Journée Internationale des Personnes Handicapées : le Niger renouvelle son engagement pour l'inclusion et la dignité des personnes handicapées
À l'occasion de la Journée internationale des personnes handicapées, placée sous le thème "Le rôle des détenteurs d'obligations envers les personnes vivant avec un handicap, notamment les femmes et les enfants", une rencontre d’échanges et de plaidoyer s’est tenue ce jeudi 12 décembre 2024 dans la salle de réunion du Ministère de la Justice. Cet événement marquant, qui a également lancé officiellement la Semaine des Droits Humains, a été une plateforme essentielle pour réaffirmer l’engagement du Niger en faveur de l’inclusion sociale et de la protection des droits fondamentaux. Le Niger, signataire de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées, a renforcé son cadre législatif avec l’adoption de la loi N°2019-62, le 10 décembre 2019, visant à assurer l’insertion des personnes handicapées. Cependant, malgré ces avancées législatives, des défis persistent, notamment les discriminations sociales et les obstacles à l’accès à l’éducation, à la santé et aux services sociaux de base pour les personnes vivant avec des handicaps mentaux et moteurs cérébraux. L’objectif de cette rencontre est de mobiliser les énergies et les ressources nécessaires pour surmonter ces obstacles, en mettant l’accent sur trois priorités : sensibiliser davantage sur les droits des personnes handicapées, promouvoir des politiques publiques inclusives et garantir leur représentativité dans les espaces de décision.
Pésidé par le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, M. Alio Daouda, l’événement a rassemblé une assemblée prestigieuse, avec la présence du ministre de la Santé Publique et de l’Action Sociale, de hauts responsables des Nations Unies, dont Mme Mama Keita, Coordonnatrice Résidente et Humanitaire au Niger, et M. Omer Kebiwou Kalameu, Représentant du Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme, ainsi que des partenaires techniques et financiers, des organisations de la société civile et des acteurs communautaires.
Le Niger s'engage fermement pour les droits des personnes handicapées
Dans son allocution d’ouverture, le ministre de la Justice et des Droits de l'Homme, Garde des Sceaux, M. Alio Daouda a exprimé sa gratitude envers le Système des Nations Unies pour son soutien constant au Niger dans la réalisation de ses objectifs en matière de droits humains et de développement inclusif. Il a rappelé que cet événement marquait un moment stratégique pour renouveler l’engagement du Niger envers les principes de dignité, d’égalité et de justice, en ligne avec l'ODD 16, qui vise à promouvoir une société plus juste et inclusive. Il a également mentionné le Programme de Résilience pour la Sauvegarde de la Patrie (PRSP), une initiative visant à renforcer l’inclusion sociale, en particulier pour les personnes handicapées.
Il a mis en avant les instruments internationaux ratifiés par le Niger, notamment la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées, et la loi N°2019-62. Cependant, il a souligné que des défis demeuraient : "Les personnes handicapées, en particulier celles vivant avec un handicap mental et moteur cérébral, continuent de faire face à des discriminations et à des obstacles à l'accès à l'éducation, à la santé, à l'emploi et aux services sociaux de base", a-t-il affirmé.
Face à ces défis, le ministre a lancé un appel à une mobilisation collective, précisant que le gouvernement comptait sur une action concertée avec la société civile et les partenaires techniques pour promouvoir une inclusion effective. "Nous devons renforcer la sensibilisation des populations aux droits des personnes handicapées, promouvoir une inclusion effective à travers des politiques publiques adaptées et garantir une meilleure représentativité des personnes handicapées dans les espaces de décision", a-t-il déclaré.
Le ministre M. Alio Daouda a salué les efforts des acteurs non étatiques, soulignant que leur accompagnement était essentiel pour assurer la pérennité des initiatives. "Ce combat pour l'inclusion, pour la dignité et pour la justice, n'est pas seulement celui des personnes handicapées, il est le nôtre à tous", a-t-il conclu. Il a réaffirmé la volonté du gouvernement de ne laisser personne de côté, conformément à l’Agenda 2030 pour le développement durable, et de promouvoir une société où chaque citoyen puisse vivre dans la dignité et contribuer au développement du pays.
Le Système de Nations Unies appelle à un Engagement Renforcé pour l'Inclusion et la Dignité des Personnes Handicapées
Madame Mama Keita, Coordonnatrice Résidente et Coordonnatrice Humanitaire du Système des Nations Unies au Niger, a lors de son intervention souligné l’urgence de renforcer l’inclusion des personnes handicapées dans la société. Elle a insisté sur la nécessité d’un engagement collectif pour garantir leurs droits et leur dignité.
"Le thème de cette rencontre, centré sur 'le rôle des détenteurs d'obligations envers les personnes vivant avec un handicap, notamment les femmes et les enfants', est un appel à la responsabilité collective", a-t-elle déclaré. Elle a évoqué la Déclaration de Niamey de décembre 2022, qui a mis en lumière le rôle clé des institutions étatiques dans la création d’un environnement respectueux des droits fondamentaux.
Madame Keita a également rappelé les données alarmantes issues du recensement de 2012, qui révèlent qu’environ 700 000 Nigériens vivent avec un handicap, mais que seulement 3% d’entre eux sont alphabétisés. Elle a insisté sur la nécessité de : "Investir dans des programmes adaptés aux besoins spécifiques des personnes vivant avec un handicap", de "Mettre en œuvre une budgétisation inclusive tenant compte du handicap", de "Combattre les stéréotypes et promouvoir une image positive de ces personnes", et enfin, de "Mettre en place des mécanismes solides pour prévenir et répondre aux abus".
Elle a conclu son intervention en réaffirmant l'engagement du Système des Nations Unies à soutenir le gouvernement du Niger dans la construction d’une société plus inclusive et équitable. "Les droits des personnes vivant avec un handicap sont des droits humains. Défendons-les chaque jour, sans relâche", a-t-elle conclu, appelant à un Niger où "chaque individu, quelle que soit sa situation, peut vivre dans la dignité, à l'abri de la peur et de la discrimination".
Une déclaration solennelle pour un engagement collectif
Un moment fort de l’événement fut la lecture de la Déclaration de Niamey sur les Droits des Femmes et Enfants en situation de handicap mental, par Ibrahim Yahaya, membre du Haut-Commissariat des Droits de l’Homme (HCDH). Cette Déclaration a recueilli un large soutien, réunissant des institutions étatiques telles que les ministères de la Santé, de la Justice et de l'Éducation, des organisations non étatiques comme la Commission Nationale des Droits Humains (CNDH), ainsi que des partenaires internationaux tels que le Système des Nations Unies et l’Association Special Olympics Niger. Elle réaffirme avec force l’égalité des droits des personnes handicapées et appelle à une mobilisation collective pour éradiquer les discriminations et les injustices sociales.
Les participants ont souligné la nécessité d’intégrer les personnes vivant avec un handicap mental dans le processus de développement national, tout en plaidant pour des initiatives inclusives telles que des espaces dédiés à l'éducation, au sport, et à la culture. Les participants exhortent les autorités à renforcer le cadre juridique et institutionnel, garantissant une protection accrue des droits des femmes et des enfants vivant avec un handicap mental. Ils appellent à la mise en œuvre d’initiatives inclusives qui offrent aux personnes en situation de handicap des opportunités d’épanouissement dans des environnements éducatifs, sportifs et culturels adaptés. Ils plaident enfin pour une lutte sans relâche contre la stigmatisation et la discrimination, en mobilisant la société autour de la valorisation des contributions essentielles des personnes vivant avec un handicap.
Les défis des personnes vivant avec un handicap moteur cérébral
Mme Mahamadou Abdou Fatima Dicko, fondatrice de l'Association IMC-AMIM, a pris la parole pour exposer les réalités difficiles des personnes vivant avec un handicap moteur cérébral. Elle a révélé que le dernier recensement, effectué principalement dans les centres de kinésithérapie, a dénombré 1 566 cas de personnes atteintes d’un handicap moteur cérébral (IMC). « Ce nombre ne représente qu’un aperçu superficiel, car beaucoup n’ont pas accès aux centres sanitaires », a-t-elle déploré.
L’un des principaux défis soulevés est la difficulté d’accès à des soins spécialisés et le coût prohibitif des médicaments, souvent essentiels pour traiter des complications comme l’épilepsie ou les troubles alimentaires. Selon Mme Dicko, « la construction d’un centre d’accueil spécialisé national est cruciale pour offrir une prise en charge adéquate ».
Au-delà des soins, elle a insisté sur la reconnaissance de l’IMC comme une question de santé publique. « La stigmatisation, la discrimination et l’isolement social aggravent les souffrances des familles et des personnes concernées », a-t-elle affirmé, plaidant pour des recensements réguliers et plus approfondis.
Mme Dicko a mis en lumière une problématique tragique : « La plupart des décès infantiles liés à l’IMC pourraient être évités avec des soins adéquats. Chaque semaine, nous recevons avec impuissance la nouvelle dévastatrice de décès évitables. » Elle a également souligné l’urgence d’offrir une alimentation adaptée pour réduire la malnutrition, un facteur aggravant pour ces enfants.
Pour conclure, Mme Dicko a émis un appel vibrant à une mobilisation collective. « La société doit être sensibilisée à grande échelle pour lutter contre la discrimination et la stigmatisation. Ces enfants méritent une scolarisation, une inclusion, et une reconnaissance comme parties intégrantes de notre société. »
Un témoignage inspirant de Mahamadou Abdou Halimatou Saadatou
Le témoignage de Mahamadou Abdou Halimatou Saadatou, une jeune femme de 28 ans atteinte d’IMC, a profondément ému l’assistance. « Mon enfance a été difficile. À 4 ans, j’ai été maltraitée par des enfants de mon âge qui ne comprenaient pas ma différence. Grâce au soutien inconditionnel de mes parents et de mes deux sœurs, j’ai appris à lire et à manipuler les outils informatiques », a-t-elle raconté avec émotion.
Elle a rendu hommage au professeur neurochirurgien feu Samuela Sanoussi, qui l’a suivie depuis ses 8 ans : « Sa patience et son dévouement ont été essentiels dans mon parcours. »
Recommandations et engagements pour une meilleure prise en charge
Après le discours d'ouverture du Ministre de la Justice, des Droits de l'Homme et Garde des Sceaux, M. Alio Daouda, les travaux de la journée ont rapidement abordé le cœur des enjeux. Un exposé détaillé a été présenté sur la situation actuelle de la prise en charge des personnes en situation de handicap mental et moteur cérébral au Niger, suivi d'une séance de questions-réponses permettant d’approfondir les échanges.
Un atelier participatif a permis aux participants d’identifier des recommandations concrètes visant à renforcer la prise en charge et la protection des personnes en situation de handicap au Niger, avec une attention particulière portée aux femmes et aux enfants vivant avec un handicap mental et moteur cérébral. À l'issue de cet atelier, les synthèses des recommandations ont été présentées, suivies de leur lecture officielle.
La rencontre s'est conclue par un discours de clôture, réitérant l'engagement des autorités et des partenaires au développement pour une inclusion accrue des personnes en situation de handicap. Les participants ont également eu l’occasion de découvrir et d’acheter des produits artisanaux réalisés par des artistes nigériens en situation de handicap, une initiative visant à promouvoir leur inclusion économique et valoriser leurs talents. Ce fut un moment fort de solidarité et de reconnaissance des contributions des personnes handicapées à la société nigérienne.
La Journée internationale des personnes handicapées 2024 a été l’occasion de réaffirmer l'engagement du Niger pour l’inclusion et la dignité des personnes handicapées, mais aussi de souligner les défis persistants qui nécessitent une mobilisation collective. La rencontre a permis de mettre en lumière des recommandations concrètes et des actions nécessaires pour garantir une meilleure prise en charge et une réelle inclusion des personnes en situation de handicap, en particulier les femmes et enfants. Le soutien continu des autorités, de la société civile et des partenaires internationaux est indispensable pour surmonter les obstacles à l’éducation, à la santé et à l’emploi, et pour offrir à chaque individu une chance égale de contribuer à la société. Le Niger, à travers des actions concrètes, avance vers une société plus juste et inclusive, où chaque citoyen, quelle que soit sa situation, peut vivre avec dignité et participer activement au développement national.
Moustapha Siddo (actuniger.com)
Commentaires
Votre différence n'est pas un handicap mais l'expression de la diversité dans l'unité : votre contribution sociale est aussi attendue .... Au travail donc