Migrations et gestion des frontières: l'OIM renforce les capacités de la DST pour une meilleure intégration des questions liées au genre

L’hôtel Bravia de Niamey a abrité ce mardi 19 avril 2022, une table ronde d'échanges et d’évaluation des besoins du personnel féminin de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) qui relève de la Police nationale du Niger. Initiative de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) qui se tient prélude à la tenue de la journée nationale des droits de la femme qui sera célébrée le 13 mai prochain, cette activité entre dans le cadre du Projet « Etude sur la gestion des frontières  dans la région du Sahel dans le contexte de la COVID-19 », financé par l’Agence Japonaise pour la Coopération Internationale (JICA) et vise principalement à procéder à une identification préliminaire des besoins du personnel féminin pour assurer une participation forte et efficace des femmes à la gestion des frontières et aux pratiques policières.

La cérémonie d’ouverture de cette table ronde de discussion et d’évaluation des besoins du personnel féminin de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST), s’est ténue en présence du représentant de l’Agence japonaise pour la coopération internationale (JICA), de la cheffe de l’Unité migration gouvernance et point focale genre de l’OIM Niger, le Directeur adjoint de la DST, des chefs de division et de plus d’une vingtaine de participantes, membres du personnel féminin de la DST, ainsi que de plusieurs représentants de ONU FEMMES et de l'OIM.

Cette rencontre du donner et du recevoir est placée sous le thème «  Rôle des femmes dans la surveillance du territoire, gestion des frontières,  détection et sanctions des infractions liées à la Migration ».

Promouvoir le genre au sein de la DST pour une migration sûre et dans le respect de la dignité humaine

Dans le discours qu'elle a prononcé à cette occasion, la cheffe de l’Unité migration gouvernance et point focale genre de l’OIM (IBM OIM-Niger) a tout d'abord rappelé qu'en tant qu’agence des Nations Unies pour les migrations, l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) pose le principe selon lequel, les migrations s’effectuant en bon ordre et dans le respect de la dignité humaine sont bénéfiques aux migrants et à la société. C'est en ce sens, a ajouté Mme ATEKMANGOH Christina, que l’OIM au Niger met en œuvre des projets couvrant les thématiques complémentaires de la protection des migrants, l’assistance au retour volontaire et à la réintégration, la gestion des urgences humanitaires, la stabilisation des communautés, la lutte contre la traite des personnes et la gestion des frontières. "Tous ces projets sont portés par le principe du respect de la dignité humaine et cela passe par le respect des cadres juridiques nationaux et internationaux en matière de migration", a-t-elle déclaré avant de souligner que conformément à la stratégie de l’OIM, les activités des Unités de gestion des frontières de l’OIM (IBM) au Niger soutiennent le gouvernement Nigérien dans le renforcement des capacités en termes d’infrastructure, de matériel et de bonne gouvernance institutionnelle des différents acteurs impliqués dans la gestion des frontières.

Selon Mme ATEKMANGOH Christina, "pour assurer une gestion efficace des frontières, il est primordial de se pencher de manière approfondie sur la question de la place du genre et de veiller à la mise en œuvre de processus sexospécifiques". En effet, a-t-elle souligné, "l’implication du personnel féminin dans la gestion des frontières constitue un élément opérationnel fondamental du maintien de la sécurité et de la stabilité aux frontières en ce qu’elle permet un plus grand respect des Droits humains et améliore l’efficacité des processus de détection et d’investigation".

Dans son allocution, la cheffe de l'Unité migration et gouvernance de l'OIM Niger n'a pas manqué de rappeler également que dans sa Résolution 1325 adoptée le 31 octobre 2000, le Conseil de Sécurité des Nations Unies demandait aux États Membres, dans son point (1), « de faire en sorte que les femmes soient davantage représentées à tous les niveaux de prise de décisions dans les institutions et mécanismes nationaux, régionaux et internationaux pour la prévention, la gestion et le règlement des différends » ainsi que, « d’adopter des mesures garantissant la protection et le respect des droits fondamentaux des femmes et des petites filles, en particulier dans les domaines de la constitution, du système électoral, de la police et du système judiciaire ». C’est ainsi que le Niger, a fait remarquer Mme Atekmangoh Christina, Etat membre des Nations Unis depuis 1960, a mis en œuvre plusieurs instruments juridiques relatifs à la migration et aux droits de l’Homme que l’OIM appuie, en contribuant notamment au renforcement des capacités opérationnelles de toutes les forces de sécurité aux frontières. Et en prélude à la Journée de la Femme, l’OIM, à travers l’unité pour l’Immigration et la Gestion des Frontières, se mobilise aux côtés de la Direction de la Surveillance du Territoire pour discuter de la représentation et de l’inclusion sur le plan opérationnel et administratif des agents féminins.

La cheffe de l'Unité migration et gouvernance a précisé que c’est au travers du projet "Étude sur la gestion des frontières dans la région du Sahel dans le contexte de la COVID-19 ", financé par l’Agence japonaise pour la coopération internationale (JICA), que l’OIM et la DST se réunissent autour d’une table ronde afin de discuter de ces importantes thématiques. "Cette table ronde consacre l’engagement de la mission de l’OIM au Niger tant au niveau central que régional. Elle consacre aussi l’étroite collaboration de l’OIM avec le gouvernement nigérien", a enfin conclu Mme Atekmangoh Christina qui a saisi l'occasion pour remercier et féliciter la DST pour leur engagement dans la thématique du genre.

Une initiative destinée à renforcer les capacités de la DST

En procédant au lancement officiel de activités de la table ronde, le Directeur adjoint de la DST, s’est félicité de cette initiative portée par l’OIM avec l'appui financier de la JICA, avant d’indiquer que la police nationale, plus particulièrement la Direction de la surveillance du territoire sont résolument engagées dans la promotion du genre dans l’exercice de leurs missions régaliennes. « En effet, pour la DST l’intégration de la perspective du genre dans les processus de la gestion des frontières revêt une importance capitale dans la mesure où elle renforce l’efficacité opérationnelle en améliorant la prévention et détection de la traite et du trafic illicite des êtres humains; en renforçant la protection et la promotion des droits humains et en créant des institutions de gestion des frontières plus représentatives, améliorant l’appropriation locale, le contrôle et la collaboration » a indiqué le commissaire Ousseini Souleymane pour qui, la pleine implication des participantes à cette table ronde, à ce processus de gestion des frontières est l’une des pierres angulaires de la sécurisation des frontières de notre pays. Pour ce faire, a-t-il poursuivi, "notre partenaire, l’OIM est aussi engagé à nous accompagner dans cette démarche chère aux plus hautes autorités du Niger".  Pour le Directeur adjoint de la DST, "cette table ronde est ainsi l’occasion pour le personnel féminin de la DST d’exprimer et de nous faire part de leurs besoins les plus pressants afin que nous puissions vous permettre de travailler dans les meilleures conditions qui soient".

L’adjoint au patron de la DST n’a pas manqué d’exprimer la profonde gratitude des autorités, de la Direction générale de la police nationale (DGPN) et particulièrement de la DST à l’endroit de l'OIM, « un partenaire de longue date du Niger en général et du ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation en particulier». Des remerciements que le commissaire Ousseini Souleymane a aussi transmis à l’Agence japonaise de coopération internationale pour les appuis multiformes qu’ils ne cessent d'apporter notamment à la DST. En terminant son allocution,  le Directeur adjoint de la DST n'a pas manqué de se réjouir par avance, des changements et des résultats que produira cet exercice ainsi que de ses impacts certains sur la gestion des frontières au Niger.

Peu après la cérémonie officielle d'ouverture, la table-ronde est entrée dans le vif du sujet avec des présentations par des experts de l'OIM-IBM, de l'ONU FEMMES, de la DGPN et de la DST sur plusieurs thématiques notamment des présentations sur la gestion des frontières et des migrations, sur l'importance de l'intégration des questions de genre dans la gestion des frontières ainsi que sur le rôle de la femme au sein de la Police nationale. Des discussions et échanges en groupes très enrichissants ainsi que des travaux en groupe ont également structuré la journée qui s'est terminée sur une note de satisfaction au regard des objectifs atteints.

Abdoul Wahab Issaka (actuniger.com)