Message à la nation du Président du CNSP : ce qu’il faut retenir de la première déclaration publique du général Tchiani
Dans le message à la nation qu’il a adressé ce vendredi suite à sa désignation comme Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), le Général de Brigade Tchiani Abdourahamane, a expliqué les raisons qui ont poussé les Forces de défense et de sécurité (FDS) à intervenir de nouveau sur la scène politique en mettant fin au régime de la Renaissance dirigé par l’ancien chef de l’Etat Bazoum Mohamed. Le chef de la junte militaire et désormais chef de l’Etat a principalement motivé l’action du CNSP par la gestion de la situation sécuritaire que traverse le pays dont il a mis en exergue « l’incohérence et l’inefficacité » au vu de certaines décisions et des résultats à ce jour. Les points saillants de la première déclaration publique du nouvel homme fort du pays qui a aussi dénoncé la « mauvaise gouvernance économique et sociale » de l’ancien régime.
« L’action du CNSP est motivée par la seule volonté de préserver notre chère patrie face, d’une part à la dégradation continue de la situation sécuritaire dans notre pays, et cela sans que les autorités déchues ne nous laissent entrevoir une véritable solution de sortie de crise ; d’autre part la mauvaise gouvernance économique et sociale », a justifié, de prime à bord, celui qui était jusque-là le Chef de corps de la garde présidentielle. Dans cette première déclaration publique qui a duré quelques 8 minutes, le chef de la junte a longuement axé son discours d’explication sur la situation sécuritaire que traverse le pays depuis 2015 avec les attaques des groupes armés terroristes (GAT) notamment dans le sud-ouest (Boko Haram et Iswap dans la région de Diffa) ainsi que le nord-ouest du pays ( AQMI et EIGS dans les régions de Tillabéri et de Tahoua).
Dégradation continu de la situation sécuritaire et mauvaise gouvernance
Abordant la gestion de la situation sécuritaire par le régime qu’il vient de déposer, « j'aimerais d'emblée dire, qu'il y a le discours politicien sur la situation sécuritaire relayé par certains milieux politiques au niveau national et international, et qui voudrait que tout se passe bien et soit sous contrôle » a déclaré le président du CNSP qui a, toutefois ajouté qu’il y a cependant, « la dure réalité de l'insécurité au Niger, telle qu'elle est vécue par nos FDS et nos laborieuses populations avec son lot de morts, de déplacés, d'humiliation et de frustration ». Il a en ce sens rappelé « les attaques meurtrières et traumatisantes de Bosso, d'Inatès, de Chinagoder, de l'Anzourou, Bakorat et d'autres encore », qui selon le général, « nous rappellent à suffisance, dans notre chair et dans notre âme, cette réalité au quotidien ». En conséquence, a-t-il poursuivi, « nous nous devons, en toute humilité et en toute sincérité de poser les questions de savoir si la prise en charge actuelle de la question sécuritaire au Niger a permis de garantir notre sécurité, celle de nos familles, de nos villages et de notre pays, Et si nous pouvons continuer ainsi avec la même approche, les mêmes acteurs et les mêmes résultats ». Et pour le Président du CNSP, « nous répondons avec force par la négative ». Selon le général Tchiani, « il appartient à nous tous, chaque nigérienne et chaque nigérien, d'y répondre en ayant à l'esprit sa propre survie et les seuls intérêts du Niger ».
« L’approche sécuritaire actuelle n’a pas permis de sécuriser notre pays, en dépit des lourds sacrifices consentis par les Nigériens et le soutien appréciable de nos partenaires extérieurs. Les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes des Nigériens. Nous ne pouvons plus continuer avec les mêmes approches jusqu'ici proposées au risque d'assister à la disparition progressive et inéluctable de notre pays. C'est pourquoi, nous avons décidé d'intervenir et de prendre nos responsabilités, non sans avoir, à plusieurs reprises, tenté, tout en restant dans notre rôle de chef militaire, d'attirer l'attention des plus hautes autorités déchues sur l'incohérence et l'inefficacité de leur gestion politique des questions sécuritaires dans notre pays ».
S’agissant justement de ce qu’il a estimé de gestion « incohérente et inefficace », le général A. Tchiani a souligné « qu’il faut véritablement s'interroger sur le sens et la portée d'une politique sécuritaire qui consiste à procéder à la libération extrajudiciaire de plusieurs chefs terroristes sans garantie aucune dans le contexte qui est le nôtre, sur aussi le sens et la portée du recrutement et du détournement à des fins politiciennes de plusieurs centaines d'éléments FDS en dehors du cadre militaire traditionnel et en les plaçant directement sous la seule autorité des politiques ». Dans la même lancée, le Président du CNSP s’est aussi interrogé sur « le sens et la portée de la décision d'un commandant en chef qui ordonne la libération de bandits lourdement armés pris sur un théâtre d'opération militaire au seul motif qu'ils seraient « ses alliés », les propos d'un commandant en chef des armées qui déclare devant le monde entier que ses soldats qui se battent au prix de leurs vies sont «moins forts et moins aguerris » que les terroristes ». Aussi, il s’est demandé le sens et la portée « d'une approche sécuritaire de lutte contre le terrorisme qui exclut toute véritable collaboration avec le Burkina Faso et le Mali, alors même que nous partageons avec ces deux pays voisins la zone du Liptako Gourma dans laquelle se concentre aujourd’hui l'essentiel des activités terroristes que nous combattons ». Pour le général de brigade Tchiani, « de toute évidence, les autorités déchues se sont engagées dans une approche qui consiste à mettre en place une sorte de milice pour leurs propres intérêts, toute chose qu’aucun patriote sincère ne saurait accepter ».
Au plan économique et social, a ensuite relevé le président du CNSP, « l’amélioration de l’état actuel de nos finances publiques et du tissu économique de notre pays, la situation de l’école nigérienne, de la santé de nos populations, la lutte contre le détournement des derniers publics, la lutte contre l’impunité, la corruption sous toutes ses formes, le népotisme et les difficultés auxquelles font face les nigériens au quotidien sont autant de défis face auxquels le gouvernement déchu a montré ses limites ».
Appel au sursaut patriotique et aux partenaires pour relever les défis
C’est pour toutes ces raisons, a déclaré le Président du CNSP, que les FDS ont décidé de « prendre leurs responsabilités ». A cet effet, il a appelé les populations à « la sérénité, au calme, à la vigilance et à un sursaut patriotique pour qu’ensemble, à l’unisson, nous puissions relever les défis sécuritaires, économiques et sociaux évoqués plus haut ». A l’endroit de l'endroit de la Communauté internationale, il a réaffirmé la volonté du CNSP de respecter tous les engagements internationaux souscrits par la République du Niger ainsi que des droits de l’homme. Aussi, a-t-il poursuivi, « je demande aux partenaires techniques et financiers amis du Niger d’appréhender la situation spécifique de notre pays pour lui apporter tous les soutiens nécessaires afin de lui permettre de relever les défis sus-évoqués ».
« Le conseil, par ma voix, demande aux partenaires et amis du Niger, en cette étape cruciale de la vie de notre pays, de faire confiance à nos forces de défense et de sécurité, garantes de l’unité nationale, de l’intégrité du territoire et des intérêts supérieurs de notre nation. En ces temps difficiles que traverse notre patrie, nous savons compter sur votre esprit de patriotisme pour que la nation nigérienne soit sauvegardée ».
Il faut noter que cette première déclaration a été le premier acte officiel du Président du CNSP qui a été par la suite confirmé comme Chef de l’Etat selon une décision prise par le Conseil qui a, par ailleurs, décidé de la suspension de la Constitution du 25 novembre 2010 ainsi que de toutes les institutions qui en sont issues. Les pouvoirs exécutif et législatif seront provisoirement dévolus au CNSP dont la composition et les prérogatives seront communiquées ultérieurement sur décision du nouveau chef de l’Etat qui, de toute évidence, va assurer la présidence de la nouvelle transition qui se profile au Niger.
Aboubacar Yacouba Barma (actuniger.com)
Commentaires
Une invitation qui concerne aussi bien les Nigeriens que les Africains ...
SAVEZ VOUS CE QUI SE TRAME A VOTRE SOS??
TOTO A DIT vous dit : TENEZ LE VOUS POUR DIT ....
AUJOURD'HUI, Samedi 29 Juillet
a actuellement
La peur a chang
Issoufou n'a jamais