix courageuse contre cette tradition dévastatrice. « Le mariage à un jeune âge n’est pas une bonne chose », insiste-t-elle, espérant que son histoire servira d’avertissement et de plaidoyer pour un changement pour une prise de conscience contre le mariage des enfants et ses conséquences en ce 21ème siècle.
Une pratique aux lourdes conséquences sanitaires
Le mariage d’enfants constitue un problème de santé publique majeur, affirme Daoura Maman Sani, chef du service de la santé de la reproduction à la Direction régionale de la santé publique de Maradi (DRSP). Selon lui, ce phénomène est un facteur déterminant dans les grossesses adolescentes, qui comportent des risques graves pour la santé des jeunes filles.
« Dès le début de la grossesse, pendant l’accouchement et après, ces adolescentes sont exposées à de nombreux dangers », explique-t-il. L’une des conséquences sanitaires les plus préoccupantes est la dystocie, c’est-à-dire l’incapacité d’une jeune fille à accoucher naturellement. À cela s’ajoutent des risques accrus de malnutrition pour les nouveau-nés.
Outre le mariage précoce, l’excision reste également pratiquée dans la région de Maradi. Bien que les statistiques officielles manquent, plusieurs témoignages confirment l’existence de cette pratique. Toutefois, grâce aux efforts conjoints de l’État et de ses partenaires, la tendance est à la baisse. « Alhamdoulilah, nous voyons une amélioration. Ce n’est pas encore fini, mais la lutte doit se poursuivre pour éradiquer ce fléau », insiste Daoura Maman Sani.
Un appel à l’action
Face aux risques liés au mariage précoce, Daoura Maman Sani prône un renforcement des campagnes de sensibilisation, en particulier en milieu rural, où les pesanteurs socioculturelles restent ancrées. Il en va de même pour l’excision, qui exige une mobilisation accrue.
« Il est impératif que tout le monde s’implique : l’État, la communauté, les agents de santé », affirme-t-il. Il insiste aussi sur l’importance de l’éducation des jeunes filles et recommande leur maintien à l’école jusqu’à l’âge de 16 voire 18 ans, afin qu’elles puissent prendre des décisions éclairées sur leur avenir. « Nous devons unir nos efforts pour bannir les mariages précoces et les mutilations génitales féminines de nos coutumes », conclut-il.
Des pratiques condamnées par la religion
D’un point de vue religieux, le mariage précoce est inacceptable. « Il n’est pas question de donner en mariage une fille qui n’a pas atteint l’âge approprié. L’islam ne le recommande pas. Même lorsqu’elle est en âge de se marier, ses parents ne doivent pas l’y contraindre », explique Cheikh Abou Saleh, prédicateur à Maradi.
Il plaide pour une réforme des institutions, y compris du système judiciaire et éducatif. « Nous devons travailler d’arrache-pied pour reconstruire nos institutions et éduquer nos sociétés », préconise-t-il. Il appelle également les leaders religieux et intellectuels à unir leurs forces pour sensibiliser la population et lutter contre les influences néfastes venues d’ailleurs.
Un engagement des ONG locales
Les organisations non gouvernementales locales, notamment l’ONG SALSANI, mobilisent tous les moyens nécessaires pour combattre le mariage des enfants. Parmi leurs actions figure l’inscription de jeunes filles dans le Centre de Formation aux Métiers (CFM). Depuis cinq ans, chaque promotion de filles reçoit, après deux ans de formation, un kit d’autonomisation et une aide financière pour démarrer une activité professionnelle.
Salissou Iro, président de l’ONG SALSANI et président régional de la Coalition des Organisations Nigériennes des Droits de l’Enfant (CONIDE), cite un cas concret : « Une fille de neuf ans, mariée de force, a été prise en charge par les services sociaux et confiée à notre ONG. Grâce à notre soutien, elle a pu poursuivre ses études et est aujourd’hui en terminale. »
Pour lui, la lutte contre le mariage précoce nécessite une prise de conscience collective. « Il faut que la société comprenne que marier une enfant est néfaste. Ceux qui l’ont compris doivent sensibiliser les autres pour éradiquer ce fléau », plaide-t-il.
Hadiza Eveline Lompo Raphaël, coordinatrice du projet Break Free, se réjouit de la baisse du taux de mariages précoces dans la région, passé de 75 % à 65 %. Toutefois, elle rappelle que beaucoup reste à faire.
La quasi-totalité des acteurs s’accordent sur les graves conséquences du mariage précoce et de l’excision sur la santé, l’éducation et l’avenir des adolescentes. Face à ces pratiques dévastatrices, un appel à l’action unanime résonne pour y mettre fin définitivement. Lors du lancement officiel de la Journée Internationale de la Fille (JIF) 2024, le 11 octobre dernier, le Ministre de la Santé Publique, de la Population et des Affaires Sociales, le médecin Colonel-major Garba Hakimi, a mis en avant les mesures prises par l’État pour lutter contre le mariage des petites filles, une pratique souvent perçue à tort comme une solution à la pauvreté. L’État, avec l’appui multiforme de partenaires engagés comme l’UNICEF, œuvre sans relâche pour offrir un avenir meilleur aux enfants du Niger. Une mobilisation collective, renforcée par des actions concrètes et une sensibilisation accrue, reste indispensable pour éradiquer ces fléaux. Ensemble, il est possible de garantir à toutes les filles de Maradi, et du Niger, la chance de grandir librement, en sécurité, et de réaliser pleinement leur potentiel.
Alzouma Seyni Soumaila, Envoyé spécial pour actuniger.com
TOTO A DIT reconnaît d'avance être un Novice Religieux mais en curieux de thématiques te demande ...de lui donner ou référer des hadiths faisant de où et quand les FILLES du Prophète Muhammad ( SAW...sAllallahu Alaihi Wasallam) ont été EXCISÉES....
C'est la question à toi posée, tu peux faire appel aux MUFTI ....
Sinon de la compréhension du Novice Religieux TOTO A DIT l'excision s'avère beaucoup plus une pratique culturelle que religieuse....
Quand TOTO A DIT partage ...
Female circumcision is simply a regional custom in the places where it is practiced. We must then take into consideration that many medical professionals consider it to have detrimental affects for the girls who undergo the operation. On that basis, it would be impermissible to allow this custom to continue. As, bringing harm to oneself is unlawful in Islam.
In a Hadith it is mentioned:
A suivre