Le journaliste Baba Alpha condamné à "la mort civique"
Reporters sans frontières (RSF) dénonce la condamnation inique du journaliste indépendant Baba Alpha, à deux ans de prison et dix ans de privation de tout droit civique et politique.
Le 18 juillet, le journaliste Baba Alpha et son père d’origine malienne ont été condamnés en première instance à deux ans de prison ferme, 300 000 francs CFA d’amende (450 euros), et la privation pour 10 ans de tout droit civique et politique. En pratique, le journaliste de la télévision privée Bonfereye et son père sont donc déchus de la nationalité nigérienne, leurs documents d’état civil nigériens vont être détruits et ils leur est interdit d’exercer un emploi public.
Accusés d’avoir usurpé la nationalité nigérienne, les deux hommes en prison depuis le 3 avril dernier, étaient poursuivis pour « usage de faux en écriture publique ». D’origine malienne, Baba Alpha est né et a grandi toute sa vie au Niger. Lui et son père avaient entrepris en 2011 des démarches pour obtenir officiellement la nationalité nigérienne.
Omar Sidi, membre du bureau de la fédération nationale de football, qui était accusé d’être l’auteur des faux papiers, a en revanche été libéré il y a deux mois et les charges contre lui abandonnées. Les charges contre Baba Alpha et son père avaient alors été requalifiées, afin de lever tout soupçon sur cet homme d’affaire influent et proche du pouvoir.
"Ce double standard dans la procédure démontre s’il était besoin la nature politique des poursuites contre Baba Alpha et son père. RSF s’insurge contre cette décision disproportionnée dont le but n’est autre que d’écarter et de faire taire un journaliste réputé pour son professionnalisme et sa vision critique de la gestion des affaires publiques. Nous appelons les autorités nigériennes à revenir sur cette condamnation ubuesque."
Pour Maître Mossi, l’avocat des deux condamnés, cette décision est ”illégale au regard des droits de l’Homme et de la démocratie. Par cette décision Baba Alpha est déclaré apatride, ce qui est non conforme aux conventions internationales ratifiées par le Niger et à la loi nationale, a-t-il déclaré. Baba Alpha est né et a grandi au Niger, il n’a d’autre nationalité que la nationalité nigérienne, et c’est cette nationalité qui lui a été retirée aujourd’hui.” Il a déclaré vouloir faire appel.
Faire taire les voix critiques aux Niger
Présentateur des informations sur la chaîne indépendante Bonfereye, Baba Alpha est par ailleurs secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de l'information et de la communication (SYNATIC) et ancien président de la maison de la presse du Niger. Il est connu pour sa liberté de ton et ses critiques acerbes envers le gouvernement sur son compte Facebook ainsi que sur le plateau de la chaîne de télévision Bonferey. Le journaliste avait été approché par la Présidence qui lui avait proposé d’y travailler mais ce dernier avait refusé.
En juillet 2016, il avait appelé au boycott de la traditionnelle séance de rupture du jeûne du ramadan organisée par le président de la République, Mahamadou Issoufou, pour protester contre les violations de la liberté de la presse dans le pays. Sa détention ressemble fortement à une tentative déguisée pour l’empêcher de s’exprimer librement, malgré un motif officiel n’ayant a priori rien à voir avec son activité professionnelle et militante.
Le 20 avril dernier, 61 journalistes africains de la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO), appelaient, dans une déclaration commune fait à Ouagadougou, à la libération du journaliste et s'inquiétaient de la dégradation de la liberté de l’information au Niger.
Rappelons que le Niger occupe la 61ème place au Classement 2017 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Commentaires
Repporteurs sans frontiere a raison car cela suit la logique du President du PNDS Tarrayya, Bazoum Mohamed, dans sa derniere sortie pour repondre a Amnesty International dans Jeune Afrique. Bazoum disait:
"Abdourahamane Insar a appel