Accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement: à Diffa, des réalisations concrètes qui améliorent le quotidien des populations et renforcent la résilience des communautés
La crise sécuritaire qui affecte depuis quelques années la région de Diffa, et qui a engendré une crise humanitaire sans précédent à laquelle se conjuguent des chocs climatiques cycles, est venue amplifier les défis structurels de développement auxquels sont déjà confrontées les populations. C’est particulièrement le cas dans le domaine de l’accès aux services essentiels pour les populations vulnérables, notamment les enfants et les femmes, dont les indicateurs peu reluisants se sont aggravés avec la pression occasionnée par l’arrivée des personnes déplacées internes et des réfugiés, ce qui n’a pas manqué d’impact sur la cohésion sociale, déjà assez fragile et précaire. Face à cette situation et en appui aux efforts du gouvernement pour apporter des réponses à ces multiples défis, l’UNICEF a mis en œuvre un « Programme pour la résilience et la cohésion sociale dans la région de Diffa », en partenariat avec le PAM et financé par le Ministère Allemand de la Coopération Économique et du Développement (BMZ). Le programme, déployé selon une approche Nexus Humanitaire-Développement-Paix (HDP) dans plusieurs communes de la région, vise à renforcer la résilience des groupes de populations les plus vulnérables et des institutions locales par des interventions multisectorielles, et à renforcer la cohésion sociale en contribuant à une cohabitation pacifique au sein de ces communautés ciblées. Ainsi, dans le domaine de l’accès à l’eau, à l’hygiène et à l’assainissement, plusieurs interventions ont été réalisées au profit des populations, ce qui a permis d’enregistrer une progression notable des indicateurs dans ces sous-secteurs. Concrètement, ces interventions, allant de la réalisation d’adductions d’eau potable à la mise en œuvre de l’approche Assainissement total piloté par la communauté (ATPC), ont considérablement amélioré les conditions de vie quotidiennes des bénéficiaires, permettant ainsi de renforcer la résilience communautaire et la cohésion sociale.
Située dans l’extrême sud-est du pays, à la frontière avec le Nigeria et le Tchad, Diffa était l’une des régions affichant les indicateurs sociaux les plus bas du pays, notamment dans le domaine de l’accès aux services sociaux essentiels. Depuis 2015 et l’émergence de la crise sécuritaire avec le début des attaques des groupes armés terroristes, la situation s’est encore davantage dégradée avec l’afflux des personnes déplacées internes et des réfugiées fuyant les zones de violence vers des endroits considérés comme plus sûrs. Cela a engendré une véritable crise humanitaire, amplifiée également par la multiplication des chocs climatiques avec les cycles d’inondations et de sécheresse enregistrés dans la zone ces dernières années. La pression s’est exacerbée sur l’accès aux services essentiels, déjà à un niveau inquiétant, et les besoins des populations ont encore augmenté, ce qui a eu un impact sur la cohésion sociale dans la région.
En réponse à ces multiples défis multisectoriels et dans le cadre de son appui aux efforts de l’État et de ses partenaires, l’UNICEF a mis en œuvre un « Programme pour la résilience et la cohésion sociale dans la région de Diffa ». Le programme, financé par le Ministère Allemand de la Coopération Économique et du Développement (BMZ), est réalisé conjointement avec le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et en partenariat avec les services techniques déconcentrés ainsi que des ONG locales pour certaines interventions. Il vise principalement à renforcer les capacités des systèmes et des institutions pour une meilleure gouvernance, la promotion de la responsabilité, de l'efficacité et de l'inclusivité ; à renforcer l'appropriation et l'engagement des communautés dans toutes les décisions concernant leur bien-être ; et à améliorer l'accès à des services sociaux de qualité et adaptés ainsi qu'à de meilleures opportunités de subsistance grâce à la mise en œuvre d'un ensemble intégré d'interventions au niveau communautaire.
Des progrès notables dans le rehaussement des indicateurs WASH
La contribution de l’UNICEF au rehaussement des indicateurs WASH de la région concerne trois domaines essentiellement : l’accès à l’eau, l’assainissement, et la promotion des bonnes pratiques d’hygiène et l’adoption de comportements d’hygiène. Ces activités s’inscrivent dans la dynamique de l’approche Nexus Humanitaire-Développement-Paix (HDP) promue par le Bureau de Zone UNICEF de Diffa et répondent aussi bien aux problèmes d’accès à l’eau pour les populations autochtones que pour les populations déplacées, qu’elles soient internes ou réfugiées.
Les interventions ont, par exemple, concerné la construction et la gestion des ouvrages hydrauliques, notamment des postes d’eau et des mini-adductions d’eau potable en communauté ainsi que dans les institutions telles que les écoles et les formations sanitaires, qui constituent une priorité du programme, surtout dans le cadre du Nexus. Les activités ont également consisté en la réalisation ou la réhabilitation des forages équipés de pompes à motricité humaine, des postes d’eau autonomes, et des mini-AEP simples et multi-village. Ainsi, de 2021 à ce jour, les fonds BMZ ont permis de réhabiliter et de réaliser onze (11) systèmes AEP, dont une mini-AEP multi-village, quarante-trois (43) forages équipés de pompes à motricité humaine, et le raccordement aux systèmes d’adduction d’eau potable de 31 écoles et 9 centres de santé au profit de 59 510 personnes autochtones, déplacées internes et réfugiées dans les quatre communes cibles dudit financement (Diffa, Gueskerou, Chetimari et Mainé). Actuellement, une mini-adduction d’eau potable multivillage et huit (8) postes d’eau autonomes solaires sont en phase de démarrage respectivement dans les communes de Chetimari, Gueskerou, Mainé et Diffa pour couvrir les besoins en eau potable de 38 137 bénéficiaires. À terme, tous les services sociaux de base, particulièrement les écoles et les centres de santé de ces villages, seront raccordés aux systèmes d’adduction d’eau potable réalisés.
Il est également important de souligner que dans la même dynamique, la mise en œuvre de l’assainissement total piloté par la communauté (ATPC) par l’approche communale WASH dans la commune urbaine de Mainé, certifiée Fin de défécation à l’air libre (FDAL), a permis d’améliorer les conditions d’hygiène et d’assainissement pour 101 132 habitants de la commune en début 2022, et dans la commune rurale de Gueskerou en cette année 2022. En 2023, les fonds BMZ ont également été mis à contribution pour la mise en œuvre de l’approche communale WASH/ATPC dans les 14 723 ménages, totalisant 77 868 personnes de la commune de Gueskerou, également certifiée fin de défécation à l’air libre (FDAL) en avril 2024. En ce qui concerne les latrines, 40 blocs de latrines de deux cabines ont été construits et 44 autres réhabilités dans les écoles et 9 centres de santé des quatre cibles du financement BMZ (Diffa, Gueskerou, Chétimari et Mainé-Soroa), ce qui a permis d’améliorer les conditions d’hygiène et d’assainissement pour 5 194 élèves, dont 2 757 filles et 2 437 garçons. Un autre fait important à souligner est la sensibilisation des communautés et la diffusion des messages relatifs à l’hygiène en général et à certaines maladies (choléra, hépatite et autres maladies féco-orales), réalisées en partenariat avec la Croix-Rouge nigérienne, couplée avec les activités de réponse aux inondations au niveau des sites des communes de Diffa, Gueskerou, Toumour, Bosso et Goudoumaria en 2022.
Des infrastructures socioéconomiques qui améliorent le quotidien des populations
Les différentes interventions réalisées par l’UNICEF dans les quatre (04) communes de la région de Diffa cibles du programme financé par le BMZ ont permis d’améliorer non seulement les indicateurs sociaux de la région, mais aussi le quotidien des populations bénéficiaires, dont les conditions de vie ont positivement changé.
C’est le cas à l’École de Formation Artistique et Culturelle (EFAC) de Diffa, qui a bénéficié d’un forage équipé d’une pompe à motricité humaine. Mahamadou Yacouba, âgé d'une quinzaine d'années, est pensionnaire de l’établissement où il s’est inscrit dans la filière audiovisuelle et photographie. L’école offre de réelles alternatives aux jeunes de la région pour se réaliser dans la vie avec les différents métiers enseignés. « Avant de commencer cette formation, je traînais souvent dans la rue sans rien faire et parfois je suivais des amis qui prenaient des produits illicites comme la drogue dans les Fadas », nous confie-t-il avant d’exprimer sa joie d’avoir pu se retrouver dans cet établissement qui lui offre de réelles opportunités d’avenir. Il se voit déjà en professionnel de la photographie et de la caméra. Cependant, cette joie a failli s’estomper car avant les conditions d’études étaient difficiles. L’EFAC de Diffa est, en effet, située dans un quartier périphérique de la ville et n’était pas raccordée au système d’adduction d’eau potable, ce qui rendait les conditions d’études assez difficiles car il fallait souvent aller quémander de l’eau dans les habitations voisines qui n’étaient pas toujours disposées à accéder à la demande, étant elles-mêmes confrontées à des difficultés pour s’en procurer. Mais depuis que l’UNICEF, grâce au fonds BMZ, a installé une pompe à motricité humaine, c’est la joie au sein de l’établissement et cela a considérablement impacté l’apprentissage car il n'y a plus de perte de temps pour la corvée d’eau.
« Avant la réalisation de ce forage et l’installation de la pompe à motricité humaine au sein de notre école, nous étions vraiment confrontés à des difficultés pour trouver de l'eau. Il nous arrivait de devoir quémander de l'eau à nos voisins, et parfois ils refusaient. Depuis que ce forage a été réalisé, nous n'avons plus besoin d’aller chercher de l'eau ailleurs. Nous avons de l'eau ici, à volonté et de très bonne qualité. Cette eau ne sert pas seulement pour la consommation mais aussi à nettoyer les tableaux dans les classes, à nous rincer après les cours d'EPS, et à arroser les arbres autour de l'école. Nous prenons soin de ce forage car nous savons à quel point cette eau est importante pour nous. Nous sommes reconnaissants envers ceux qui ont eu l'idée de construire ce forage, particulièrement l’UNICEF et ses partenaires, car cela nous accompagne dans notre formation », déclare Mahamadou Yacouba, élève à l’EFAC de Diffa.
Dans la commune de Chétimari, l’impact est encore plus visible et le changement pour les populations, palpable. Grâce au fonds BMZ, l’UNICEF a doté par exemple les villages de Maissorodi et de Kadjimari de mini-AEP multi-village qui font la fierté des populations, surtout des femmes, et le bonheur des communautés, comme en témoignent les chefs des deux villages qui ne tarissent pas d’éloges sur l’impact de ces réalisations. Ils expriment par la même occasion leur gratitude envers les généreux donateurs et les partenaires qui ont permis ces réalisations qui changent la vie de leurs administrés au quotidien. En plus du raccordement des écoles et des cases de santé au système d’eau potable, ces mini-AEP multi-villages sont venus alléger voire mettre fin à la pénible corvée d’eau pour les femmes. Avant, ces femmes étaient en effet obligées de parcourir pendant des heures, parfois des dizaines de kilomètres, à la recherche de cette denrée précieuse, vitale pour la vie et les activités quotidiennes. Parfois, l’eau était de mauvaise qualité, boueuse surtout en saison de forte chaleur où les nappes souterraines ou les quelques rares points d’eau de la zone étaient presque asséchés. Désormais, les femmes ont l’eau à portée de main et une eau potable, ce qui réduit les pertes de temps et d’énergie et leur permet donc de vaquer plus facilement à d’autres occupations quotidiennes. En plus de la consommation et des autres besoins quotidiens, la disponibilité de l’eau en quantité et en qualité suffisantes permet aussi d’abreuver les troupeaux et de permettre même à certains de pratiquer un petit jardinage. À cela s’ajoutent les impacts sur la santé des populations et surtout des enfants, avec moins de cas de maladies dues à l’eau de mauvaise qualité, et surtout grâce à la sensibilisation sur les bonnes pratiques d’hygiène que les femmes mettent en œuvre à la lettre car elles ont vu les résultats positifs sur leur santé.
Photo d'illustration prises lors d'une visite à la mini-AEP multivillage de Kadjimari dans la commune de Chétimari (Diffa)
Il importe également de souligner que dans le cadre du même programme financé par le Fonds BMZ, l’UNICEF a appuyé le Conseil régional de Diffa pour l’identification et la formation des jeunes dans le métier de la maintenance et de la réparation des infrastructures socioéconomiques ainsi réalisées. Cette initiative transversale, qui s’inscrit dans le cadre du Projet des Objectifs du Plan Régional Intégré pour l’Autonomisation des Jeunes (PRIJ), soutenu par l’UNICEF à travers le financement BMZ, permet d’offrir des opportunités économiques aux jeunes et de lutter contre le chômage des jeunes qui sont exposés à divers risques, notamment le recrutement par les groupes terroristes ou les bandes criminelles, selon le Président du Conseil Régional de la Jeunesse de Diffa. Elle permet également d’assurer la pérennité des infrastructures réalisées à grand frais pour le bonheur des populations, comme se réjouit le Chef de division suivi-évaluation à la Direction Régionale de l’Hydraulique et de l’Assainissement (DRH/A) de Diffa. Pour la première phase, quarante (40) jeunes ont été identifiés dans les 4 communes d’intervention du Projet, en collaboration avec les autorités locales, et vont recevoir une formation avant de se voir octroyer chacun un kit pour démarrer leurs activités.
Abdoul Karim Moumouni, Envoyé spécial (actuniger.com)
N'est ce pas aussi simple comme ça va ?
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