Niamey : Après celle de ce jeudi, la marche de la société civile du samedi également interdite par les autorités municipales
La marche de protestation suivie de meeting de la société civile contre la loi des finances 2018 prévue pour ce samedi 23 décembre à Niamey vient de nouveau d’être interdite par les autorités municipales. Cette interdiction vient à la suite de la décision du même genre qui a visée la manifestation prévue initialement ce jeudi 21 décembre.
Une double interdiction pour le mouvement social initié par trois associations de la société civile (le MPCR, Alternative Espaces Citoyens et Croisade) à laquelle se sont greffés plusieurs autres associations, syndicats professionnels et partis de l’opposition. Ils entendent par « cette action citoyenne » là maintenir la pression contre « la mauvaise gouvernance » et surtout « le contenu antisocial » de la loi de finances 2018 pourtant votée depuis le 26 novembre dernier par le Parlement.
La première décision du président de la Délégation spéciale de Niamey a été jugé « illégale » par la coalition de la société civile qui ont décidé de la reporter à samedi prochain d’autant plus que dans son arrêté du 19 décembre interdisant la manifestation de ce jeudi, les autorités municipales ont invoqué l’arrêté ministériel du 12 janvier dernier interdisant les marches et meeting les jours ouvrables. L’arrêté d’interdiction est allé jusqu’à proposer aux manifestants ayant fait la demande d’autorisation, qu’ils peuvent prévoir un autre jour non ouvrable pour tenir leurs activités de protestation. Un conseil que le cadre d’action et de coordination de la société civile mis en place par les différentes structures adhérant à la fronde a pris à la lettre en reportant sa manifestation pour le samedi 23 décembre prochain. Les autorités municipales viennent encore d’interdire la marche suivie de meeting, ce qui est « incompréhensible » pour la coalition qui compte saisir dès ce jeudi le juge des référés aux fins de lever cette interdiction « illégale selon la constitution ».
La seconde décision du président de la Délégation spéciale de Niamey Moctar Mamadou invoque entres autre "le non respect du délais légal de procédure" mais pour beaucoup de nigériens, la visite qu’effectue du 22 au 23 novembre au Niger le président Emmanuel Macron, n’est pas étrangère à cette nouvelle interdiction d’une manifestation prévue un jour non ouvrable.
Selon l’Elysée, Macron devrait rendre visite aux soldats de la force Barkhane stationnés dans le pays notamment à la base aérienne de Niamey sise près de l’aéroport. Cela d’autant que les manifestants entendent également protester au cours de leur mouvement, de dire « stop au bradage de [nos] ressources naturelles et de [notre] souveraineté », des accusations qui visent directement la France qui en plus de ses bases militaires, exploitent l’uranium au Niger à travers Areva.
Il reste à savoir si la coalition aura gain de cause auprès de la justice, comme c’est le cas à Tillabéry, mais déjà ce jeudi 21 décembre, un mot d’ordre de « ville morte » accompagnée de « jeûne et prière » a été lancé par les organisateurs du mouvement.