Lancement national du Projet EWASME : une initiative régionale pour promouvoir l’entreprenariat féminin et booster la productivité des PME rizicoles
L’Hôtel Radisson Blu de Niamey a servi de cadre, jeudi 20 juin 2024, à l’atelier de lancement national d’EWASME, un programme régional du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) visant à renforcer les capacités des petites et moyennes entreprises nigériennes dirigées par des femmes dans la filière rizicole. Cette initiative, mise en œuvre en partenariat avec le gouvernement du Niger à travers le ministère de l’Agriculture et la Banque Islamique de Développement (IsDB) avec le soutien de Women Entrepreneurs Finance Initiative (We-Fi), se concentre sur l’autonomisation économique des femmes à travers l’accompagnement technique et en gestion, ainsi qu'un appui pour l’amélioration des pratiques commerciales et l’accès à de nouveaux marchés. Le projet cible 300 PME au Niger. À terme, l'objectif du projet EWASME est de réduire la pauvreté, d’accroître la sécurité alimentaire et d’autonomiser les femmes des zones rurales tout en améliorant la compétitivité des chaînes de valeur du riz local.
C’est la Directrice Générale de l'Agriculture, Madame Amina Abass, qui a présidé la cérémonie officielle de l'atelier de lancement national du projet EWASME, en présence de M. Habibou Djibo Amadou, représentant de la Banque Islamique de Développement (BID, IsDB) au Niger, et de Madame Jane O. Yeboah, représentante résidente adjointe du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). L’événement a également été rehaussé par la présence des secrétaires généraux des gouvernorats des régions de Niamey, Dosso et Tillabéri, le représentant du Réseau National des Chambres d'Agriculture (RECA), les membres du comité de pilotage du projet EWASME, les représentants des ministères sectoriels, ainsi que les représentants des organisations de producteurs et des acteurs des chaînes de valeur agricoles. De nombreux invités étaient présents, dont une forte proportion de femmes entrepreneures et dirigeantes de PME spécialisées dans l’agrobusiness.
Le Projet EWASME, une initiative régionale pour l’autonomisation des femmes et la sécurité alimentaire des populations
Plusieurs allocutions ont marqué la cérémonie d’ouverture, dont celle introductive du représentant de la BID au Niger, qui s’est félicité de la tenue de cet événement consacrant le démarrage effectif du programme EWASME au Niger. « Avec ce lancement officiel du programme EWASME, nous entrons dans la phase de mise en œuvre effective du projet, ce qui est très encourageant et motivant. En effet, après la mise en place du comité national de pilotage et la validation du programme de travail et du budget 2024, qui ont permis le décaissement des fonds par la BID, tous les préalables sont désormais réunis pour le démarrage effectif des activités du projet en faveur des femmes bénéficiaires », a souligné M. Habibou Djibo. Il a rappelé les enjeux de ce programme régional initié par la Banque Islamique de Développement pour répondre spécifiquement aux contraintes rencontrées par les femmes entrepreneures dans la chaîne de valeur du riz. En effet, a-t-il poursuivi, « le riz est l'une des cultures vivrières les plus importantes de l'Afrique subsaharienne pour la sécurité alimentaire et l'activité économique, et la participation des femmes dans cette industrie est vitale mais reste limitée en raison des contraintes financières et non-financières ». C'est pourquoi, a-t-il ajouté, le projet EWASME a été conçu par la BID pour permettre de surmonter ces obstacles et d'apporter un soutien à l'amélioration et au développement des PME et des TPE détenues ou dirigées par des femmes dans la chaîne de valeur du riz en Guinée, au Niger, au Sénégal et en Sierra Leone.
Le programme EWASME vise à améliorer la productivité et les compétences en affaires des entreprises féminines d'Afrique de l'Ouest, avec pour objectif d'accroître leurs bénéfices et d'améliorer leurs relations d'affaires ainsi que leur engagement dans des chaînes d'approvisionnement plus importantes. Dans cette dynamique, EWASME s'efforcera de développer les capacités de 1 000 PME et TPE détenues et gérées par des femmes (500 PME et 500 TPE) engagées dans des activités de post-production dans la chaîne de valeur du riz en Guinée, au Niger, au Sénégal et en Sierra Leone. L'objectif pour le Niger est de 310 TPE et PME féminines, soit 155 TPE et 155 PME, dont il s'agira de développer les capacités de post-production et d'entreprise, combinées à des subventions de contrepartie, d'améliorer l'accès au marché et de créer un environnement favorable grâce à des réformes juridiques et réglementaires visant à soutenir l'esprit d'entreprise des femmes dans les pays ciblés.
Selon M. Djibo, le coût total du programme est de 12,25 millions d'USD, dont 11,25 millions d'USD de subvention provenant des ressources de l'Initiative de Financement des Femmes Entrepreneurs (We-Fi) que la BID a pu mobiliser et 1 million d'USD de contribution du PNUD, au profit de la Guinée, du Niger, du Sénégal et de la Sierra Leone. Sur le montant total de la subvention, trois millions deux cent vingt et un mille cinq cent cinquante dollars US (3 221 550 USD) ont été alloués pour les entreprises des femmes au Niger. « Au nom de la Banque Islamique de Développement, je vous remercie par avance de l'intérêt que vous portez au projet EWASME, dont nous sommes convaincus qu'il contribuera à la réalisation des objectifs de développement socio-économique fixés par le gouvernement du Niger », a-t-il conclu avant d’assurer tous les acteurs et partenaires de cette initiative de « l'engagement et de la volonté de toute l'équipe de la BID de soutenir le projet dans la réalisation de ses objectifs ».
Transformer les chaines de valeurs à travers des solutions aux obstacles qui freinent la productivité des PMEs rizicoles dirigées par des femmes
Dans le discours qu’elle a prononcé à cette occasion, la représentante résidente adjointe du PNUD au Niger, Mme Jane O. Yeboah, a tenu tout d’abord à transmettre les chaleureuses et fraternelles salutations de Dr Nicole Kouassi, représentante résidente du PNUD au Niger, à l’ensemble des participants à l’activité. Elle a ensuite rappelé les enjeux, objectifs et perspectives de cette initiative régionale, particulièrement au Niger où « le riz reste une culture importante et joue un rôle stratégique pour la sécurité alimentaire au Niger et dans d'autres pays de la sous-région ». Toutefois, a-t-elle mis en exergue, « en raison des difficultés rencontrées dans ce secteur, nous continuons à dépendre fortement des importations de riz pour répondre à la demande croissante de consommation ». Selon Dr Yeboah, plusieurs études suggèrent que les contraintes majeures dans les chaînes de valeur du riz au Niger, comme dans d'autres pays d'Afrique de l'Ouest, incluent une faible productivité, des coûts élevés de production et de transformation du riz, et un accès limité aux marchés. « Ces chaînes de valeur sont caractérisées par un manque d'organisation entre les acteurs, un manque de financement, un faible accès à la mécanisation et aux services post-récolte », a mis en avant la représentante adjointe qui n’a pas manqué de souligner également le fait que les coopératives et les entreprises féminines impliquées dans la production et la transformation du riz sont généralement limitées par le manque de capital, les difficultés d'accès aux intrants agricoles, le manque d'accès aux technologies de production et de transformation de base, le faible accès aux marchés des intrants et des extrants, et la faible disponibilité de programmes de développement des capacités ciblés. C'est donc pour répondre à tous ces défis que le projet EWASME a été conçu par la BID et le PNUD pour être mis en œuvre dans quatre pays participants d'Afrique de l'Ouest (Sénégal, Niger, Guinée et Sierra Leone), financé par l'Initiative de financement des femmes entrepreneurs (We-Fi), la BID et le PNUD, a expliqué Mme Jane O. Yeboah.
« Le projet d'autonomisation des entreprises féminines ouest-africaines dans les chaînes de valeur riz (EWASME) s'inscrit comme une initiative audacieuse, visant à transformer les filières rizicoles dans quatre pays clés, la Guinée, le Niger, le Sénégal et la Sierra Leone. Il pourrait non seulement renforcer la sécurité alimentaire, mais également générer des revenus pour les producteurs et créer des emplois pour les jeunes et les femmes. À une époque où l'agriculture demeure la colonne vertébrale de l'économie de ces nations, ce programme se présente comme un catalyseur de changement, visant à insuffler une nouvelle vie dans les filières rizicoles, souvent entravées par des défis multiples. Je suis convaincue que ce projet sera un tremplin vers l’autonomisation des femmes nigériennes à travers les petites et moyennes entreprises œuvrant dans la transformation et la commercialisation du riz », a déclaré Mme Jane O. Yeboah, représentante résidente adjointe du PNUD au Niger.
La représentante adjointe du PNUD au Niger a précisé que les activités prévues dans le cadre de la mise en œuvre du projet comprennent des formations, des sensibilisations communautaires, des actions de plaidoyer et des dialogues politiques pour surmonter les obstacles structurels. « Les résultats attendus sont ambitieux : amélioration du statut économique des femmes dans l'agriculture et les entreprises rurales, accroissement de la compétitivité des filières rizicoles et réduction de la dépendance aux importations, si vraiment l’objectif est de rendre ce pays résilient », a souligné Mme Yeboah qui a saisi l’occasion pour exhorter l’ensemble des acteurs à un engagement sans faille pour l’atteinte des objectifs fixés et ainsi impulser un changement positif et promouvoir le développement durable au Niger. Elle a enfin saisi l’occasion pour remercier la Banque Islamique de Développement (BID) pour « son engagement dans cette chaîne de valeur » ainsi que dans d'autres chaînes de valeur dans lesquelles les deux institutions collaborent. « Il est crucial d'exprimer notre gratitude, surtout dans un contexte où les financements ne sont pas toujours garantis. J'espère que nous pourrons continuer à compter sur tous nos partenaires, car chacun est impliqué dans la poursuite de notre objectif commun : la transformation de l'agriculture au Niger », a déclaré Mme Jane O. Yeboah, représentante adjointe du PNUD au Niger.
En procédant au lancement officiel du projet, la directrice générale de l’agriculture a rappelé les enjeux de l’initiative pour le Niger où, comme un peu partout en Afrique sub-saharienne, l'agriculture constitue le moyen de subsistance de nombreux ménages, notamment ceux dirigés par des femmes vivant dans les zones rurales. « Les cultures vivrières céréalières restent la base de la production et de la consommation des populations nigériennes et de ce fait, elles jouent un rôle essentiel dans la sécurité alimentaire », a indiqué Mme Amina Abass, qui a d’ailleurs tenu à souligner qu’au Niger, le riz, qui est la troisième céréale après le mil et le sorgho tant du point de vue de la superficie que de la production, est considéré comme un produit stratégique car il joue un rôle important dans l'économie et dans la consommation des ménages urbains et ruraux. Cependant, a-t-elle reconnu, « la compétitivité du riz local est compromise, la majorité de la demande étant satisfaite par des importations asiatiques en raison des obstacles tels que l'accès limité à la technologie, aux semences améliorées et aux marchés, qui ont un impact disproportionné sur les femmes, creusant davantage les fossés économiques ».
C’est pourquoi, la directrice générale de l’agriculture a estimé que le projet d'autonomisation des entreprises féminines ouest-africaines dans les chaînes de valeur riz (Empowering West African Women Small and Medium Enterprises, EWASME) s'inscrit comme « une initiative audacieuse », visant à transformer les filières rizicoles dans quatre pays, à savoir la Guinée, le Niger, le Sénégal et la Sierra Leone. À juste titre, elle a souligné que le projet s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du programme de résilience pour la sauvegarde de la patrie (PRSP) et traduit l'engagement du ministère de l'Agriculture et de l'Elevage (MAE) dans l'atteinte des objectifs de souveraineté alimentaire au Niger. « À une époque où la question de la souveraineté alimentaire demeure un défi, notamment pour les hautes autorités de nos États, ce programme se présente comme un catalyseur de changement, visant à contribuer à la nouvelle dynamique dans les filières rizicoles, souvent entravées par des défis multiples », a affirmé Mme Amina Abass, qui n’a pas manqué de s’appesantir sur l’importance stratégique des résultats attendus de ce projet ambitieux. Il s’agit notamment de l’amélioration du statut économique des femmes dans l'agriculture et les entreprises rurales ainsi que de l’accroissement de la compétitivité des filières rizicoles.
Après la cérémonie solennelle de lancement, les travaux de l’atelier ont débuté avec une présentation succincte et plus détaillée du projet aux participants par M. Mourtala Sani, expert au PNUD Niger. Lors de sa présentation, il a souligné le contexte justifiant le projet, ses objectifs visant à renforcer la chaîne de valeur du riz, et les quatre principaux défis auxquels font face les entreprises dirigées par des femmes. Il a également mis en avant les indicateurs à moyen terme du projet, incluant la création de 5 000 emplois directs et 20 000 emplois indirects, ainsi qu'une augmentation prévue du revenu pour 1 000 bénéficiaires. Enfin, il a présenté le plan d'actions pour l'année 2024 visant à atteindre ces objectifs ambitieux. Selon les explications, un appel à candidature sera lancé dans les jours à venir à l'endroit des femmes nigériennes actives dans la filière riz pour développer leurs entreprises et projets dans le secteur. Dans ce cadre, un comité national de sélection est déjà mis en place en collaboration avec la direction générale de l'agriculture (DGA). Il y aura d'abord une présélection, puis la sélection définitive des 158 entreprises qui bénéficieront d’un accompagnement technique et en gestion ainsi que d’un appui pour améliorer leurs pratiques commerciales afin de pouvoir accéder à de nouveaux marchés.
À travers cette stratégie de mise en œuvre, le projet EWASME permettra ainsi l’autonomisation des petites et moyennes entreprises des femmes ouest-africaines dans les chaînes de valeur du riz, ainsi que de réduire la pauvreté, d'accroître la sécurité alimentaire et d'autonomiser les femmes des zones rurales, tout en améliorant la compétitivité des chaînes de valeur du riz local.
A. Karim Moumouni (actuniger.com)
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