Appui au secteur financier : le Groupe de la Banque mondiale échange avec les acteurs pour identifier les besoins nécessaires à la relance
Le Groupe de la Banque mondiale prévoit de reprendre les discussions clés sur son rôle dans le développement du secteur financier au Niger. Des consultations ont ainsi été engagées avec les parties prenantes pour examiner les répercussions des sanctions financières sur ce secteur et pour définir les modalités d'un engagement à long terme. C’est dans ce cadre que l’hôtel Radisson Blu de Niamey a abrité, lundi 3 mai 2024, un atelier d'échanges sur les besoins d'appui au développement du secteur financier, à l’initiative conjointe de la Banque mondiale et de la Société Financière Internationale (SFI). La rencontre, qui a réuni les acteurs du secteur bancaire et financier du pays, vise à permettre au Groupe de la Banque mondiale, à travers ces deux institutions présentes dans le pays, d’identifier les défis et besoins prioritaires des institutions financières au Niger, de mieux comprendre l'impact des sanctions financières sur le fonctionnement du secteur financier et de définir les contours d'un appui éventuel au développement du secteur, en droite ligne avec les objectifs des autorités d’impulser une nouvelle dynamique à la croissance du secteur privé.
C’est à travers une cérémonie solennelle que se sont ouverts les travaux de l’atelier, qui s’est déroulé en présence du Secrétaire général adjoint du ministère des Finances, Monsieur Sama Mamane. On notait également la présence, pour l’occasion, du Directeur sectoriel du département Finance, Compétitivité et Innovation pour la région de l'Afrique de l’Ouest et du Centre à la Banque mondiale, M. Douglas Pearce, du représentant régional de la Société Financière Internationale (SFI), M. Sylvain Kakou, du représentant de la Banque mondiale, ainsi que des directeurs généraux des banques et établissements financiers du Niger et d’autres institutions publiques et privées de financement, notamment le Secrétaire exécutif du Fonds d’appui aux Petites et Moyennes Entreprises (FONAP) et celui de la Stratégie nationale pour la finance inclusive (SNFI).
La Banque mondiale et la SFI engagées à soutenir le développement du secteur financier nigérien
Dans l’allocution introductive qu’il a prononcée à cette occasion, le Directeur Sectoriel du Département Finance, Compétitivité et Innovation pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre à la Banque mondiale, a indiqué que c’est avec « une grande satisfaction » que la Banque mondiale reprend ses activités à la suite d'une longue période marquée par un contexte difficile où les institutions financières n'ont ménagé aucun effort pour subvenir aux besoins urgents des populations nigériennes. Monsieur Douglas Pearce a tenu à saluer, au nom de l’institution, « ce courage et cette détermination de l'écosystème bancaire et financier » du Niger durant cette période. « Le secteur financier, comme vous le savez, constitue le maillon essentiel de toute économie. Il permet de fluidifier les échanges financiers et commerciaux sur lesquels repose le secteur privé. Sans secteur financier performant, incluant la majorité des populations, le Niger restera en retrait d'une croissance forte et inclusive », a-t-il souligné. De ce fait, M. Pearce a estimé qu’il s'avère important d'analyser de manière froide et transparente les défis du secteur financier, en particulier de l'accès au financement des micro, petites et moyennes entreprises (MPME). C’est dans ce cadre, a-t-il poursuivi, que la Banque mondiale et la SFI ont organisé cet atelier d’échanges qui vise principalement à renouer avec la communauté bancaire et financière, identifier les défis et besoins prioritaires des institutions financières au Niger, mieux comprendre l'impact des sanctions financières sur le fonctionnement du secteur financier et enfin, définir les contours d'un appui éventuel au développement du secteur financier. En effet, a indiqué M. Douglas Pearce, les différentes interventions, tant de la BCEAO, que des associations des banques et établissements financiers, des systèmes financiers décentralisés, du FONAP, de la SAHFI et du FDIF, vont permettre au Groupe de la Banque mondiale de mieux cerner les défis qui se dressent à l'atteinte d'une stabilité financière, d'un financement conséquent du secteur privé, et d'une inclusion financière à l'image des pays voisins.
Dans la même dynamique, le Directeur du Département Finance, Compétitivité et Innovation pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre à la Banque mondiale a mis en exergue la place fondamentale de la lutte contre le changement climatique et le rôle important que pourrait jouer le secteur financier. À ce sujet, il a rappelé que la Banque mondiale a élaboré en 2022 un diagnostic climat et développement (appelé CCDR) pour les pays du G5 Sahel. « Ce rapport nous interpelle sur l'urgence d'adopter des politiques adaptatives pour éviter un recul de la croissance à l'horizon 2050, qui pourrait atteindre 12 % au Niger », a estimé M. Pearce, qui a tenu à saluer l’ensemble des participants pour leur présence à la rencontre ainsi que les différents intervenants qui ont préparé des présentations très exhaustives afin d’enrichir les travaux de l’atelier.
Le représentant de la SFI pour le Sahel s’est aligné dans la droite ligne de son collègue de la Banque mondiale en se félicitant de cette initiative conjointe des deux organismes pour le développement du secteur privé nigérien, en particulier le secteur financier, qui en est la cheville ouvrière. « Cet atelier est vraiment une opportunité pour nous de pouvoir renouer les discussions avec les acteurs que vous êtes : les banques, les établissements financiers au Niger, les organes de régulation ainsi que la Banque centrale », a rappelé M. Sylvain Kakou, qui en a profité pour annoncer que les échanges vont continuer. L'objectif, a-t-il indiqué, est « d'avoir des discussions spécifiques sur le secteur financier, comprendre un peu les besoins des opérateurs du pays, et voir comment les sanctions ont impacté chacune des banques en particulier ». Il a en ce sens ajouté que les échanges devront également porter sur les engagements que le Groupe de la Banque mondiale peut prendre ainsi que sur les soutiens à apporter au secteur financier dans le cadre des opérations qui viennent de redémarrer. « Pour la SFI, nous avons continué à travailler avec certains des opérateurs même pendant la crise pour continuer à développer la résilience que vous avez déjà », a conclu M. Kakou.
Des pistes pour relever les défis du secteur financier nigérien
En procédant à l’ouverture de l’atelier, le Secrétaire général Adjoint du Ministère de l’Économie et des Finances a tenu tout d’abord à saluer la forte présence des participants, ce qui témoigne de l'intérêt qu’ils accordent au développement du secteur financier nigérien. M. Sama Mamane a particulièrement adressé ses remerciements à la Banque mondiale et à la SFI pour la délégation de haut niveau qu’elles ont dépêchée en mission au Niger à la suite d'une demande qui a été faite par le gouvernement du Niger. « Il vous souviendra qu’au lendemain des événements du 26 juillet 2023, notre pays a été soumis à des sanctions injustes et inhumaines sans précédent qui ont porté sur pratiquement tous les secteurs de la vie socio-économique de notre pays », a-t-il rappelé avant d’ajouter que face à cette situation, le gouvernement et le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie avaient pris des mesures fortes pour sauvegarder les intérêts du Niger. À ce propos, il a souligné que des priorités avaient été dégagées, notamment pour assurer la sécurité des citoyens, la sécurité alimentaire ainsi que d’autres engagements forts qui ont été pris dans le même cadre. Tout en soulignant qu’il s’agit là de mesures à court terme, il a annoncé que les autorités de transition sont en train de mettre en place des mesures à moyen terme à travers un programme de développement intitulé Programme de résilience pour la sauvegarde de la patrie (PRSP) et qui est actuellement en cours de finalisation. « Un des axes de ce programme porte sur l'amélioration de la croissance et de l'emploi. Le secteur privé a donc un rôle très important à jouer et plus particulièrement le secteur financier. Et c'est fort de cette volonté que le gouvernement avait demandé à la Banque mondiale de l'aider à formuler un programme sur le développement du secteur financier et du secteur privé et c'est suite à cette requête que la Banque mondiale a vraiment immédiatement répondu favorablement et qu'elle était prête, en relation avec la SFI, donc tout le Groupe de la Banque mondiale, à se mettre à la disposition du Niger pour l'accompagner à formuler ce programme et à l’aider pour son financement », a expliqué le Secrétaire général adjoint du Ministère de l’Économie et des Finances.
Dans son intervention, M. Sama Mamane n’a pas manqué de se féliciter des objectifs fixés à cet atelier ainsi que des rencontres qui vont suivre et qui visent à identifier l’essentiel des besoins du secteur financier pour qu'il contribue de manière pertinente et adéquate aux actions définies par le gouvernement et déclinées dans le programme de résilience pour la sauvegarde de la patrie (PRSP). Il a invité les acteurs de l’écosystème financier nigérien, notamment les directeurs généraux des banques et des établissements financiers, à procéder ensemble avec la mission de la Banque mondiale et de la SFI, à une évaluation objective de la situation ainsi que de leurs besoins afin qu’ils puissent être pris en charge pour que le secteur financier contribue valablement à la croissance du pays.
Après la cérémonie d’ouverture, les travaux de l’atelier ont démarré avec plusieurs présentations sur la situation du secteur financier nigérien, les principaux défis auxquels il fait face ainsi que les perspectives. D’autres présentations ont porté sur le dispositif de financement des PME ainsi que les solutions pour le Niger en matière d’inclusion financière. Ces présentations ont été suivies d’échanges fructueux, notamment sur les défis auxquels sont confrontées les institutions financières, le soutien nécessaire pour augmenter le financement de l’économie ainsi que l’efficacité des mécanismes de financement.
En procédant à la clôture de la rencontre, Dr Fulbert Tchana-Tchana, chef des programmes à la Banque mondiale, a résumé les points clés de l’atelier et a salué la qualité des échanges ainsi que des recommandations et autres résolutions formulées par les participants.
A.Karim Moumouni (actuniger.com)
Quand le deuxième navire reste toujours en ATTENTE dans le port de Sèmè-Podji,