Reportage : à la découverte du « Sarkin Baki » du Sultanat du Damagaram, une pratique ancestrale d’hospitalité aux étrangers qui a inspirée l’expérience des familles d’accueil pour les enfants en mobilité
Dans la Cour du Sultanat du Damagaram, l’une des plus importantes chefferies traditionnelles du Niger, le « Sarkin Baki » ou « Roi des étrangers » est l’une des institutions qui a joué et continue de jouer un rôle important dans l’incarnation de la légendaire hospitalité des « Damagarawas ». A l’origine destinée à accueillir et à offrir l’hospitalité aux étrangers et aux migrants de passage à Zinder, la capitale du sultanat, l’institution qui est dirigée par un notable de la Cour a connu plusieurs mutations au fil des siècles et au gré des générations et, aujourd’hui encore, elle remplit les mêmes missions non seulement pour les étrangers mais aussi et surtout pour les enfants en situation de vulnérabilité. Son fonctionnement et ses prérogatives actuelles qui se sont adaptés aux défis et enjeux contemporains ont inspiré l’élaboration d’ une nouvelle approche en matière de protection alternative des enfants en mobilité en famille d’accueil ancrée sur le modèle ancestral d’accueil des étrangers, ce qui cadre parfaitement avec les objectifs de la Convention relative aux Droits de l’Enfant (CDE) et des dispositions des instruments internationaux relatives à la protection et au bien-être des enfants privés de protection ou risquant de l’être des Nations Unies. Ce reportage part ainsi à la découverte du Sarkin Baki qui a servi d’inspiration pour l’institution des familles d’accueil dans la région de Zinder, une expérience soutenue par l’UNICEF et mis en œuvre par la Direction régionale de la protection de l’enfant avec la collaboration d’autres partenaires institutionnels et non étatiques avec à la clé des résultats satisfaisants qui plaident pour sa généralisation afin de mieux garantir la protection des enfants en mobilité ou en situation de vulnérabilité.
Dans le Damagaram, l’hospitalité est une valeur importante qui puise sa source au fondement de cet ancien royaume qui, à son apogée, était l’un des plus puissants de la région. Aujourd’hui encore, « la légendaire hospitalité des Damagarawas (les habitants du Damagaram)» continue à faire la fierté des populations de la région de Zinder. L’une des manifestations de cette hospitalité légendaire est l’instauration, depuis les temps anciens, du « Sarkin Baki » ou « Roi des étrangers », une institution importante de la puissante cour du Sultan et qui a comme principale mission d’accueillir, d’héberger et de fournir de l’assistance aux étrangers de passage à Zinder, la capitale du Damagaram, aujourd’hui deuxième ville du Niger et chef-lieu de la région du même nom.
Malgré les mutations qu’a connues l’histoire du Damagaram, cette institution a transcendé les siècles et les générations et a su s’adapter à toutes les transformations politiques, institutionnelles, sociales et administratives qui ont marquées l’histoire de l’ancien royaume au glorieux passé mais aussi celle pré et post coloniale du pays. Le Sultanat de Zinder est encore de nos jours l’une des plus puissantes chefferies traditionnelles du Niger et le « Sarkin Baki » continue à jouer un rôle important dans l’organisation de la puissante Cour du Sultan comme l’explique l’actuel Sultan, Sa Majesté Aboubacar Sanda. La mission de « Sarkin Baki » a certes évolué pour s’adapter aux réalités du moment tout en gardant ses attributions originelles, celles d’offrir une assistance et une protection aux personnes vulnérables. « Aujourd’hui, le Sarki Baki, au delà de l’assistance et du droit de regard sur les étrangers de passage dans la ville, accueille et héberge les enfants en difficulté », explique le Sultan lors de l’entretien qu’il nous a accordé, entouré par les notables de sa cour, dans le vaste salon de son imposant Palais du quartier historique de Birni. « Dans l’organisation de la Cour, le Sarkin Baki tient une place importante et joue un rôle prépondérant en étroite collaboration avec d’autres acteurs notamment les chefs de village, les services de protection de l’enfant ainsi que le juge des mineurs et les services de la gendarmerie et de la police, en plus des partenaires comme l’Unicef », poursuit le Sultan qui précise que de plus en plus, le Sarkin Baki reçoit des enfants en difficultés des autres villages ou ceux référencés par les services de protection de l’Enfant ainsi que par le juge des mineurs, la police ou la gendarmerie. Il en est de même pour les enfants migrants ou des filles mineures qui bénéficient tous de l’hébergement et la protection du Sarkin Baki. « En principe, c’est temporaire, juste le temps de retrouver leur famille ou pour ceux en mobilité de poursuivre leurs routes, mais actuellement nous avons des enfants qui passent de 2 à 4 ans voire plus chez le Sarkin Baki car nous n’avons pas pu retrouver leur famille et nous ne pouvons pas les abandonner dans la rue», souligne le Sultan Aboubacar Sanda, qui profite justement de l’occasion pour solliciter un plus grand appui des partenaires car dans bien des cas, il faut au delà de la prise en charge et de la protection de ces enfants vulnérables, veiller à leur éducation et leur formation professionnelle pour ne pas hypothéquer leur avenir.
Le Sultan du Damagaram, Sa Majesté Aboubacar Sanda Oumarou, très impliqué dans la protection des enfants dans la région de Zinder, sollicite plus d’appui pour la généralisation des familles d’accueil afin de mieux garantir les droits des enfants surtout ceux en situation de vulnérabilité.
Le Sarkin Baki, un modèle ancestral d’hospitalité pour les étrangers qui a inspiré les familles d’accueil pour enfant en mobilité
Le notable Mahaman Lawan Saley est l’actuel Sarkin Baki à la puissante cour du Sultanat de Zinder. Dès son jeune âge, il a été initié à cette mission qui est celle d’offrir l’hospitalité aux invités du Sultan. Cela fait maintenant plus de 40 ans qu’il accompli cette lourde tâche au niveau du palais royal ; au début, avec son père qui occupait cette fonction jusqu’à son décès en 2010. Le ‘’Sarkin Baki’’ ouvre son foyer aux visiteurs du sultan, aux voyageurs qui n’ont pas où passer la nuit, aux enfants migrants, égarés ou en fugue, aux femmes victimes de violences conjugales, bref à toute personne qui a besoin d’un lieu pour se sentir en sécurité. Aimable, patient, ouvert et disponible, il accueille et héberge dans sa propre maison chaque jour des enfants en situation de vulnérabilité. Lors de leur séjour, les enfants bénéficient des bons soins de sa femme et de sa tante paternelle qui répondent aux besoins souvent complexes des enfants. Le temps passé dans la famille crée le plus souvent un lien fort avec les enfants à tel point que lors du retour en famille, les enfants ont du mal à dire au revoir à ‘’Sarkin Baki’’. En effet, pour donner suite aux nombreuses formations et orientations reçues de la part de la DRPFPE de Zinder et grâce à leur engagement, ‘’Sarkin Baki’’ et sa famille développent des attitudes positives envers les enfants qui les voient comme des parents. Pour exemple, ‘’Sarkin Baki’’ prend ses repas avec les enfants. Aujourd’hui, avec l’augmentation du flux des enfants non accompagnés refoulés d’Algérie, les services de ‘’Sarkin Baki’’ sont constamment sollicités par la DRPFPE. Et pour offrir un cadre agréable aux enfants, il a mis à leur disposition une deuxième résidence dans laquelle une de ses tantes joue pleinement le rôle de maman aux enfants.
Mahamane Lawan Saley, Sarkin Baki du Sultanat du Damagaram, à son domicile au quartier Konan Rahama qui fait également office de famille d'accueil.
C’est justement à son domicile qui fait également office de famille d’accueil, au quartier Konan Rahama, un quartier populaire de Zinder, que nous avons rencontrés le « Sarkin Baki » entouré de plusieurs enfants recueillis et hébergés pour diverses causes. Dans le quartier, tout le monde l’appelle affectueusement « Sarkin Baki » même si, en l’occurrence, il était plus « Baban Yara » (le Papa des enfants) lors de notre passage au regard de l’ambiance et surtout de la complicité qui se dégage entre lui et la multitude des enfants présents et qui l’appelle justement « Baba » (Papa).
« La chefferie de Sarkin Baki est un important département de la chefferie qui s’occupe des étrangers. Notre travail est en lien avec les entrées et les sorties des personnes en mobilité sur l’ensemble du territoire du sultanat du Damagaram et nous avons un droit de regard envers les étrangers qui sont de passage ici à Zinder », nous explique-t-il, très conscient de sa mission et de ses nouvelles responsabilités. Au début, poursuit-il, les affaires étaient concentrées au niveau du sultanat mais avec l’évolution du monde et grâce aux formations que nous recevons avec la Direction Régionale de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant (DRPFPE), « nous avons acquis des connaissances sur les droits des enfants et des femmes ». Selon ses explications, c’est grâce à ces formations sur les droits des enfants et des femmes que désormais, au niveau du sultanat, les étrangers sont classés en fonction de leur âge afin de prendre en compte les besoins spécifiques des enfants. Dans le cadre de ses nouvelles missions, la DRPFPE a appuyé le Sarkin Baki qui est désormais assisté par un secrétaire qui se charge des affaires administratives notamment l’établissement des fiches pour chaque enfant mais aussi le suivi des partenariats pour ce qui est de l’appui ou de la formation des jeunes qui durent un temps chez le Sarkin Baki. « Nous accueillons aussi des enfants des villages environnants que nous inscrivons à l’école et dans la formation professionnelle grâce à notre partenariat avec le Fonds d’Appui à la Formation Professionnelle et à l'Apprentissage (FAFPA) », souligne Mahamane Lawan Saley avant de préciser que par la suite, « nous les plaçons en stage pour qu’ils aient un avenir, un métier ».
Le Sarkin Baki s’occupe toujours des étrangers notamment les migrants et autres déplacés ou refoulés des pays voisins. Pour l’hébergement des étrangers, par exemple, la mairie de Zinder a mis à la disposition du Sarkin Baki un local. S’agissant des enfants, ils proviennent soit des villages où ils ont été retrouvés égarés ou, parfois, c’est le commissariat qui les réfère après avoir transité par la Direction Régionale de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant. Ils sont accueillis, nourris et hébergés chez le Sarkin Baki en attendant qu’ils retracent leurs familles. « Dans le cas où on ne retrouve pas les familles des enfants accueillis et logés ici, ils deviennent d’office comme des enfants adoptifs du Sultan. Ils sont à la charge du Sultan et nous nous occupons d’eux », précise le Sarkin Baki. « En plus des enfants de la rue où ceux qui nous sont envoyés par les services de protection de l’enfance ou les commissariats, les chefs traditionnels des villages environnants nous envoient aussi des enfants au niveau du Sultanat », a tenu à préciser le Sarkin Baki. C’est ainsi que pour cette catégorie, et rien que pour le mois de mai dernier, 70 enfants ont été hebergés pendant une trentaine de jour, « et nous leur avons tous élaborés des fiches qui ont été mis à notre disposition par la DRPFPE ».
Lors de notre passage, nous avons trouvés deux nouveaux pensionnaires arrivés le 14 septembre 2021 d’Agadez et depuis hébergés chez le Sarkin Baki en attendant de clarifier et trouver une solution à leur cas c'est-à-dire retrouver leur famille. L’histoire de Habibou Laminou (14 ans) et son compère Kabirou Moutari (13 ans) est assez rocambolesque, mais met en lumière toutes les facettes du rôle que joue le Sarkin Baki dans la protection des enfants vulnérables ou en mobilité et en situation difficile. C’est Habibou Laminou, qui nous la raconte : «Je suis arrivé ici d'Agadez avec mon ami par hasard. Nous étions en train de nous amuser et nous sommes montés dans un véhicule de transport de marchandise et malheureusement nous nous sommes endormis. A notre réveil, nous avons constaté que le camion était en train de rouler et nous nous sommes finalement retrouver, à notre grande surprise, à Zinder ! C'est ainsi que le chauffeur nous a débarqué au niveau de la gare. Ne connaissant personne, nous avons côtoyé un groupe de jeunes toxicomanes qui nous ont influencés et poussés à faire comme eux, c’est à dire, nous débrouiller pour survivre. Fort heureusement, une grande et gentille personne nous a croisé et à chercher à savoir sur notre situation et pourquoi on est là. Après, lui avoir tout expliqué, il nous a conduits au commissariat et de là-bas, après nous avoir posé des questions sur les noms de nos parent et d’où l’on vient, ils nous ont promis qu’ils vont nous ramener chez nous. En attendant, ils nous ont amenés ici chez le Sarkin Baki où on mange bien, on se lave, on dort et on s’amuse même ».
Habibou Laminou (14 ans) et son ami Kabirou Moutari (13 ans) sont d’Agadez. Suite à une rocambolesque histoire, ils se sont retrouvés égarés à Zinder. En attendant que les services de l’Etat retrouvent leurs familles, ils sont pris en charge et hébergés chez le Sarkin Baki de Zinder.
Le Sarkin Baki accueille également des nigériens retournés ou refoulés d’autres pays. C’est ainsi qu’au début du conflit en Centrafrique, vingt-quatre (24) enfants nigériens retournés et non accompagnés et dont les parents sont originaires de la région de Zinder notamment des localités comme Mirriah, Kantché et Matameye ont été accuillis par les autorités et remis au Sultan. « Ils étaient restés longtemps avec nous et comme il est impossible de retrouver leurs familles qui sont restées pour a plupart là-bas, nous leur avons assuré en plus de leur prise en charge, une formation professionnelle. Aujourd’hui, chacun a un métier et on trouve des tailleurs, des chauffeurs et des mécaniciens qui exercent dans la ville », raconte non sans fierté, le Sarkin Baki.
Selon les statistiques disponibles et désormais bien consignées, de janvier à juillet 2021, le Sarkin Baki a reçu de la DRPFPE, 200 enfants originaires de Kantché qui ont été retournés d’Algérie après avoir transité par Agadez. « En dehors d’eux, il y a aussi une quarantaine d’enfants venus d’autres horizons parmi lesquels des natifs des régions de Maradi, Tahoua et Diffa que nous avons accueillis et hébergés en attendant qu’ils soient acheminés dans leurs familles ajoute notre interlocuteur qui fait aussi cas, des enfants retournés du Cameroun en mai dernier et qui ont séjournés à Zinder pendant plus d’une vingtaine de jours chez le Sarkin Baki »,a continué de citer le Sarkin Baki .
L’histoire de Fatouma Batoula, 16 ans et originaire de Matamèye est assez édifiante. Elle a été rapatriée d’Algérie, il y a une dizaine de jours et est actuellement prise en charge chez le Sarkin Baki avant son transfert vers son village, dans sa famille d’origine.
Fatouma Batoula, 16 ans, originaire de Matamèye et rapatriée d’Algérie est prise en charge chez Sarkin Baki en attendant de retourner dans sa famille d’où elle ne compte plus repartir à l’aventure. ; « J'ai été rapatriée d'Algérie où je suis allée pour mendier à Alger la capitale. J'ai juste fait un mois et demi à Alger avant d'être attrapée par la police et par la suite rapatriée ici à Zinder. C’est mon troisième séjour en Algérie mais c’est la première fois que je me fais rapatrier. Les deux autres fois, je suis rentré de moi-même au bout de 6 mois voir un an lorsque je gagne un peu d'argent et je reviens aider ma famille. Cette fois, je m'étais rendu à Alger afin de gagner un peu plus d'argent pour préparer mon futur mariage étant donné que je commence à me rapprocher de l'âge du mariage. Nous sommes partis à deux accompagnées d'une de mes grands-mères qui elle se trouve actuellement à Alger car elle n'a pas été arrêtée. Ici chez, on nous donne à manger, mais on nous explique aussi que nous ne devions plus chercher à aller dans ces pays, car tout ce que nous trouvons là bas, nous pouvons l'avoir ici. C’est pourquoi je souhaite rentrer chez moi à Matamèye et une fois là bas j'aimerais vraiment faire quelque chose pour ne plus à prendre des risques».
A la fin de notre entretien et avant de prendre congé, le Sarkin Baki a tenu une fois encore à exprimer toute sa gratitude aux services techniques comme la Direction Régionale de la Protection de l’Enfant (DRPE) et ses partenaires notamment l’UNICEF pour l’appui dont il bénéficie dans la conduite de sa mission. « Ce partenariat nous a beaucoup épaulé. Grace aux formations reçues, nous arrivons à mieux faire face à nos responsabilités et à assurer une prise en compte des besoins spécifiques des enfants notamment pour ce qui est de leur protection, leur éducation même à leur assurer une formation professionnelle pour leur ouvrir de nouvelles perspectives », reconnait Mahaman Lawan Saley qui émet le souhait que ce partenariat se poursuive et soit davantage renforcé au regard des besoins et des défis.
Les familles d’accueil, une approche de protection alternative des enfants en mobilité basée sur le modèle de l’institution Sarkin Baki
Depuis quelques années, on assiste à un flux important d'enfants en mobilité qui nécessitent une protection, un phénomène amplifié par une crise multidimensionnelle aux diverses sources : migration, pauvreté, faible accès aux services sociaux de base, crise sécuritaire dans les pays voisins, absence de perspectives pour les jeunes pour ne citer que ceux-là. Il convient de noter que la ville de Zinder, au centre-sud du pays, est une zone de transit par excellence pour les migrants en provenance du Nigeria et de certains pays d’Afrique centrale mais aussi une zone de départ d’exodants en route pour Agadez et par la suite les pays Maghrébins et aussi d’Europe.
Pour faire face à cet afflux d’enfants vulnérables, les acteurs institutionnels et étatiques de protection de l’enfant ainsi que leurs partenaires ont ancré le dispositif de protection des enfants sur la pratique ancestrale et traditionnelle du « SARKIN BAKI », anticipant donc même sur la résolution des Nations Unies relatives à la protection et au bien-être des enfants privés de protection parentale ou risquant de l’être. Ainsi, même si le Niger n’a pas encore achevé son processus d’institutionnalisation des familles d’accueil, le mécanisme communautaire de protection de l’enfant intégré en pratique les familles d’accueil auxquelles font recours à plusieurs acteurs institutionnels et étatiques de protection en corrélation avec l’action des Comités de protection. C’est en ce sens que dans la Région de Zinder, la Direction Régionale de la Protection de l’Enfant (DRPE) et l’ensemble des acteurs de protection ont mis en place et formé une trentaine de famille d’accueil afin d’accueillir et protéger les enfants vulnérables en général et ceux retournés de la mobilité en particulier.
Selon Mme Abdoul Aziz Rabi, Directrice Régionale de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant (DRPFPE) de Zinder, on recense actuellement dans la région 35 familles d’accueil fonctionnels dont 13 pour la ville de Zinder. « Depuis les temps anciens, les Chefs traditionnels désignent des personnes en charge d’accueillir les étrangers et les enfants en difficultés. C’est l’exemple du Sarkin Baki. Ces personnes sont désignées eu égard à leur statut social notamment les notables ou les grands commerçants. D’un autre côté, les chefs de quartiers ou de villages jouent aussi le rôle de logeurs des personnes en mobilité », tient-elle à préciser. Donc, poursuit-elle, à la création des services sociaux, les agents se sont basés sur ces leaders traditionnels pour offrir un hébergement temporaire aux enfants en difficulté. Avec l’évolution du travail, des pratiques, des principes, les procédures de prise en charge, les services de protection de la région de Zinder en collaboration avec le juge des mineurs ont initié en 2014 un processus de sélection et une formalisation des familles d’accueil aptes à recevoir les enfants. Parmi les critères de choix de ces familles, Mme Abdoul Aziz Rabi cite l’engagement, le volontariat, la bonne moralité mais aussi être chef de ménage avec femmes et enfants, avoir assez d’espace pour accueillir des étrangers et faire preuve d’amour pour les enfants…etc. Des critères rigoureux pour faire en sorte que certaines familles ou parents ne démissionnent pas de leur responsabilité par la suite ou que les enfants ne s’épanouissent pas dans le milieu où ils ont été placés comme l’a souligné le Sultan Aboubacar Sanda. C’est ainsi que, par exemple, dans la ville de Zinder, sur 22 familles d’accueil au départ, seules 13 ont reçu leur autorisation d’accueillir des enfants en difficulté.
Après leur officialisation, poursuit la Directrice régionale, et eu égard aux autres activités qu’ils peuvent faire avec les enfants comme l’écoute, l’appui psychosocial, le conseil, le retracement familial, la médiation familiale ; la DRPFPE avec le soutien des partenaires comme l’UNICEF, Save the Children, la croix rouge Nigérienne, a organisé plusieurs sessions de formations aux chefs des familles afin de renforcer leurs capacités de prise en charge des enfants. On peut citer les formations et orientations suivantes : les modalités de signalement, compréhension des différents stades de développement de l’enfant, l’appui psychosocial aux enfants migrants, les techniques d’écoute…etc. « Grace à ces formations, le séjour des enfants dans les familles d’accueil est de plus en plus agréable », souligne Mme Rabi qui tient aussi à ajouter que les épouses des chefs des familles d’accueil ont aussi reçu des appuis pour mener Activités Génératrice de Revenus afin de leur permettre d’assurer quelques besoins des enfants accueillis.
Mme Abdoul Aziz Rabi, Directrice Régionale de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant (DRPFPE) de Zinder : « Aujourd’hui à Zinder, les familles d’accueil font pleinement parti du système local de protection de l’enfant. Leur apport dans la prise en charge des enfants en mobilité n’est plus à démontré».
La parfaite collaboration entre l’ensemble des acteurs participent à garantir la réussite de ce mécanisme communautaire de protection de l’enfant intégré dans les familles d’accueil auxquelles font recours plusieurs acteurs institutionnels et étatiques de protection de l’enfant en corrélation avec l’action des Comités de protection. « L'état n'a malheureusement pas crée toutes les institutions qui puissent résorber les problèmes de mobilité ou de migrations. Ce partenariat nous permet donc de mieux les prendre en charge », estime le magistrat Boukar Abatchia Abdoul Kader, juge des mineurs au Tribunal de grande instance de Zinder qui fait remarquer par exemple, que le partenaire UNICEF apporte un important appui en fonds non seulement pour le retour des enfants en famille mais aussi a leur trouver des alternatives. Selon lui, c’est l’alternative qu’offre les familles d’accueil en matière de protection de l’Enfant qui nécessite une plus grande implication des autorités administratives et judiciaires pour leur meilleur encadrement afin de véritablement garantir les droits des enfants et assurer leur bien-être même dans ces familles d’accueil.
Boukar Abatchia Abdoul Kader, Magistrat et juge des mineur au niveau du Tribunal de grande instance de Zinder: « Les familles d'accueil sont des institutions partenaires pour tous les acteurs de la protection de l'enfance en danger notamment nous les juges de mineurs. Ces familles d'accueil sont un palliatif à d'autres institutions qui devaient exister mais qui malheureusement n'existent pas et dont même malheureusement l'une a fermé ses portes où n'est plus opérationnelle, mais heureusement qu'il y a eu une nouvelle création à Niamey, un centre de réinsertion. C'est donc dans ce cadre là que nous utilisons les familles d'accueil pour les enfants qui sont en situation de danger et qui doivent être pris en charge temporairement avant d'organiser le retracement familial et éventuellement le retour dans le foyer d'origine. Nous avons un comité de protection judiciaire juvénile. Les représentants des autorités traditionnelles qui sont les chefs de quartier et par ailleurs les familles d'accueil assistent régulièrement à nos réunions. Le processus de sélection et de formation des familles d'accueil qui est d'ailleurs basé sur une tradition locale répond en grande partie aux attentes de l'institution judiciaire et c’est pour quoi elles ont besoin d'un suivi plus costaud et plus régulier. Il faut vraiment un encadrement. Il faut définir des critères notamment la bonne moralité de la personne qui est le chef de famille, s'assurer que cette personne a des ressources financières suffisantes pour se prendre en charge elle-même. On a tendance à voir, que c’est devenu un commerce pour certains comme ils savent qu'il y a des partenaires qui financent. Il faut même des sanctions éventuelles, si jamais on se rend compte que les enfants placés chez vous ne reçoivent pas toute l'attention qu'il faut. Il faut s'assurer que ses enfants qui sont placés, ne sont pas mis en danger sinon même plus en danger qu'ils ne l'étaient avant leur placement».
L’appui de l’UNICEF, un gage de succès pour l’expérience pilote des familles d’accueil
En plus des appuis multiformes que l’Unicef apporte à la Direction régionale de la promotion de la femme et de la protection des enfants et aux services judiciaires en charge des mineurs de la Région de Zinder, d’autres acteurs non étatiques bénéficient de cet appui dans le cadre des différentes interventions et activités pour la mise en place et la réussite des familles d’accueil.
Afin de nous faire une idée des réalités sur le terrain, nous nous sommes d’ailleurs rendus au quartier Malam Yaro de Zinder où le chef, qui accueille également des enfants en situation de vulnérabilité, nous a livrés ces impressions notamment sur l’impact de la collaboration entre les différents acteurs mais surtout de la nécessité de renforcer les appuis des partenaires pour faire face aux besoins et surtout assurer la durabilité de cette initiative qui a fait ses preuves en matière de protection des enfants.
Ali Yaro, chef du quartier Malam Yaro de Zinder : « J’ai hérité de cette pratique de famille d'accueil. Nous ne recevons pas que des enfants. Il y a des enfants qui viennent d'eux mêmes en fuyant leurs familles pour cause des conditions de vie. Ils sont emmenés par les commissariats et les chefs de villages ou de quartiers. J'accueil actuellement 30 a 35 enfants qui viennent d'horizons divers. Il y a des enfants de Niamey, de Maradi et aussi des natifs de Zinder. Pour retracer leurs familles, nous faisons appel au SEJUP, ce service de l'Etat qui assure la protection des femmes et des enfants. Les enfants sont bien intégrés par ce qu’ici, il y a même mes propres enfants. Je lance un appel à l endroit de l'Etat pour qu’il nous appui avec plus de moyens, nous allons mieux nous occuper des enfants. Comme vous le voyez, nous avons deux maisons, dont celle d'en face qui héberge des enfants plus âgés. Je dois reconnaitre que l'UNICEF, c’est le leader en matière d’appui pour les enfants. Nous savons que l’UNICEF nous appuie par le biais des autres ONG et nous réitérons notre demande pour plus d’appui de la part de tous les partenaires parce que nos moyens sont actuellement très limités. »
Selon Maiga Harouna Issa, travailleur social pour le projet « Enfant en mobilité » qui est basé à la Direction régionale de la promotion de la femme et de la protection de l'enfant de Zinder, le soutien multiforme de l’UNICEF est particulièrement important dans la réussite des familles d’accueil tel que expérimenté dans la région de Zinder qui est très impactée par la migration. « C'est donc dans ce cadre que notre service apporte son assistance aux enfants en mobilité que nous recueillons par centaine tout le long de l'année et dans le processus de prise en charge, nous collaborons beaucoup avec les familles d'accueil car nous manquons des centres d'hébergement pour ce genre d'enfant », explique-t-il avant d’ajouter que depuis la création des services sociaux, « ces familles d'accueil mettent à notre disposition leurs infrastructures pour pouvoir héberger temporairement ses enfants le temps de pouvoir retrouver leur famille ».Dans le cadre de ce processus, poursuit-il, nous faisons des requêtes, des demandes que UNICEF finance depuis 2014 date à laquelle les familles d'accueil ont été officiellement reconnues avec leur autorisation au niveau du juge des mineurs qui est la tutelle pour autoriser le placement d'un enfant dans une famille. En plus de cela, l'UNICEF apporte des appuis en vivre pour soutenir ces gens qui travaillent dans le bénévolat, des kits d'hygiène, des nattes, des matelas. Toujours à travers le soutien de l’UNICEF, nous avons apporté un appui en activités génératrices de revenus pour les femmes afin de leur permettre de subvenir aux besoins des enfants même en l'absence du chef de la famille.
Maiga Harouna Issa, travailleur social pour le projet « Enfant en mobilité » basé à Zinder et qui bénéficie du soutien de l’UNICEF.
ENTRETIEN: M. Salissou Zakari, chef du projet “Accompagnement des enfants talibés retournés du Nigéria”, un projet piloté par l’ONG Conaf et financé par l'UNICEF qui couvre les régions de Zinder et de Maradi.
A quel niveau, vous intervenez et quelle est votre relation avec les autres structures et institutions en charge de la protection des enfants en mobilité?
La Conaf est une ONG qui a pour cible principale les enfants et plus spécifiquement les enfants en situation de difficulté ou de vulnérabilité. La Conaf prend donc en charge la question de la protection de l'enfant. Cela exige la collaboration, la participation et aussi l'engagement d'un certain nombre de structures et d’institutions à travers un travail de synergie. Nous travaillons donc tous autour de la même thématique, celle de la protection des enfants autour de la Direction régionale de la promotion de la femme et de la protection de l'enfant qui en est un maillon clé. Mais en plus de cela, il y a d'autres structures, d'autres intervenants avec lesquels nous travaillons en synergie pour assurer une protection efficace et efficiente de l'enfant.
Quelle appréciation faites-vous de soutien financier de l'UNICEF dans le cadre de la réalisation de vos activités ?
La question de la protection de l'enfant ne peut être évoquée sans parler de l’appui de l'UNICEF qui est un organisme des Nations unies qui a essentiellement comme mission la protection de l'enfant. Aujourd'hui et comme vous le savez, suite à l'épidémie de la covid-19, le Nigéria qui est un pays frontalier du Niger a décidé de rapatrier tous les enfants vivants sur son territoire. C'est donc dans cet objectif que l'UNICEF a décidé de financer la Conaf pour assurer aux enfants talibés retournés du Nigéria un environnement protecteur et aussi faciliter leur fixation, leur réintégration sociale et aussi faire en sorte que ces enfants ne retournent plus. En plus de ses enfants, nous recevons également d'autres enfants soit en mobilité où des pays frontaliers. Ainsi nous avons un mécanisme qui a été mis en place et à travers lequel nous assurons la prise en charge de ces enfants pour qu'on puisse faciliter le retour en famille. Le meilleur endroit protecteur pour un enfant, c'est sa famille. Je profite d’ailleurs de l’occasion pour féliciter tous les acteurs qui sont engagés dans cette question de la protection de l'enfant et spécifiquement de la mise en place d’un dispositif communautaire pour en assurer la durabilité: les familles d'accueil.
Quel impact l’initiative des familles d’accueil a eu sur la protection des enfants en mobilité dans le cadre de vos interventions ?
Les familles d'accueil sont, en effet, un maillon essentiel qui nous permettent aujourd'hui en fonction du contexte dans lequel nous recevons les enfants de faire face aux nombreux défis liés à la protection de l’enfant et assurer son bien-être. Selon la situation de l'enfant, nous référons les cas à travers un signalement à la Direction régionale de la promotion de la femme et de la protection de l'enfant qui s'occupe des formalités administratives pour le placement de l'enfant dans une famille d'accueil. Si cela intervient à une heure où les conditions ne le permettent pas, le Conaf en tant que ONG, informe directement le juge des mineurs qui nous autorise à placer l'enfant dans des familles d'accueil.
A.K.Moumouni, envoyé spécial à Zinder pour actuniger.com
Commentaires
il me bouffe le cul aussi , mais bon a leur age il ne font plus grand chose.
alla la les senile pour les occuper , le drian devient alzeihmer , nunez belda pd , comme macronn.
envoyez nous tous vos petits mendiant , j'ai des trucs en plastique moux pour eux .
TOTO A DIT se fait violence pour dire qu'il ait mal lu SI ....NON
EH BEN !!!!
Citation en provenance du commentaire précédent de christine lagarde :
Vaudrait il me se donner la peine d'envoyer ces dits petits mendiants qui opposeront certainement un niet .. Et TOTO A DIT te sugg
Faudrait-il ou vaudrait il M