Affaire sur la tentative d’exfiltration de l’ancien président Bazoum : le procureur livre les premiers détails de l’opération
Le Procureur général près la Cour d’appel de Niamey a animé, mardi 31 octobre 2023, un point de presse dans lequel il a livré les premiers détails de la tentative avortée d’évasion de l’ancien président Bazoum Mohamed, dans la nuit du 18 au 19 Octobre 2023. Se basant sur les premiers éléments de l’enquête encore en cours, le procureur Salissou Chaibou a confirmé l’opération qui devrait se dérouler en quatre (04) phases avec la complicité de certains proches du chef de l’Etat ainsi que d’un commando recruté pour l’occasion. Au total, a annoncé le chef du parquet général qui a brandi des preuves pour corroborer ses arguments, vingt-trois (23) personnes civiles et militaires dont le présumé cerveau de l’opération sont actuellement interpellés pour les besoins des investigations et les perquisitions menées notamment au domicile de l’ancien président et de ses proches ont permis de saisir de grosses sommes d’argents, des biens en divers nature ainsi que des armes à feu et des moyens de communication.
Après le communiqué du CNSP du 19 octobre dernier dans lequel le porte-parole a annoncé les évènements qui se sont passés la veille au niveau de la résidence présidentielle, c’est au tour du parquet général de Niamey de livrer les premiers éléments de l’enquête qui a été ouverte pour faire la lumière sur une affaire qui continue de défrayer la chronique. Dans son point de presse, le procureur général près de la Cour d’appel de Niamey a confirmé que dans la nuit du 18 au 19 octobre dernier, un groupe d'individus a tenté d'exfiltrer l'ancien président de la République Mohamed Bazoum du Palais présidentiel où il est gardé depuis le 26 juillet 2023. Par rapport à ces faits, une enquête est en cours pour faire toute la lumière sur ces évènements et en attendant la fin des investigations, le procureur Salissou Chaibou a indiqué que le parquet a tenu à porter à la connaissance de l'opinion nationale et internationale, « un certain nombre d'éléments et les rassurer ainsi qu'il s'agit de faits réels et non d'une mise en scène comme certains esprits ont essayé de le faire croire ».
Un plan d’évasion en 4 étapes selon le Procureur
Selon le chef du parquet général de Niamey, le plan d'exfiltration « qui n'est donc pas une vue de l'esprit, loin sans faut », est prévu pour se dérouler en quatre (04) phases à savoir : la phase préparatoire, la mise en œuvre de l'action c'est-à-dire l'exfiltration du camp de la Garde présidentielle, le regroupement dans un quartier de Niamey dénommé Tchangarey et, enfin, le mouvement vers Birnin Kebbi, au Nigeria, au moyen d’hélicoptères. Des éléments qui confirment ce qui a été déjà annoncé par le colonel-major Amadou Abdrahmane Djibo, porte-parole du CNSP et du gouvernement mais que le procureur a détaillé avec des éléments de preuve recueillis au cours de l’enquête et dont les images ont été projetées durant la conférence de presse.
Selon les explications du procureur, pour ce qui est de la phase dite « préparatoire », il s'agit de mobiliser le personnel devant participer à l'action, au sein de la garde présidentielle (GP), de certains membres de la garde rapprochée de l'ancien président ainsi que de certains membres de sa famille. « Il y a également de l'espionnage et des renseignements sur le dispositif de la garde présidentielle à travers des prises de vues du camp et le filmage avec des images qui sont envoyées aux français par l'ancien président de la République c'est-à-dire Bazoum Mohamed », a indiqué M. Chaibou.
Pour la seconde phase, elle a consisté selon le procureur au « repérage et à l’identification du terrain » pour l'atterrissage d'hélicoptères devant acheminer l'ancien président et sa famille vers Birnin Kebbi, au Nigeria. « Il y a également la désignation d'une maison au quartier Tchangarey de Niamey, destinée à être le point de regroupement après l'exfiltration du camp de la garde présidentielle, lieu à partir duquel l'ancien président et sa suite devait être conduit à l'aire d'atterrissage des hélicoptères », a présidé le Procureur général.
Selon les explications du Proc’, « les services de sécurité ont eu vent du plan d'exfiltration du président déchu, et la surveillance mise en place à confirmer leurs soupçons ». En effet, a-t-il rapporté, « dans la nuit du 18 au 19 octobre 2023, à 3h05 exactement, l'ancien président, sa famille, sa sécurité et ses cuisiniers transportant divers colis ont été interpellés par deux adjudants de la garde présidentielle alors qu'ils se dirigeaient vers la sortie du palais. Au même moment, un véhicule en stationnement dans le couloir de l'annexe 2 du ministère de la Défense nationale les attendait en vue de les acheminer dans une maison sise au Quartier Tchangarey, lieu de regroupement convenu dans le plan ».
Fouille, perquisitions et saisies
Des précisions du chef du parquet général, il ressort qu’une « fouille minutieuse de colis », ainsi qu’ « une perquisition opérée dans la résidence de l'ancien président », ont permis la découverte d'importantes somme d'argent en CFA et en devises étrangères, ainsi que divers bien précieux notamment: une somme de 86 millions et 250.000 francs CFA, Dix-sept milles dix-sept (17017) dollars américains, 3835 euros, 5 livres sterling, 16 Cédi, 2800 grammes d'or, 333 grammes d'argent, 3 ordinateurs portables, un appareil photo, une antenne de couleur blanche, deux disques durs, 12 clés USB, 13 téléphones portables,2 talkies-walkies, 25 actes de cession, 6 titres fonciers, plusieurs puces Airtel, une tablette, des bons d'essence d'une valeur de Cent dix mille francs CFA (110 000 francs CFA), une radio Bluetooth, des cartes de recharge des réseaux Moov, Airtel et Zamani d'une valeur de 133000 francs CFA, une dizaine de téléphone portable détruits, une arme P.A de marque Beretta muni d'un chargeur de 14 munitions, d'une bague électronique. « La destruction des téléphones portables autorise à penser que des preuves ont sciemment été détruites et des nombreuses puces de téléphone indiquent les utilisations uniques pour des appels en vue de brouiller les pistes », a estimé Salissou pour qui, également, « les bijoux et autres effets personnels de l'épouse de l'ancien président ne laissent aucun doute quant à un projet de départ définitif des lieux ». En outre, a-t-il ajouté, une somme de 68 millions de francs CFA et de fortes sommes en devises étrangères ont été saisies sur certains membres de la garde présidentielle et d'anciens membres de la garde rapprochée du président déchu, « tous impliqués dans le projet ».
S’agissant de la maison sise au quartier Tchangarey et qui devrait servir de lieu de regroupement, le Procureur général a annoncé qu’elle a été identifiée comme étant la propriété de Ben Hamaye Abdourahmane, présenté par le parquet comme « un ancien membre de la garde rapprochée de Bazoum ». Selon le procureur, « celui-ci a opposé une vive résistance à son interpellation en ouvrant le feu sur les éléments des FDS blessant grièvement l'un d'entre eux », et « une perquisition dans sa maison a permis de découvrir et de saisir un certain nombre d'effets dont des armes à feu notamment un pistolet automatique et un fusil AK-47, des chargeurs et des munitions ». En outre, a-t-il ajouté, il a été relevé « la présence d'un groupe de charlatans en plein travail » et aussi, « que l'épouse du nommé Ben Hamaye, cerveau présumé de cette opération a été isolée du monde extérieur par ce dernier pour éviter toute fuite ou dénonciation ».
Une vingtaine de personnes interpellées et l’enquête suit son cours
Selon le procureur général de la Cour d’Appel de Niamey, d'ores et déjà, vingt-trois (23) personnes civiles et militaires ont été interpellées dans le cadre de cette affaire. « Leurs interrogatoires se poursuivent et à la fin, les juridictions compétentes seront saisies et chacun des suspects répondra de son acte », a assuré le procureur Salissou Chaibou qui a estimé nécessaire d’ajouter que « l'affaire ayant une envergure nationale parce que touchant à la sûreté de l'État, le ministère public s'engage à communiquer à chaque fois que de besoin ».
Pour rappel, le 19 août dernier dans un communiqué, les autorités ont annoncé qu’une tentative d’exfiltration de l’ancien président avait été déjouée par les services de sécurité et qu’une enquête a été ouverte par les juridictions compétentes. En réaction, les avocats de Bazoum ont dénoncé « un complot monté de toutes pièces ».
A.K. Moumouni (actuniger.com)
Commentaires
Quand la justice commence à être instrumentalisé de la même manière que font les politiciens , c’est difficile de voir comment elle va s’attaquer aux vrais cas de corruption dans l’armée et le civil. Comme ça continue le Niger dans la pagaille, toujours avec des nouveaux bouc émissaires pour nous distraire pendant que Tchiani et ses complices continue à berner avec des fausses promesses.
Et maintenant, Tchiani. Mêmes arguments, les mêmes têtes de la hiérarchie militaire et aucun résultat concret sur le terrain. Mais bon, j’ai peux être tort avec ce dernier. Rendez-vous dans un an et on fait la synthèse en ce moment.
Au lieu de s'enfermer dans le pessimisme beat et penser que rien ne changera a cause des echecs ou des escroqueries de X ou Y, aidons plutot le CNSP a tirer les lecons idoines de ces echecs pour ne plus les commettre. Analysons ce qui a marche et n'a pas marche dans toutes ces transitions militaires pour faire des propositions concretes a Tiani et ses compagnons pour consolider les acquis et les mettre au service d'une transition appaisee et reussie dans l'interet de nous tous.
Nul ne peut pretendre detenir la baguette magique pour remettre ce pays sur la bonne voie mais en reflechissant ensemble nous y parviendrons.
En un mot BAZOUM est un hypocrite