Réduction du prix à la pompe du carburant : en attendant l’impact sur le coût de la vie, une baisse diversement appréciée par les citoyens
Les autorités nigériennes ont annoncé, mercredi 17 juillet à travers un communiqué, une réduction des prix des hydrocarbures. Ainsi, à compter du 23 juillet 2024, le litre d’essence (Super 91) passe de 540 à 499 FCFA et celui de gasoil de 668 à 618 FCFA. Selon le gouvernement, l'objectif visé par cette mesure est de permettre la baisse du prix des transports et par voie de conséquence celle du prix des produits de première nécessité. Les opérateurs économiques ont ainsi été invités par le CNSP à répercuter cette baisse sur les prix des produits et services. En attendant l’impact sur le coût de la vie, la décision est diversement appréciée par les citoyens. Certains saluent l’effort d’autant que c’est une première depuis une décennie alors que le Niger produit et raffine son pétrole, et d’autres estiment qu’elle est insignifiante dans le contexte actuel marqué par une inflation galopante, surtout pour les produits de première nécessité et de grande consommation.
Ils étaient nombreux les nigériens qui s’attendaient à une baisse conséquente des prix à la pompe de l’essence et du gasoil depuis l’annonce faite par les autorités de Transition, le 24 juin dernier en Conseil des ministres, de la mise en place d’un Comité chargé de réfléchir sur la révision de la structure des prix des hydrocarbures dans une perspective de réduction. C’est en toute logique que beaucoup ont été déçus de la décision que vient d’annoncer le gouvernement à travers un communiqué publié dans la soirée du mercredi 17 juillet 2024 et dans lequel, une baisse des prix à la pompe de l’essence et du gasoil a été consentie par le gouvernement.
Selon le communiqué du Secrétaire général du gouvernement, à compter du 23 juillet 2024 à minuit et sur l'ensemble du territoire national, les prix des hydrocarbures sont fixés comme suit: Super 91 [essence]: 499 FCFA, le litre, Gasoil: 618 FCFA, le litre. Jusque-là, l'essence se vend à 540 f CFA le litre, tandis que le gasoil s'achète à 668 f CFA le litre et d’après le gouvernement, cette réduction s'aligne dans la droite ligne des engagements annoncés à l'issue du conseil des ministres du lundi 24 juin 2024, à l'initiative du Chef de l'Etat, le Général de Brigade Abdrahamane Tiani, Président du CNSP. Et d’ajouter que l'objectif visé par cette réduction du prix à la pompe est de « permettre la baisse du prix des transports et par voie de conséquence celle du prix des produits de première nécessité ». Par conséquent, poursuit le communiqué, «le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie et le Gouvernement invitent l'ensemble des opérateurs économiques à répercuter cette baisse sur les prix des produits et services conformément aux engagements souscrits ». En tout état de cause, est-il précisé, « les services compétents de l'Etat sont instruits pour prévenir et réprimer toute tentative de fraude à l'encontre de cette mesure».
Une baisse des prix du carburant attendue depuis plus décennie
La décision du gouvernement a été diversement appréciée par les citoyens d’autant que les résultats du Comité technique qui a été mis en place pour mener le travail de réflexion n’ont pas été divulgués pour permettre aux citoyens de prendre connaissance de tous les aspects entourant la détermination des prix des carburants. Certains estiment que c’est un premier pas alors que d’autres trouvent que les autorités auraient pu mieux faire avec une baisse conséquente. Elle n’est, en effet, que de 41f pour le litre d’essence et 20 f pour le gasoil. Cependant, pour l’essentiel, l’effort des autorités militaires a été salué car cela fait presque plus d’une décennie que les consommateurs attendent cette baisse d’autant que le Niger produit et raffine son pétrole depuis 2012 et une bonne partie du carburant est exporté vers les pays voisins. « Cette baisse était réclamer depuis des années par les populations mais les anciens régimes dits démocratiques ont fait la sourde oreille. Maintenant, le CNSP a entendu nos doléances et à commencer à réduire les prix, c’est un bon début et on espère dans l’avenir d’autres décisions dans le même sens », a écrit un activiste.
C’est ce qu’a mis aussi en avant le patron de presse et membre du ROTAB, Ali Idrissa Nani. « Depuis 2013, les prix des hydrocarbures viennent de connaître une baisse dans notre pays. Nous saluons et encourageons les autorités dans l'élan de soulager les ménages face à cette situation de hausse des prix des produits de première nécessité », a-t-il estimé dans un poste sur X (anciennement Twitter). Sur les réseaux sociaux, les commentaires font florilège et chacun y va de son appréciation en avançant des arguments accompagnés parfois de stimulation sur l’impact de cette baisse, aussi peu significative qu’elle soit, sur les consommateurs. « Au-delà d’être un geste noble et très attendu depuis des années, la baisse relative du prix des carburants devrait contribuer à réduire l’impact de l’inflation sur les ménages au Niger et, par ricochet, améliorer leur pouvoir d’achat », avance également l’économiste Adamou Louché Ibrahim. « Dans le contexte actuel, toute mesure tendant à atténuer les difficultés pour les citoyens surtout les plus vulnérables, est à saluer », a commenté un autre.
Certains par contre ne sont pas du même avis. « Cette baisse est insignifiante et il faut le dire que la montagne a accouché d’une souris car on attendait plus du gouvernement. C’est avant tout notre propre pétrole qu’on exploite depuis maintenant plus d’une décennie sans que la population en profite réellement », s’insurge un autre internaute pour qui, « ce n’est pas avec cette petite baisse que le prix de la course de taxi ou celui de la baguette de pain va diminuer alors que tout est devenu très cher actuellement ».
Un autre aspect que d’autres citoyens mettent en avant pour souligner que le gouvernement aurait dû faire mieux, c’est la lutte contre le carburant de contrebande. C’est le cas de Gamatié Moumouni Djibo, cadre de l’administration, qui estime que bien qu’un effort a été fait, « néanmoins concurrencer le prix de la contrebande aurait non seulement compensé la cherté galopante de la vie mais surtout récompensé la résilience du vaillant peuple nigérien qui a énormément enduré et ce malgré que son pays produit et raffine du pétrole depuis plus d’une décennie ». Il est vrai qu’à l’intérieur du pays, surtout dans les régions frontalières du Nigeria, le prix du litre d’essence se négocie entre 350 et 400 fcfa sur tous les étals qui bordent les routes de ces localités comme Dosso, Konni, Maradi ou Zinder, sur la RN1.
En attendant, c’est l’impact de cette réduction des prix sur le coût de la vie pour les citoyens qui permettra véritablement d’apprécier la décision des autorités de transition à sa juste valeur. Si pour le citoyen lambda et autres petits consommateurs, la baisse peut s’avérer insignifiante, par contre, pour les gros consommateurs comme les compagnies de transport, cela va leur générer de substantielles économies. Selon nos informations, des réunions ont été tenus entre les techniciens du gouvernement notamment du Ministère de l’Industrie et du Commerce ainsi que ceux de la Chambre de Commerce (CCIN) pour étudier les voies et moyens pour les opérateurs économiques de répercuter sur les prix des produits et services de cette baisse du carburant. Des simulations ont été faites pour en évaluer l’impact à travers différents scénarios avant que les nouveaux prix ne soient déterminés et des engagements ont été pris de part et d’autres. Pour les citoyens, l’essentiel c’est comme le disent les hausa, « de voir à terre », « mugani kass a kassa » !
A.Y.Barma (actuniger.com)
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