Projet WAPP/Dorsale Nord de la Cédeao : lancement du processus d’installation des comités locaux pour la prise en compte des aspects sociétaux et environnementaux ainsi que la gestion des plaintes au Niger

Dans le cadre de la mise en œuvre du Projet d’interconnexion 330 kV du West African Power Pool-North Core Project (WAPP/Dorsale Nord), une mission de la Cédéao séjourne au Niger du  09 au 21 août 2021. Au menu de la mission, le lancement de l’installation des Comités locaux d’accompagnement de la mise en œuvre du Plan de Gestion Environnemental et Sociétal (PGES)  et du Plan d’Action de Réinstallation (PAR) ainsi que des Commissions de résolution des plaintes. Une étape décisive dans la réalisation de ce projet régional qui concerne cinq (5) pays de la CEDEAO et qui est financé par la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement (BAD), l’Agence Française de Développement (AFD) et l’Etat Fédéral du Nigeria qui a décidé de prendre en charge le dédommagement des personnes affectées au Niger par le projet.

Dans le cadre de cette importante mission qui constitue une étape décisive et tout  aussi importante dans la mise en œuvre du Projet d’Interconnexion 330kV  de la dorsale nord du WAPP, une réunion a regroupé, mercredi 11 août à l’hôtel Radisson Blu de Niamey, les membres de la mission, les cadres du ministère de l’Energie et des autres institutions concernées par le Projet, les membres du Comité national d’accompagnement du Plan de Gestion Environnemental et Social (PGES) et du Plan d’Action de Réinstallation (PAR) dudit Projet.

Dans l’allocution qu’il a prononcée à cette occasion, M. Harouna Coulibaly, spécialiste principal environnement, santé et sécurité du projet WAPP/Dorsale Nord, a tenu tout d’abord à transmettre au nom du chef du projet M. Djibril Maïlele, ses remerciements aux autorités et au peuple nigérien. Il a ensuite fait un bref aperçu  du projet WAPP/Dorsale Nord,  un projet sous-régional qui implique 5 pays à savoir le Nigéria, le Niger, le Burkina Faso, le Bénin et le Togo et a pour but d'interconnecté l'ensemble de ces pays sur une ligne d'interconnexion de 875 km environ. « Outre, les aspects techniques, ce projet intègre aussi des aspects environnementaux et sociaux autour desquels nous nous réunissons ces jours », a-t-il ensuite indiqué tout en rappelant qu’au mois d'octobre dernier, il a été déjà procédé à la mise en place d’un Comité d'accompagnement national de mise en œuvre du Plan de Gestion Environnemental et Sociétal (PGES) et du Plan d’Action de Réinstallation (PAR) dudit Projet. « C'est donc dans la continuité de ses activités que nous allons procéder à la mise en place des Comités locaux d'accompagnement de la mise en œuvre du PAR et des PGES au niveau de toutes les localités traversées par le projet », a expliqué M. Harouna Coulibaly.

« Nous ne cesserons jamais de remercier les autorités du Niger qui n'ont ménagé aucun effort pour accompagner le projet afin de nous permettre d'avancer dans la réalisation des activités environnementales et sociales. Ce projet se veut un havre de développement durable. C'est dans ce cadre que nous mobilisons à tout moment la population concernée par le projet à travers les informations, les implications aux activités d'accompagnement du Projet. La présente mission rentre dans ce cadre-là et avec l'autorité nigériane, nous allons procéder à la mise en place de ces différents comités qui vont accompagner la réalisation de toutes les activités environnementales et sociales et aussi technique du projet. Au nom du directeur du projet est à mon nom propre, j'adresse mes vives salutations aux autorités du Niger et au peuple nigérien. Nous demandons encore plus d'efforts pour cet accompagnement. Nous demandons aussi la bénédiction du peuple pour une bonne réussite du projet dans la sous-région dont la finalité et de raccorder tous les pays d'Afrique de l'Ouest afin que le coût de l'électricité devienne abordable à tous nos citoyens ». M. Harouna Coulibaly.

Un projet régional intégrateur aux multiples enjeux pour le Niger

Pour sa part, le Secrétaire général du ministère du Pétrole, de l'Energie et des Energies Renouvelables du Niger, M. Balla Mahaman Rabiou, a au nom du ministre Mahamane Sani Issoufou, souhaité la bienvenue et un excellent séjour aux membres de la mission avant de remercier tous les participants pour leur présence à cette rencontre. Il a saisi l’occasion  pour rappeler les multiples actions entreprises par les différents gouvernements en faveur du développement du secteur de l’énergie en général et du sous-secteur de l’électricité en particulier suite aux importantes reformes opérées et qui ont consacré le renforcement du cadre institutionnel avec la création de l’organe de régulation et celui en charge de l’électrification rurale. Ces réformes, a ajouté le SG du ministère de l’Energie et du Pétrole, ont permis également l’élaboration des documents de politiques notamment, le Document de la Politique Nationale d’Electricité (DNPE) et la Stratégie Nationale d’Accès à l’Electricité (SNAE) à l’horizon 2035, assorti d’un Plan Directeur d’Accès à l’Electricité (PDAE) en vue d’un accès universel à l’horizon 2035. Aussi, a poursuivi M. Balla Mahaman Rabiou, un Schéma-directeur Production-Transport de l’énergie électrique à l’horizon 2035 est en cours de finalisation et va permettre de planifier les investissements à réaliser dans la production pour répondre à la demande et atteindre les objectifs fixés par la Stratégie Nationale d’Accès à l’Electricité. « Ces réformes  ont permis de rendre le sous-secteur de l’électricité plus transparent et attractif aussi bien pour les partenaires techniques et financiers que pour les investisseurs ce qui a permis l’obtention du financement de plusieurs projets publics et privés de production et de transport et distribution de l’énergie électrique », a souligné le SG du ministère du Pétrole et de l’Energie qui a cité entre autres, des projets déjà réalisés ou en cours notamment la centrale thermique de 100 MW de Gorou Banda, la centrale hydroélectrique de 130 MW de Kandadji, la centrale hybride d'Agadez de 19 MW dont 6 MW thermique et 13 MW solaire, la centrale solaire de 20 MW, la centrale solaire de 7 MW de Malbaza ainsi que d’autres projets d’extension, renforcement et de densification des réseaux de distribution avec le concours des partenaires techniques et financiers que je tiens à saluer au passage. S’agissant des projets à financement privé dans le cadre du partenariat public privé, il a fait cas de la centrale thermique de 89 MW de Goudel, inaugurée en mars 2021 et qui injecte sa production dans le réseau de la NIGELEC depuis avril 2021 ainsi que la centrale de 22 MW du même type de technologie qui sera construite à Zinder et dont les travaux ont été lancés en début de mois. «  A la liste de ces réalisations non exhaustive, le projet de construction de la ligne 330 kV de la Dorsale Nord du WAPP, décidé par un groupe de pays de l’Afrique de l’Ouest dont le Niger, dans le cadre de l’intégration économique régionale’, a-t-il ajouté.

Evoquant le Projet d’Interconnexion 330 kV de la Dorsale Nord du Système d’Echange d’Energie Electrique en Afrique de l'Ouest (EEEOA) qui s’inscrit dans le cadre du Schéma Directeur Production et Transport d’énergie électrique de la CEDEAO, M. Balla Maman Rabiou a estimé qu’il permettra « de faciliter les échanges d’énergie électrique entre les pays de la CEDEAO à travers le marché régional de l’électricité qui est en train de se mettre en place progressivement dont le lancement a eu lieu en juin 2018 à Cotonou au Bénin ».

En plus de la construction de la ligne, a-t-il rappelé,  le projet prévoit comme mesure d’accompagnement, l’électrification d’environ 432 localités des régions de Dosso, Niamey et Tillabéry, traversées par la future ligne, qui sont situées de part et d'autre sur son parcours en territoire nigérien.

« La construction de la future ligne d’interconnexion impactera beaucoup de propriétés sur tout son parcours. Vous conviendrez avec moi, que la mise en oeuvre d’un projet d’une telle envergure pourrait engendrer de multiples plaintes susceptibles d’entraver la bonne réalisation des travaux malgré l’existence d’une législation nationale qui encadre ce genre d’opération. C’est conscient de cette éventualité que les bailleurs de fonds ont jugé nécessaire de la création d’un cadre dénommé Comité National d’Accompagnement (CNA) de la mise en oeuvre du Plan d’Action de Réinstallation (PAR) et du Plan de Gestion Environnemental et Social (PGES), afin de prévenir et de traiter efficacement les éventuelles plaintes ».

Ainsi et comme l’a expliqué en détails le Secrétaire général du ministère du Pétrole, de l’Energie et des Energies renouvelables, au cours de cette mission, il sera procédé à la mise en place au niveau local et dans chacun des départements concernés par le projet, des Comités Locaux d’Accompagnement (CLA), « plus proches de la population », qui seront composés des acteurs de niveau départemental, communal et villageois ainsi que des commissions de résolutions de plaintes(CRP) comme démembrements des Comités locaux qui seront mises en place au niveau de chacune des communes concernées.

« Le déplacement à Niamey de la mission de l’Unité de Gestion du Projet qui séjourne actuellement, rentre dans le cadre de la préparation de l’installation des futures Comités locaux qui aura lieu à partir de la semaine du 16 août 2021 », a indiqué le SG du ministère en charge de l’Energie pour qui, « il s'agit de renforcer les Capacités des membres du Comité National d’Accompagnement (CNA) afin que ces derniers assurent un bon encadrement et une bonne coordination des Comités Locaux ». C’est pourquoi, il a invité les participants à accorder une attention particulière aux présentations des experts, membres de la mission afin qu’ils s’approprient les outils qui leur seront exposés et qui vont permettre de renforcer les capacités des membres du comité national d’accompagnement pour une mise en œuvre réussie du Projet d’interconnexion 330 kV de la Dorsale nord du WAPP.

A.K.Moumouni (actuniger.com)