Le ministre Yahouza menace de fermer les restaurants et cités si les étudiants ne reprennent pas le chemin des facs
Les étudiants des différentes universités publiques du pays ont jusqu’à ce lundi 30 avril pour mettre fin à leur grève illimitée et reprendre les chemins des facs. Faute de quoi, les cités et restaurants universitaires seront fermés. C’est en substance, la teneur de l’instruction que vient d’adresser le ministre de l’Enseignement supérieur Yahouza Sadissou au Directeur général du Centre national des œuvres universitaires (CNOU) ainsi qu’aux différents directeurs régionaux.
Cette lettre qui sonne comme une menace en bonne et due forme, fait suite, à en croire le ministre, à la « persistance de la grève des étudiants » et à l’ultimatum donné par le gouvernement aux étudiants ce même samedi, de reprendre les cours au plus tard le lundi 30 avril. « Si à l’expiration de ce délai, la crise persiste, je vous demande de prendre toutes les dispositions en rapport avec les Gouverneurs et les recteurs, pour la fermeture des cités et restaurants universitaires » a instruit le ministre. Toutefois, « les facultés restent ouvertes et les bus continuent d’assurer la régularité des transports ».
Intimidations et chantage
Ces instructions à la limite du chantage à l’égard des étudiants, font partie des mesures que le gouvernement compte mettre en œuvre pour étouffer la fronde des scolaires déclenchée par l’USN. C’est ce que le ministre porte-parole du gouvernement Assoumana Mallam Issa a d’ailleurs qualifié d’opération de « restauration de l’autorité de l’Etat face à certaines dérives constatées au niveau de l’enseignement supérieur ». Des mesures qui visent l’ensemble de la communauté universitaire mais qui s’abattent pour le moment aux étudiants en guerre ouverte depuis quelques semaines avec le régime.
Parallèlement aux directives du MESRI, son homologue des Enseignements secondaires Mahamadou Sanoussi Elhaj Samro, a lui aussi rendu public un communiqué dans lequel il a rappelé aux élèves et à leurs parents que les épreuves du BEPC sportif débuteront comme prévu ce lundi 30 avril et que tout candidat qui ne se sera pas présenté sans motif valable, ne se présentera pas à l’examen final.
Le gouvernement maintient donc sa fermeté à l’égard des scolaires nigériens qui n’entendent pourtant pas se plier même si le Comité directeur s’est dit disponible au dialogue, ce que l’Association des parents d’élèves et étudiants a aussi plaidé. Toute la semaine qui s’est écoulée, le gouvernement a essayé à mobiliser l’administration ainsi que les parents d’élèves pour casser la grève illimitée. A la suite des instructions données par le gouvernement, les forces de l’ordre (police, gendarmerie et garde nationale) ont été mobilisées sur toute l’étendue du pays pour empêcher les élèves et étudiants de manifester. Les forces de sécurité ont désormais investi campus, facultés et écoles et des manifestations violentes ont été enregistrées dans plusieurs localités du pays avec à la clé, des blessés graves comme à Keita, Mirriah et Matamèye. Dans plusieurs villes du pays, des membres des structures locales de l’USN ont été arrêtés et selon des sources syndicales, près d’une cinquantaine d’élèves et d’étudiants sont actuellement soit en garde à vue soit mis sous mandats de dépôt comme à Niamey, Keita, Tillabéry ou Balleyara. La liste est loin d’être exhaustive.
La crise scolaire s’enlise donc de plus en plus malgré le large sentiment partagé par l’opinion sur le fait que seul un sursaut national permettra de sauver l’enseignement supérieur et l’éducation en général, ce qui passe inéluctablement par un dialogue. Pour l’heure, le gouvernement ne l’entend visiblement pas de cette oreille et les étudiants pour montrer leur détermination à aller jusqu’au bout de leur lutte, ont commencé à prendre les devants. A Zinder et à Tahoua, les étudiants ont commencé déjà à préparer leurs bagages et à vider les cités avant l’expiration de l’ultimatum du gouvernement.
A.Y.B (Actuniger.com)
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