Fermeture des frontières : des milliers d'enfants exposés à une grave crise nutritionnelle au Niger, alerte le PAM
Dans un communiqué, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a estimé que plus de 90.000 enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition aiguë modérée dans les régions touchées par la crise au Niger n'ont plus accès aux aliments nutritionnels spécialisés dont ils ont besoin pour prévenir les formes plus graves de malnutrition. « Ces produits alimentaires essentiels sont en rupture depuis début septembre 2023 en raison de la fermeture des frontières qui empêche les acteurs humanitaires, notamment le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM), d'importer des produits nutritionnels spécialisés au Niger, a indiqué l’organisme onusien dans son communiqué publié cette semaine.
Dans le communiqué, le PAM alerte que le nombre d'enfants de moins de cinq ans risquant de ne plus avoir accès à ce soutien nutritionnel vital pourrait atteindre 160.000 d'ici octobre si des mesures urgentes ne sont pas prises pour faciliter et accélérer l'acheminement des provisions humanitaires indispensables au Niger depuis les pays voisins. « Nous ne pouvons pas permettre que les enfants du Niger soient privés d'une ressource nutritionnelle aussi essentielle. Pour éviter une crise nutritionnelle grave, les approvisionnements doivent atteindre le pays. Si ce n'est pas le cas, les conséquences seront désastreuses : infections graves et décès évitables des enfants », a déclaré Jean-Noël Gentile, directeur-pays et représentant du PAM au Niger.
En raison de la crise politique actuelle au Niger et la fermeture des frontières, plus de 9.300 tonnes de vivres du PAM (dont des aliments spécialisés pour le traitement et la prévention de la malnutrition aiguë) destinées au Niger et au Burkina Faso (via le Niger) restent bloquées entre le port de Lomé au Togo et la frontière du Bénin.
Cette situation a contraint le PAM à suspendre la supplémentation nutritionnelle de 90.000 enfants souffrant de malnutrition aiguë modérée à Tahoua, Maradi et Zinder depuis le début du mois de septembre. Cette suspension du soutien nutritionnel du PAM pourrait exacerber la malnutrition infantile dans un pays où les familles vulnérables ont déjà du mal à accéder à des aliments nutritifs en raison des pénuries saisonnières, de la hausse des prix des denrées alimentaires, et du faible pouvoir d'achat pendant la période de soudure et les périodes précédant les récoltes.
D’après la même source, un récent suivi du marché par le PAM et ses partenaires indique que le prix moyen du riz et du sorgho a augmenté de 21 % dans le pays après la crise politique. Cette situation affecte négativement la capacité des familles vulnérables à consommer des aliments nutritifs en quantité suffisante.
Bien avant la crise, 3,3 millions de personnes au Niger (13% de la population) étaient déjà confrontées à la faim aiguë - le deuxième niveau le plus élevé observé depuis le début des analyses en 2012, tandis qu'un enfant de moins de cinq ans sur deux souffre d'au moins une forme de malnutrition.
Selon le communiqué, « la situation nutritionnelle est particulièrement préoccupante dans les zones difficiles d'accès telles que le nord de Tahoua, le nord de Tillabéry et certaines communes de la région de Dosso ». Malheureusement, indique-t-on, selon l'Institut national de la statistique du Niger (INS), un enfant de moins de cinq ans sur deux qui meurt au Niger a souffert d'une forme de malnutrition, tandis que l'économie du Niger perd environ 289 milliards de francs CFA (539 millions de dollars américains) par an - soit plus de 7 % du produit intérieur brut annuel - en raison de la malnutrition infantile.
Le PAM joue un rôle essentiel dans la lutte contre la malnutrition, en fournissant une alimentation complémentaire aux enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition aiguë modérée, aux femmes enceintes et aux mères allaitantes. Dans le cadre de son programme de renforcement de la résilience, le PAM aide les communautés à prévenir la malnutrition à travers l’éducation nutritionnelle communautaire et la sensibilisation. L’agence promeut également les chaînes de valeur locales de produits nutritionnels enrichis tout en veillant à ce que les solutions locales soient mises en œuvre à grande échelle en étroite collaboration avec les partenaires. « La supplémentation nutritionnelle ciblée reste essentielle pour prévenir les formes graves de malnutrition chez les enfants de moins de 5 ans, les maladies infantiles et les décès. Le PAM reste engagé à soutenir les enfants malnutris, les femmes enceintes et les mères allaitantes, en veillant à ce qu'ils aient accès à l'assistance alimentaire et nutritionnelle dont ils ont besoin pour grandir et mener une vie productive. Pour réaliser cet objectif, nous avons besoin d'un accès humanitaire en continu », a insisté M. Gentile.
En 2023, est-il indiqué, le PAM a prévu de fournir un soutien nutritionnel à 750 000 enfants, soit la moitié de tous les enfants souffrant de malnutrition aiguë modérée dans le pays, environ 62% de ces enfants ont déjà été assistés depuis janvier.