Coupures électriques au Niger : ras-le-bol de la population
Depuis le début du mois de mai, plusieurs villes nigériennes dont la capitale, Niamey, sont plongées dans le noir pour cause de coupures électriques, les populations commencent en avoir ras-le-bol, et expriment à qui veut les entendre leur sentiment d'exaspération profonde.
En effet, comme à l'accoutumée, chaque année en cette période de grande chaleur (avril-mai-juin) les Nigériens sont, cette année encore, soumis à une cadence des plus insoutenables de délestages qui vont des fois jusqu'à la coupure totale de fourniture de l'énergie électrique.
Depuis près de deux semaines, les Nigériens revivent, impuissants, le mal dans leur chair, les affres de ruptures sauvages de la fourniture électrique, sur toute l'étendue du territoire nationale, de jour comme de nuit. A un moment où la température avoisine les 45-47 degrés.
Cette situation, à en croire aux responsables de la Société Nigérienne d'Electricité (NIGELEC), est la conséquence de l'effondrement total du réseau de distribution du Nigéria qui fournit près de 80% du courant électrique consommé au Niger.
Avec une production très en deçà des besoins réels de la population, à Niamey, la priorité est logiquement accordée aux zones dites "sensibles" que sont les hôpitaux, les centres de commandement, les casernes, au détriment des autres zones où les coupures sont souvent très longues.
Les régions du fleuve, toute la partie ouest du pays, notamment la région de Niamey ainsi que les régions de Diffa, Zinder, Maradi, Dosso et Tillabéry qui sont sur le réseau du Nigéria, restent les plus affectées par ces coupures.
A Niamey, l'administration générale, le commerce et l'ensemble des zones résidentielles sont ainsi soumis à un système de délestage très prononcé.
Toutes les activités sont bloquées. Dans, l'administration notamment, tous les travailleurs sont souvent hors des bureaux, d'autres y trouvent un prétexte valable pour vaquer à d'autres besognes. Le commerce a été drastiquement ralenti. En somme, l'économie en a pris un sérieux coup.
Les consommateurs dénoncent une situation qui les rend mal à l'aise. Pire, cette insuffisance de la fourniture en énergie électrique a entrainé une baisse drastique de la distribution d'eau dans la capitale. La glace qui se vendait à 25 FCFA la mesure avant la coupure, se négocie maintenant entre 150 jusqu'à 200 FCFA dans certains quartiers de Niamey.
A quand une fourniture électrique à suffisance au Niger pour mettre fin au calvaire des populations et permettre aux activités économiques de reprendre pour de bon leur cours normal? Mystère et boule de gomme.
Une situation récurrente en dépit des maintes promesses faites des autorités et au regard des multiples chantiers démarrés en vue d'en trouver la solution définitive.
Il s'agit notamment de la production de l'électricité à partir de la mine de charbon de Salkadamna (région de Tahoua, centre), d'une capacité de 500 mégawatts par jour, dont le président nigérien Mahamadou Issoufou a procédé à la pose officielle de la première pierre depuis 2013. Mais dès lors, les travaux tardent à démarrer effectivement.
Il en est de même de la construction de deux lignes de transmission haute tension : Soraz-Zinder-Maradi-Malbaza, sur plusieurs centaines de kilomètres de 132 kv, à partir de la Société de Raffinage des hydrocarbures (SORAZ), société à capitaux sino-nigériens.
Ce projet devrait être réalisé grâce à un prêt préférentiel de la Banque chinoise d'Import-Export, Exim Bank, d'un montant d'un milliard de dollars, soit l'équivalent de 480 milliards de FCFA accordés au Niger pour le financement de divers projets.
A cela s'ajoute la construction, très avancée, à Niamey d'une centrale thermique de 100 mégawatts, la centrale de Goroubanda dont la mise en fonction pourrait intervenir en fin d'année, selon le Premier ministre Brigi Rafini.
Toujours dans le souci de résoudre définitivement sa dépendance dans le domaine de l'électricité et améliorer considérablement les conditions de vie de ses populations, le gouvernement nigérien avait initié le projet de réalisation du gigantesque barrage hydroélectrique de Kandadji, sur le fleuve Niger, environ 150 km en amont de Niamey.
Depuis le retrait des travaux en 2013 à la société russe "Zarubezhvodstroy" par le gouvernement, le projet semble avoir du plomb dans l'aile.
Or, ce barrage dont les travaux étaient initialement prévus pour terminer en 2013, devait permettre à terme d'irriguer plus de 45.000 hectares et contribuer à la résorption du problème énergétique du Niger par la production d'une puissance installée de plus de 130 mégawatts.
Xinhua
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