Crise diplomatique entre l'UE et le Niger : l’ambassadeur Salvador Pinto da França rappelé « pour des consultations » après des accusations sur la gestion de l’aide humanitaire
Un nouveau différend diplomatique a éclaté entre l’Union européenne et le Niger. Ce samedi 23 novembre 2024, l’UE a annoncé le rappel de son ambassadeur, Salvador Pinto da França, en poste à Niamey depuis le 1er septembre 2022, pour des consultations à Bruxelles, à la suite des accusations des autorités de transition nigériennes concernant la gestion de l’aide humanitaire destinée aux victimes des récentes inondations. Selon l’UE, ces accusations remettent en cause les modalités de distribution de cette aide dans le pays.
Une aide critiquée pour son manque de transparence
Dans un communiqué publié vendredi, les autorités de transition du Niger ont critiqué l'Union européenne pour avoir attribué une aide humanitaire de 1,3 million d’euros sans avoir été consultées au préalable. Selon le communiqué, un fonds de 1,3 million d’euros, alloué par l’Union européenne pour soutenir les populations touchées par les graves inondations de cet automne, aurait été redistribué de manière unilatérale à plusieurs ONG internationales. Ces fonds, selon les autorités, auraient été octroyés sans concertation suffisante avec les instances locales compétentes, au mépris des principes de transparence. Face à ces accusations, les autorités militaires au pouvoir au Niger ont exigé un audit complet sur la gestion de cette aide. « L’ambassadeur de l’UE au Niger a, de manière unilatérale » redistribué cette aide à des ONG, « au mépris des principes de transparence et de bonne collaboration avec les autorités nigériennes compétentes », affirmait ce communiqué, qui ajoute qu’un «audit» sur la gestion des fonds en question a été demandé.
La réponse ferme de l’Union européenne
Le Service européen pour l’action extérieure (SEAE) a réagi vivement en exprimant son « profond désaccord » avec ces accusations, qualifiant les remarques de la junte de remise en cause des modalités de gestion de l’aide humanitaire. L'UE a rappelé que son aide est distribuée « de manière neutre, impartiale et indépendante », via des agences des Nations unies et des ONG internationales, et qu’elle ne saurait être « instrumentalisée à des fins politiques ». En conséquence, l’ambassadeur européen a été rappelé à Bruxelles, marquant une nouvelle escalade dans les tensions déjà palpables entre l’UE et le Niger depuis le renversement du président élu Mohamed Bazoum en juillet 2023.
Malgré ces tensions, l’UE a réaffirmé son engagement à soutenir les populations nigériennes touchées, insistant sur l’importance de l’aide humanitaire pour répondre aux besoins urgents des plus vulnérables.
Ce nouveau différend illustre la dégradation continue des relations entre les autorités de transition nigériennes et les partenaires européens.
Mohamed Cissé (actuniger.com)
Commentaires
Faut pas donner
Faut pas les associer
Oui, les autorités nigériennes sont en droit d'exiger une information claire préalable à toute aide extérieure.
Oui, elles sont également en droit de demander le remplacement de l'Ambassadeur de l'UE si elles estiment que son comportement n'est pas conforme aux usages de la diplomatie.
Oui, les Nigériens touchés par une catastrophe ont droit à l'aide humanitaire, y compris internationale.
Oui, une aide mal ciblée peut être contre-productive, et sa coordination incombe au pays bénéficiaire dès lors qu'il dispose des moyens de cette coordination.
Vu de loin, j'ai cependant une petite interrogation sur les raisons qui poussent les autorités nigériennes à exiger que l'aide passent par leur intermédiaire. Est-ce seulement pour ce besoin légitime de coordination ?