Interdiction de la vente de carburant fraudé: à Maradi, la mesure ne passe pas!
Les autorités de Maradi avec à leur tête le gouverneur Chaibou Aboubacar, ont rencontré jeudi dernier, les principales couches socioprofessionnelles de la région pour faire passer le message du gouvernement sur l’interdiction de l’importation et la vente de carburant fraudé. Cette annonce qui fait suite à l'engagement du Président Bazoum de combattre la fraude des hydrocarbures a provoqué une véritable levier de boucliers dans la capitale économique. Pour les représentants des couches socioprofessionnelles de la région mais aussi les associations et structures de la société civile locale, il faudrait d'abord des préalables ainsi que des mesures d'accompagnement avant l'entrée en vigueur de cette mesure.
La lutte contre la fraude aux hydrocarbures et notamment l'importation et la vente du carburant fraudé à laquelle le président Bazoum s'est personnellement engagé est mal partie! Malgré les annonces et les premières mesures prises, sur le terrain c'est une autre réalité et, le moins que l'on puisse dire, le gouvernement est en train de marcher sur des œufs en décidant d'engager la manière forte comme c'est le cas dernièrement à Balleyera, dans la région de Tillabéri où des trafiquants ont été interpellés, leur cargaison saisie et les véhicules ayant servis au transport du carburant fraudé incinérés.
A Maradi, la lutte semble mal partie comme les autorités en ont fait l'amère expérience lors de la rencontre d'explication qu'elles ont eues jeudi dernier avec les principales couches socioprofessionnelles de la région sur la question. Le gouverneur Chaibou Boubacar qui était pour la circonstance entourés des principaux responsables des institutions et corps engagés dans la lutte contre ce fléau est allé passer le message du Président Bazoum. "La fraude des hydrocarbures occasionne de lourdes pertes pour l’économie de notre pays et ce carburant fraudé apporte de l’eau au moulin des terroristes, et autres bandits de grand chemin dans leurs activités subversives", a-t-il détaillé, reprenant ainsi le refrain officiel habituel. "C'est pourquoi, a poursuivi le gouverneur de la Région de Maradi, le gouvernement a décidé de combattre la fraude des hydrocarbures avec rigueur parce qu’elle a non seulement des effets négatifs sur notre économie, mais aussi menace notre sécurité".
Cette annonce a provoqué une véritable levée de boucliers au sein de l'assistance. Si certains se sont montrés un peu compréhensif en proposant même au gouvernement un moratoire pour les pratiquants de cette activité, afin de leur permettre d’écouler le stock de carburant qu’ils détiennent avant la mise en application de cette mesure, la majorité des réactions ont été assez critiques vis-à-vis de "la précipitation des autorités".
De manière générale, les réactions ont dénoncé cette mesure prise sans des préalables et surtout sans des mesures d'accompagnement. Entre autres exemples, beaucoup d'intervenants ont mis en avant le prix élevé du carburant à la pompe ainsi que la faible couverture du territoire national et particulièrement dans la région, en stations-services.
Dans leurs différentes interventions, les représentants des couches socioprofessionnelles et responsables d'association locale ont mis le gouvernement devant la réalité c'est à dire l'impossibilité, dans le contexte actuel, de mettre à exécution cette interdiction malgré les sanctions qu'agitent les autorités. Face à la virulence des réactions et devant les contradictions soulevées, le gouverneur s'est retrouvé dos au mur, en l'absence de réponses concrètes aux préoccupations des uns et des autres. Chaibou Boubacar s'est tout juste borné à dire qu'il ne fait que passer le message du gouvernement...
La lutte contre la fraude aux hydrocarbures promise par le Chef de l'Etat semble donc mal engagée. Il faut dire que sur le principe, la population est consciente de la problématique que pose ce fléau notamment pour des raisons de sécurité et de manque à gagner à l'Etat. Cependant au regard du prix du carburant à la pompe ainsi que de la faible couverture du pays en station-service, combattre cette pratique est une véritable gageure d'autant qu'elle constitue une véritable source de revenus pour de dizaines de milliers de jeunes dont c'est la principale activité. Dans des villes frontalières du Nigéria voisin comme Maradi, Zinder ou Konni, pour ne citer que celles-là, le carburant fraudé est vendu à presque chaque 50 ou 100 m... c'est dire!
Ikali Dan Hadiza (actuniger.com)
Commentaires
[J'aime bien les commentaires avec le nombre de rouges elev
Et selon des informations lues, ce dit chemin de fer de ce VAURIEN DE ISSOU FOU , qui aux yeux des Nig