Lutte contre la criminalité organisée transfrontalière: un nouveau projet de l'OIM pour améliorer la gestion des frontières et renforcer la résilience des populations
L'hôtel Bravia de Niamey a servi de cadre, mercredi 16 février 2022, au lancement officiel d'un nouveau Projet destiné à améliorer la gestion des frontières et la résilience des communautés face à la criminalité organisée transfrontalière au Niger, au Mali et au Burkina Faso, avec un accent particulier sur la route méditerranéenne centrale. Financé par le Ministère Italien des Affaires étrangères à travers l'Agence italienne de coopération internationale (COOPI), le Projet d'une enveloppe de 3 millions d'euros soit près de 2 milliards de francs CFA sera mis en œuvre au Niger par l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM Niger) en collaboration avec la Direction de la surveillance des territoires (DST) sur une période de 18 mois dans les régions d'Agadez, de Maradi, de Zinder et de Diffa.
La cérémonie d'ouverture de l'atelier de lancement du Projet a été rehaussée par la présence du Secrétaire Général du Ministère de l'Intérieur, M. Saidou Halidou, de l'Ambassadrice de l'Italie au Niger, SE. Emilia Gatto, de la Cheffe de mission de l'OIM au Niger, Barbara Rijks. On notait également la présence des Gouverneures des Régions d'Agadez, de Maradi et de Zinder, des responsables de la Direction de la police nationale et de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) ainsi que des autorités régionales des régions d'interventions et des partenaires de mise en œuvre du Projet.
L'OIM pour une gestion des frontières plus durable et intégrée et une migration ordonnée
Plusieurs allocutions ont marqué la cérémonie d'ouverture dont celle de la Cheffe de mission de l'OIM au Niger qui a présenté le contexte dans lequel intervient ce projet ainsi que les objectifs visés et les résultats attendus. "La gestion des frontières représente de nos jours un enjeu prioritaire pour de nombreux pays de la bande Sahélienne", a rappelé BarBara Rijks qui a aussi fait remarquer que la zone des trois frontières entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso connait historiquement des mouvements de personnes et des biens importants. Malheureusement, a-t-elle poursuivi, "la porosité des frontières internationales favorise non seulement le mouvement des voyageurs bienveillants mais aussi la circulation et la propagation des organisations extrémistes violentes, et des réseaux criminels organisés transnationaux". Soulignant que la route de la Méditerranée Centrale (RMC), qui traverse les trois pays, reste un important couloir de contrebande, de trafics de migrants, de traite et d’exploitation d'êtres humains, la Cheffe de mission de l'OIM a ajouté que les espaces frontaliers qui sont souvent isolés géographiquement, sont au coeur de tensions multiples, tant exposés de plus en plus aux effets de la dégradation de la sécurité, la prolifération des groupes d'extrémisme violent et l’affaiblissement de la présence des Etats. A cet égard, a-t-elle poursuivi, les communautés y compris les personnes déplacées, les migrants, mais aussi les agents étatiques se trouvent dans des situations de vulnérabilité physique et mentale, avec un accès limité aux services de base et de protection.
"Aujourd’hui, le Niger, le Mali et le Burkina Faso se trouvent devant un réel défi : faciliter la circulation des personnes et des biens pour perpétrer le commerce, les échanges et le développement régional, et - en même temps - assurer la sécurité de tous aux frontières. Il s‘agit donc de trouver le juste équilibre entre des frontières ouvertes et des frontières contrôlées. Des politiques et des structures efficaces de gestion des frontières et de l’immigration permettent non seulement de favoriser une gestion ordonnée des mouvements aux frontières, de prévenir la migration irrégulière et protéger les voyageurs, mais aussi de détecter et gérer de manière adaptée des cas suspects et incidents présentant une menace sécuritaire, sanitaire ou humanitaire pour le territoire".
Pour la Cheffe de mission de l'OIM au Niger, c'est en ligne avec le Plan de Développement de la Police Nationale 2016-2021, que l’OIM soutient depuis 2015, les efforts du gouvernement du Niger en matière de gestion des frontières à travers un appui infrastructurel, matériel, institutionnel et opérationnel. Le nouveau projet « Améliorer la gestion des frontières et la résilience des communautés face à la criminalité organisée transfrontalière au Niger, au Mali et au Burkina Faso, avec un accent sur la route méditerranéenne centrale », s’inscrit dans la continuité des initiatives conduites depuis 2016 au Niger par l’unité de gestion des frontières de l’OIM. "Le projet a comme objectif global : l’amélioration de la sécurité des frontières et le renforcement de la résilience des communautés face aux trafics illicites dans les zones frontalières du Mali, du Burkina Faso et du Niger, en particulier le long de la Route Méditerranéenne Centrale (RMC)", a annoncé BarBara Rijks qui a exposé les grandes lignes avant de remercier tous les partenaires de la mise en œuvre. "Cet ambitieux projet n’aurait pas pu voir le jour sans la confiance de nos partenaires italiens ni l'engagement des autorités nigériennes", a estimé la Cheffe de mission de l'OIM au Niger.
L'Italie aux cotés du Niger pour faire face aux défis migratoires
Dans une brève intervention, l'Ambassadrice de l'Italie au Niger s'est félicitée du lancement de ce projet important et très ambitieux pour le Niger. Selon SE. Emilia Gatto, ce nouveau projet vise à accompagner les autorités nationales et locales à faire face à des problématiques rendues complexes par un contexte marqué par une multiplication des défis qui affectent toute la région. "En tant qu'ambassadrice de l'Italie au Niger, je dois reconnaitre que le Niger fait preuve de beaucoup de courage pour faire face à ces nombreux défis notamment pour ce qui est de la stabilité, de la gestion de la migration ou des menaces sécuritaires", a déclaré la diplomate italienne. Elle a saisi l'occasion pour souligner que le Projet est certes "très ambitieux", mais 'l'Italie fait confiance à l'OIM et aux autorités nigériennes pour bien le mener".
"L'Italie est très engagée dans la réponse aux défis migratoires dans la région", a poursuivi SE. Emilia Gatto qui n’a pas manqué de rappeler les nombreux projets mis en œuvre au Niger grâce au soutien du gouvernement de son pays. "Avec ces projets, nous avons obtenu de très bons résultats et c'est sur la base de ces résultats communs que nous améliorons nos interventions afin de tenir compte des besoins exprimés sur le terrain". L'Ambassadrice de l'Italie au Niger a annoncé par la même occasion que l'Italie va soutenir d'autres projets qui puissent bénéficier davantage aux populations impactées par le phénomène migratoire et qui permettront ainsi de renforcer leur résilience.
La gestion des migrations, un enjeu majeur pour le Niger
En procédant au lancement officiel du Projet, le Secrétaire Général du Ministère de l'Intérieur a, de prime abord, rappeler les défis auxquels le Niger fait face, à l'instar de la plupart des pays de la sous-région et du monde."Le Niger, de par sa position géographique et étendue de ses frontières, est exposé aux actes de grand banditisme et de criminalité transfrontalière organisée, notamment le trafic illicite des migrants, le trafic de drogue, des armes, qui malheureusement alimentent la violence et le terrorisme", a souligné M. Saidou Halidou pour qui, " ces phénomènes et toutes les autres formes d'activités illégales, constituent des obstacles de taille à la stabilité nationale et régionale, à la sécurité, à la croissance économique et au développement". En somme, a-t-il poursuivi, "ils constituent une véritable menace à la viabilité même des Etats, d’où l'impérieux devoir pour nous, d’apporter des réponses adéquates à ces actes délictueux".
Le SG du Ministère de l'Intérieur a indiqué qu'au regard de tous ces enjeux, "la gestion des migrations et de nos frontières représente de nos jours un enjeu prioritaire pour le Niger et tous les pays de la sous-région". Il s'agit là, comme il l'a réitéré, "d'un sujet complexe qui implique des questions stratégiques essentielles pour la sécurité de nos Etats, nécessitant des approches multiformes et coordonnées avec les pays voisins". Il a en ce sens rappeler que dans cette perspective, le Gouvernement a adopté depuis le 04 octobre 2019, un Document cadre de Politique Nationale des Frontières avec comme vision et ambition prioritaire de faire du Niger « un pays avec des zones frontalières transformées en des espaces de paix et de sécurité pour la promotion du développement économique, social, territorial, équilibré et durable et de la coopération transfrontalière, dans une dynamique d’intégration régionale à l’horizon 2035 ».
Dans son intervention, le Secrétaire Général du Ministère de l'Intérieur a estimé que "ce projet qui s'inscrit dans la continuité des activités de l'OIM en matière de gestion des frontières au Niger, vise à soutenir le Gouvernement du Niger dans le développement de ses capacités infrastructurelles, matérielles et institutionnelles de toutes les forces de défense et de sécurité aux frontières, et représente une opportunité de plus pour consolider des interventions spécifiques aussi bien en termes de sécurité que de développement dans les zones transfrontalières". Il en ce sens déclaré que le Niger souhaite d’une part, améliorer le mode de gestion des frontières avec les pays voisins et, d’autre part, renforcer les efforts de concertation pour l'avancement d'une collaboration déjà solide dans le domaine de la gestion des frontières, engageant nos forces de défense et de sécurité (FDS) et les communautés frontalières. C'est pourquoi il a tenu à saluer cette initiative de l'OIM et du Ministère des Affaires Etrangères Italien, à qui il a transmis les gratitudes des plus hautes autorités et des populations nigériennes. M. Saidou Halidou a, enfin, mis en exergue l'importance de cet atelier de lancement qui permettra de formuler des recommandations adéquates afin de relever les multiples défis en matière de gestion des migrations et des frontières et de parvenir 0 des solutions durables, dans les quatre (4) régions concernées. Du reste, a-t-il conclu, il est essentiel de renforcer la communication et la coopération entre les autorités locales, les communautés frontalières et les FDS dans les zones frontalières du Niger. "Nous avons une responsabilité commune qu'il nous faut assumer tous ensemble et de manière solidaire. En effet nous devons créer les conditions d’une mise en œuvre réussie de cet important Projet", a déclaré le SG du Ministère de l'Intérieur en procédant au lancement officiel de l'atelier de lancement.
Il convient de noter que peu après la cérémonie officielle de lancement de l'atelier, les officiels ont posé pour une photo de famille afin d'immortaliser symboliquement ce moment. Les participants à l'atelier ont par la suite eu droit à une présentation du projet qui va s'étaler sur une période de 18 mois, les activités prévus au Niger, les partenaires de mise en œuvre, les régions cibles et les populations bénéficiaires, les objectifs visés ainsi que les résultats attendus.
Des travaux en groupe sur l'identification des besoins dans les régions cibles ont permis d'élaborer des recommandations pour une parfaite mise en œuvre du projet.
Mamane Adamou (actuniger.com)