35 ans de dérives politiques : le Gouverneur Abdou Harouna dénonce corruption, incompétence et pillage des ressources nationales

Lors de l’ouverture des Assises nationales au Centre International des Conférences Mahatma Gandhi, hier samedi 15 février 2025, le Général de Brigade Assoumane Abdou Harouna, Gouverneur de la Région de Niamey, a livré un réquisitoire accablant contre 35 ans de gestion politique, qu’il qualifie de « démocratisation mal comprise ». Dans un discours percutant, il a pointé du doigt une classe politique accusée d’avoir plongé le Niger dans la corruption, l’inefficacité administrative et un délitement social profond, malgré les richesses naturelles et le potentiel de sa jeunesse.

« En 35 ans de démocratisation mal comprise, nous avons vu ce que la grande majorité de nos politiciens a fait de notre pays », a déclaré le Gouverneur Harouna, dénonçant une « médiocrité érigée en valeur » et une administration « sous coupe réglée ». Il a fustigé un système de gouvernance marqué par le clientélisme, le népotisme, le pillage des ressources nationales et une recherche effrénée du profit personnel au détriment de l’intérêt général.

Une gestion politique décriée : corruption et inefficacité
Le Gouverneur Harouna n’a pas mâché ses mots pour décrire les dérives de la classe politique nigérienne. « Certains hommes politiques, pourtant garants de la chose publique, ont oublié leur responsabilité et leur devoir », a-t-il martelé, accusant certains dirigeants d’avoir instauré un système où « la corruption est devenue un mode de gouvernance ». Il a également dénoncé le « nomadisme politique », le « clanisme » et « l’escroquerie » comme des pratiques courantes ayant miné la confiance des citoyens envers leurs institutions.

Un appel à la refondation et à une nouvelle ère politique
Face à ce constat accablant, le Gouverneur Harouna a appelé à une refondation du Niger, insistant sur l’importance des Assises nationales comme « une rare chance de se ressaisir ». Il a exhorté les participants à rompre avec les pratiques du passé et à poser les jalons d’un Niger « véritablement démocratique, installé dans une paix durable et prospère ». « Nous devons être à l’abri des comportements des mêmes hommes politiques, aux mêmes habitudes, qui n’hésiteront pas à appliquer les mêmes méthodes », a-t-il averti, en référence aux alliances contre nature et aux achats de conscience qui ont caractérisé la scène politique nigérienne.

Une vision stratégique pour l’avenir
Le Gouverneur Harouna a également souligné la nécessité d’une « vision stratégique commune » pour le Niger, s’appuyant sur la dynamique de la Confédération AES (Alliance des États du Sahel) comme boussole pour guider les réformes. Il a appelé à l’élaboration d’une « charte traditionnelle » qui incarnerait les aspirations du peuple nigérien et garantirait un avenir fondé sur la transparence, la justice et le développement harmonieux.
En conclusion, il a lancé un vibrant appel à l’unité et à l’action, saluant le rôle des Forces de Défense et de Sécurité dans la lutte contre les dérives politiques. « Vive le Niger libre, indépendant et prospère ! », a-t-il conclu, sous les applaudissements de l’assemblée.

Ces Assises nationales, qui se tiennent dans un contexte de défis sécuritaires et économiques majeurs, sont perçues comme un moment décisif pour le Niger. Elles devraient aboutir à des recommandations concrètes pour une réforme profonde des institutions et des pratiques politiques, afin de tourner la page sur des décennies de gestion controversée et de construire un avenir meilleur pour les générations futures.

Abdoulkarim (actuniger.com)