Maradi Kolliya : Quand le maquillage commence (déjà) à fondre… !
Le Programme Maradi Kolliya est toujours en cours, nous dit-on, malgré l’arrêt des travaux dans beaucoup de chantiers, surtout parmi les plus emblématiques. C’est le cas notamment de la maison de la culture, de l’arène des jeux traditionnels, de la résidence du Gouverneur, de la case de passage présidentielle, du stade régional et de bien d’autres. Actuellement sur les 80 chantiers ouverts au démarrage du programme, 4 ou 5 sont réellement terminés et à peine une dizaine d’entre eux font semblant de fonctionner. Tous les autres sont à l’arrêt, à cause de … l’argent.
Ce qui préoccupe les maradawas aujourd’hui, ce n’est pas tant l’arrêt des chantiers à cause de l’argent, ce qu’ils comprennent aisément, mais le comportement de certaines réalisations, 10 mois seulement après avoir été « réceptionnées ». « Le goudron chinois » (RN9), vu au départ comme étant la réalisation phare de la ville, a provoqué des inondations qui ont systématiquement bloqué des commerces pendant plusieurs jours. La route qui va de l’aéroport à l’école normale, est quant à elle un vrai désastre. Déjà, on ne compte plus le nombre de « nids de poule » qui la parsèment. S’agissant des bâtiments finis ou en voie de l’être, l’impression générale est que ceux-ci ont été construits par des « maçons de quartier ». De loin, ils ont l’air grandiose et beau, mais de près, la géométrie est totalement absente dans les lignes et les courbes.
Cette absence de qualité dans les infrastructures de Maradi Kolliya est encore plus visible sur les pavés qui encadrent la double voie. Ces pavés sont aujourd’hui littéralement écrabouillés par les « gros porteurs » qui semblent prendre un malin plaisir à rouler dessus et sentir la matière se disloquer. La quasi-totalité de ces pavés sont à reprendre, sinon à l’allure où vont les choses, quelques mois à peine suffiront pour que ces pavés détruits enlaidissent la voie goudronnée et précipitent ainsi sa dégradation.
Heureusement Dieu distingue toujours les bons grains de l’ivraie. Il y a en effet des entreprises qui se sont montrées soucieuses de « la qualité du rendu ». Leurs réalisations sont à la limite « impeccables » et font aujourd’hui la fierté des maradawas. Dans cette catégorie où la qualité saute aux yeux, on pourrait citer, le « Monument des 7 Haoussas », sis place du Gouvernorat. Réalisé par l’entreprise « Jamila Pressing », cette œuvre architecturale est l’un des éléments du « maquillage » parmi les plus réussis et les plus visibles de la ville de Maradi. La nuit, avec ses lumières feutrées, le monument transforme la place en un endroit féérique où les jeunes de Maradi et les visiteurs se précipitent pour faire des selfies.
A l’épreuve du temps, la palme de la qualité, revient incontestablement à la Tribune Publique, sise derrière le Lycée Technique. Une infrastructure « futuriste », très pratique, montée sur un échafaudage en fer et sur lequel sont soigneusement alignées des chaises aux couleurs nationales. Depuis le 18 décembre 2015, cette infrastructure a servi successivement de place de meetings politiques à tous les partis politiques, de lieu de rendez-vous pour les méga-prêches islamiques, mais aussi, d’endroit privilégié pour l’organisation de foires commerciales. En dehors de la double voie, c’est de loin l’infrastructure la plus « rentable » réalisée dans le cadre de Maradi Kolliya. Les travaux de l’aménagement de la tribune publique de Maradi ont été réalisés par la société MIGAS qui d’après nos investigations, figure parmi les entreprises qui n’ont pas encore perçu la moindre « avance » auprès des guichets du Programme.
Voilà qui devrait bien inspirer les responsables du Programme Agadez Sokni : Insister sur « la qualité du rendu », car nos entrepreneurs sont pour la plupart estampillés « indélicats ».
EL Kaougé Mahamane Lawaly, Le Souffle Maradi.
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