Au Niger, l'économie régionale autour de Diffa victime de Boko Haram
La région de Diffa, dans le sud-est du Niger, est particulièrement affectée par les violences attribuées à Boko Haram. Elle compte 150 000 réfugiés nigérians auxquels il faut ajouter près de 100 000 déplacés internes. La région comprend également des cellules dormantes qui se finançaient et se ravitaillaient grâce au poisson fumé. Or depuis février 2015, la pêche y est tout simplement interdite. Le problème est similaire pour le commerce du poivron, et des marchés ont été fermés.
Pour Diffa, le manque à gagner est énorme. Les poissons de la Komadougou Yobé et du lac Tchad génèrent 20 milliards de francs CFA de revenus annuels. Mais ces zones de captures sont truffées de combattants insurgés.
Ceux-ci se sont longtemps ravitaillés grâce au commerce des carpes et des silures fumés qui étaient écoulés sur les marchés de l’autre côté de la frontière. Au lieu de revenir à vide du Nigeria, les commerçants étaient tenus de regagner le Niger les camions chargés de vivres, d’eau, et de carburant, pour le compte des hommes de Boko Haram.
Cette ligne de ravitaillement a été interrompue par la mesure d’interdiction de la pêche assez radicale. Or, l’activité faisait vivre des milliers de foyers dans la région de Diffa.
Pour y faire face, le gouvernorat précise que des reconversions et des formations ont été mises en place il y a six mois. L’autorité déplore également des fraudes : sept camions qui transportaient chacun deux tonnes et demie de poisson ont été interceptés aux abords du lac Tchad il y a deux semaines. Les chauffeurs ont été arrêtés leurs chargements ont été détruits.
D'autres secteurs de l'économie touchés
L'économie générale du secteur est plombée. Par exemple, la production de poivron dans la région de Diffa a chuté d’environ 80%. Or les produits de la filière s’élèvent d’ordinaire à 15 milliards de francs CFA annuels. Des dizaines de milliers de foyers sont donc affectés. Les champs de poivron sont situés aux abords du Lac Tchad et le long de la rivière Komadougou Yobé. Ce sont précisément les zones où les insurgés sévissent le plus.
Par ailleurs, de nombreux marchés sont fermés. Ils permettaient aux insurgés de se ravitailler ou d’écouler leur bétail volé. Les membres de Boko haram profitaient aussi de l’afflux et du désordre occasionnés par les marchés pour gagner le Niger sans être repérés. Pour ces diverses raisons, les autorités ont décidé de fermer ceux de Gagamari et de Kincha Indi, deux carrefours d’échange importants d’une région qui compte parmi les plus pauvres du monde.
Une partie sans cesse plus large des quelque 600 000 habitants du sud-est vit sous perfusion des agences humanitaires, qui doivent aussi secourir 100 000 déplacés internes et 150 000 réfugiés nigérians.
RFI
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