Présentation des données des enquêtes JNS : les médias mobilisés pour promouvoir l'utilisation des résultats sur les besoins et satisfactions en matière de justice au Niger
L’hôtel Bravia de Niamey a accueilli, ce jeudi 24 octobre 2024, un atelier essentiel pour le secteur de la justice organisé par l’Institut de La Haye pour l’Innovation de la Justice (HiiL) Niger, en partenariat avec le Ministère de la Justice du Niger. Cet événement, qui a rassemblé des représentants des médias, des experts juridiques et des membres de la société civile, visait à présenter les données recueillies lors des trois enquêtes nationales sur les besoins et la satisfaction en matière de justice au Niger (2021, 2022 et 2024). Ces enquêtes font partie intégrante du Programme d'Innovation de la Justice au Niger (PIJN), une initiative lancée en 2022 sous l'égide du Ministère de la Justice avec le soutien financier de l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas pour rendre la justice plus accessible à travers l’approche de la Justice Axée sur les Personnes (JAP).
Le programme pluriannuel d'innovation de la justice au Niger, conduit par HiiL, s'articule autour de cinq composantes clés : l'analyse des données, l'application des meilleures pratiques, la création d'un environnement favorable à l'innovation, l'amplification des catalyseurs de changements, et le renforcement des réseaux régionaux et internationaux. Cette approche vise à identifier les défis quotidiens rencontrés par les citoyens nigériens et à proposer des solutions pratiques et centrées sur leurs besoins.
L'atelier présidé par Madame Haouaou Dioula, représentante du Ministère de la Justice, s'est déroulé en présence de Madame Souleymane Aminatou Daouda Hainikoye, Country Manager de l’Institut de La Haye pour l’Innovation de la Justice (HiiL) Niger, du Doyen de la faculté des sciences politiques et juridiques, du Directeur général de l’école de formation judiciaire du Niger, du Secrétaire Général du Syndicat autonome des magistrats du Niger, ainsi que des membres de la société civile.
Les résultats des enquêtes ont révélé plusieurs problématiques centrales, telles que l’accès limité à la justice dans les zones rurales et la nécessité de réformer certains aspects du système pour mieux répondre aux attentes des justiciables. Les conclusions des enquêtes encouragent une refonte du cadre juridique, tout en mettant en lumière l’importance de renforcer les capacités des acteurs du secteur à travers l’innovation et la mise en œuvre de meilleures pratiques.
Données révélatrices sur les problèmes de justice
L’enquête de 2024, qui a porté sur un échantillon de 3 068 personnes, a révélé des données saisissantes sur la situation de la justice au Niger. 61% des Nigériens ont fait face à un ou plusieurs problèmes de justice au cours des 12 derniers mois, un chiffre qui témoigne des difficultés d’accès à une justice équitable et rapide. Les hommes (67%) et les personnes vivant en milieu urbain (68%) sont plus touchés par ces problèmes que les femmes (52%) et les résidents des zones rurales (59%).
Les crimes et délits représentent le type de problème le plus fréquent, touchant 23% des Nigériens ayant signalé des difficultés juridiques, suivis des litiges fonciers (17%) et de la violence domestique, qui affecte de manière disproportionnée les femmes (18% contre 7% pour les hommes).
Action et résolutions : les Nigériens à la recherche de solutions
Face à ces problèmes, 73% des Nigériens ont entrepris des actions pour tenter de résoudre leurs différends. Fait intéressant, les habitants des zones rurales sont plus enclins à agir (75%) que ceux des zones urbaines (66%). Cependant, bien que les hommes soient légèrement plus actifs dans la prise de mesures (75% contre 71% pour les femmes), l'écart entre les genres reste modéré.
Les modes de résolution privilégiés montrent une préférence pour les solutions non formelles : 40% des personnes cherchent à négocier directement avec l'autre partie, tandis que 33% se tournent vers un membre de la famille pour obtenir de l'aide. Les tribunaux formels ne sont sollicités que par 5% des justiciables, mettant en lumière un certain scepticisme à l'égard du système judiciaire officiel ou des barrières d’accès.
Un système de justice encore sous pression
Malgré ces efforts, seulement 35% des Nigériens ayant pris des mesures ont réussi à résoudre complètement leurs problèmes de justice, tandis que 9% ont obtenu une résolution partielle et 36% ont dû abandonner leurs démarches. Toutefois, parmi ceux ayant résolu leurs problèmes, 72% se disent satisfaits des résultats, ce qui souligne l'importance de la poursuite d'une justice accessible, rapide et centrée sur les besoins des justiciables.
Un nouveau souffle pour un accès équitable à la justice
Lors de l'atelier de diffusion des données sur la justice au Niger, Madame Souleymane Aminatou Daouda Hainikoye, Country Manager de l’Institut de La Haye pour l’Innovation de la Justice (HiiL) Niger, a prononcé un discours engageant, mettant en lumière les enjeux du Programme d’Innovation de la Justice au Niger. Ce programme, mis en œuvre en collaboration avec le Ministère de la Justice, représente une étape cruciale pour rendre la justice plus accessible à tous les Nigérien(ne)s.
Madame Hainikoye a souligné que ce programme, soutenu par l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas, vise à rendre la justice plus humaine et accessible, en s’appuyant sur un nouveau paradigme, celui de la "Justice axée sur les Personnes". Ce concept s’inscrit dans la vision de l’Objectif de Développement Durable 16.3, visant à garantir l’accès à la justice pour tous.
Madame Hainikoye a ensuite partagé une réalité alarmante : « Le monde est confronté à une crise de justice sans précédent. Aujourd’hui, 5,1 milliards de personnes n’ont pas réellement accès à la justice ». Pour elle, ce chiffre témoigne de l’urgence d’agir, d’où la création d’une coalition d’action internationale pour la justice, dont le Niger fait partie. Cette initiative vise à promouvoir des réformes judiciaires en tenant compte des besoins réels des populations.
S’adressant aux participants, Madame Hainikoye a insisté sur le rôle crucial des données dans cette transformation : « Il est essentiel de comprendre que les données sont la pierre angulaire de toute réforme efficace. Elles permettent aux praticiens de la justice de voir où les besoins sont les plus pressants et quelles solutions peuvent être apportées ». Les trois enquêtes réalisées en partenariat avec le Ministère de la Justice ont permis d’identifier les défis que rencontrent les Nigérien(ne)s en matière de justice, que ce soit en milieu urbain ou rural. « Ces données nous montrent les parcours des justiciables, les obstacles auxquels ils font face et les solutions qu’ils choisissent ».
Elle a poursuivi en soulignant l’importance pour les décideurs politiques de s’approprier ces informations : « Les données ne sont pas là simplement pour être collectées, elles doivent changer la manière dont les politiques sont conçues et mises en œuvre. Elles permettent de prendre en compte les perceptions et les attentes de la population ».
Pour terminer, Madame Hainikoye a exprimé sa confiance dans l’impact que ce programme aura : « Nous espérons vivement que ces données vous aideront à imaginer de nouvelles approches pour relever les défis liés à l'accès à la justice ». Elle a ajouté avec conviction : « Ce programme est une opportunité de rendre la justice accessible à tous, et nous sommes déterminés à faire avancer cette vision ».
Des données au service de la justice au Niger, neamoins un défi pour leur appropriation
Dans son allocution d'ouverture officielle de l'atelier, Madame Haouaou Dioula, représentante du Ministère de la Justice, a rappelé que cet atelier s'inscrit dans le cadre d'une composante essentielle du PIJN : la collecte et la diffusion des données. Elle a souligné l'importance de cet exercice : « L’objectif de cet atelier est de partager et promouvoir l’utilisation des données issues des trois enquêtes sur les besoins et la satisfaction en matière de justice au Niger ».
Les enquêtes, menées sous la direction du Ministère de la Justice en partenariat avec l’Institut de La Haye pour l’Innovation de la Justice (HiiL), ont mis en lumière les principaux problèmes auxquels les Nigérien(ne)s des villes comme des campagnes sont confrontés. Madame Dioula a insisté sur la nécessité de comprendre les obstacles rencontrés par les justiciables pour mieux orienter les réformes du système judiciaire.
Ces enquêtes, menées en 2021, 2023 et 2024, ont permis d’identifier les parcours des justiciables, les mécanismes de résolution de leurs litiges, et les sources d'information auxquelles ils ont recours. « Ces données fournissent aux décideurs politiques une base solide pour ajuster leurs stratégies en fonction des besoins réels de la population, tout en renforçant la transparence et la redevabilité des gouvernants », a-t-elle déclaré.
Madame Dioula a également mis en exergue le défi majeur qui reste à surmonter : « Le principal défi demeure l’utilisation et l’appropriation des données par les acteurs de la justice, les chercheurs et les médias ». Elle a souligné que l'implication des médias est cruciale pour sensibiliser le public et garantir que les justiciables soient informés de leurs droits et des outils à leur disposition. Elle a conclu son discours en exprimant sa gratitude envers l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas pour son soutien indéfectible à ce programme ambitieux.
Le rôle vital des médias dans l'appropriation des données
Après le discours d’ouverture prononcé par Madame Haouaou Dioula, l’agenda de l'atelier a été riche et varié. Il a débuté par une présentation de HiiL, qui a mis en lumière les initiatives de l’institut en faveur de l’innovation dans le secteur de la justice. Ensuite, une présentation des données JNS 2024 a permis de plonger dans les résultats des enquêtes sur les besoins et la satisfaction en matière de justice au Niger.
Pour approfondir l’importance de ces données, une présentation sur l’utilisation des données JNS a été effectuée, soulignant leur pertinence pour les acteurs judiciaires dans leurs activités et leur planification stratégique. L’atelier s'est conclu par une discussion ouverte, offrant aux participants l'occasion d'échanger sur les enjeux soulevés et sur les moyens d’optimiser l'utilisation de ces données.
Les médias, en tant que relais d'information et d’éducation pour le grand public, sont appelés à jouer un rôle crucial dans la diffusion des résultats de ces enquêtes. Ils permettront ainsi de sensibiliser la population aux réformes à venir et d’encourager une appropriation de ces changements par l’ensemble des acteurs du secteur judiciaire. Ces informations constituent une base fondamentale pour guider les futures réformes judiciaires et assurer une meilleure prise en charge des justiciables, conformément aux Objectifs de Développement Durable 16.3 des Nations Unies. La méthodologie innovante de Justice Axée sur les Personnes (JAP), au cœur de l’approche de HiiL, place les expériences et les besoins des Nigériens au centre des réformes.
À travers cette présentation des données, HiiL et le Ministère de la Justice visent à encourager une appropriation des résultats par les acteurs judiciaires, qu’ils soient issus du secteur public ou privé, afin de mieux répondre aux besoins des Nigériens en matière de justice. Le défi est de taille, mais l'ambition de HiiL est claire : d'ici 2030, permettre à 150 millions de personnes dans le monde, dont une grande partie au Niger, de prévenir ou résoudre leurs problèmes de justice les plus pressants, en s'appuyant sur des solutions innovantes et centrées sur les citoyens. Avec ce programme en place, le Niger peut espérer voir une amélioration tangible de l’accès à la justice, fondée sur les besoins réels des Nigériens et soutenue par des approches novatrices, tout en renforçant la confiance des citoyens dans leur système judiciaire.
A.Karim (actuniger.com)
Commentaires
De quelle JUSTICE fait on cas la même ????
Quand des voleurs de pintade ou de sac de mil se retrouvent en prison sans aucune idée de quand ils verront le dehors alors que les TERRORISTES FINANCIERS, les Voleurs officiels , detourneurs de milliards du peuple , circulent non inquiétés et se promenant librement tout en continuant de narguer le même peuple qu'ils ont expolié, volé....
Ils se reconnaissent, le peuple les connait et TOTO A DIT croit savoir qui ils sont ....
A t on dit JUSTICE AU NIGER?
Quelle blague à faire sourire....