Coopération militaire : l’armée allemande va finalement abandonner sa base aérienne de Niamey
L’armée allemande va cesser d’exploiter sa base logistique au Niger d’ici le 31 août, a indiqué samedi le ministère allemand de la Défense, selon une dépêche de l’AFP. Fin mai pourtant, l’Allemagne avait annoncé avoir convenu d’un accord intérimaire permettant à la Bundeswehr de continuer à exploiter cette base située à Niamey, la capitale. Cependant, les négociations avec les autorités nigériennes n’ont pas abouti sur les conditions de prolongation ou de conclusion d’un nouvel accord de coopération, a affirmé Berlin. L’Allemagne a aussi décidé de mettre fin à sa coopération militaire avec le Niger où elle a construit et équipé, à Tillia, dans le nord de la région de Tahoua, un Centre d’entraînement et de formation des forces spéciales (CEFS) en plus de former les soldats d’élite des forces armées nigériennes (FAN). Dans le cadre du nouvel accord qui devait être conclu, la construction d’un hôpital militaire de référence à Niamey, un investissement estimé à plus de 20 milliards de francs CFA, avait déjà été promise par l’Allemagne à l’ancien régime de Bazoum avant d’être remise dans la balance des négociations avec le nouveau régime militaire du CNSP du général Tiani. Ce qui n’a visiblement pas convaincu Niamey et a poussé l’Allemagne à suivre les pas de la France et des USA.
Selon les déclarations du ministre Allemand, « les soldats de la Bundeswehr qui y sont encore stationnés vont se retirer d’ici au 31 août de la base de transport aérien de Niamey. La coopération militaire avec le Niger, effectuée avec le ministère allemand des Affaires étrangères, sera également abandonnée, a aussi la même source dont les propos tenus samedi dernier ont été rapportés par l’AFP.
Fin mai pourtant, l’Allemagne et le Niger avaient convenu d’un accord intérimaire permettant à la Bundeswehr de continuer à exploiter sa base de transport aérien à Niamey jusqu’au 31 août.« L’Allemagne et le Niger ont conclu un accord intérimaire pour le séjour des forces allemandes au Niger », avait annoncé dans un communiqué le Ministère allemand de la Défense. L’accord devrait permettre à la base aérienne de la Bundeswehr à Niamey de rester opérationnelle au-delà du 31 mai, date d’expiration de l’accord actuel. Une période que les deux pays auraient mis à profit pour « négocier un nouvel accord sur le séjour des forces » allemandes au Niger. Selon le communiqué de Berlin, la base devrait alors fonctionner comme une structure « froide », avec un personnel « nettement réduit », avec la possibilité d’être activée à tout moment en cas de nécessité ou d’urgence.
Cependant, les négociations entre les deux pays pour prolonger cette exploitation n’ont pas abouti, à en croire les responsables de la Défense allemande. Le nouvel accord butait notamment sur le fait que le personnel stationné ne pourrait plus bénéficier d’immunité contre des poursuites judiciaires. Selon l’AFP, ces derniers temps, seuls 38 soldats de la Bundeswehr étaient présents sur la base, auxquels s’ajoutaient 33 collaborateurs de firmes allemandes et étrangères. Elle servait aussi à des opérations d’évacuation de ressortissants allemands en Afrique.
La fin d’une coopération militaire qualifiée pourtant par Niamey et Berlin de stratégique et fructueuse même au lendemain du coup d’état
Bien que peu significatif, la présence des soldats allemands au Niger, après le coup d’état du 26 juillet 2023, a suscité de vives débats dans le pays notamment au sein du Parlement. Cependant, Berlin semble plutôt pencher sur une présence stratégique dans ce pays du Sahel où elle a investi des millions d’euros ces dernières années notamment au profit des forces armées nigériennes (FAN).
En décembre dernier, soit quelques mois après le coup d’état et la décision de Berlin de suspendre sa coopération avec Niamey, le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius a effectué une visite au Niger où il a annoncé la reprise dès 2024 de la coopération militaire entre les deux pays. Le patron de l’armée allemande s’est ainsi entretenu avec son homologue nigérien, le général de Corps d'Armée Salifou Mody. Dans l'interview qu'il avait accordé à la presse au sortir de la rencontre, le ministre allemand de la Défense a réaffirmé la volonté de son pays, à poursuivre et à renforcer le partenariat avec le Niger dans le domaine militaire. C’est en ce sens qu’il a annoncé la reprise de tous les projets interrompus dès 2024. Une décision qui a été saluée par le ministre de la Défense nationale qui n’a pas manqué de souligner que la coopération militaire entre le Niger et l'Allemagne « est très active ces dernières années ».
Avec l'appui de l'Allemagne, le Niger a ainsi développé des Centres de Formation pour les sous-officiers et particulièrement pour les Forces Spéciales avec la création à Tillia, dans la région de Tahoua, au nord-est du pays et près de la frontière malienne, d’un Centre d’Entrainement (CEFS). C’est au sein de ce centre que se déroule actuellement, un exercice national militaire de grande envergure, baptisée « Tarnahakal » ou « amour pour la patrie » en langue locale tamashek, que mène l’armée nigérienne conjointement avec ses homologues du Burkina Faso, du Mali, du Tchad et du Togo.
En plus de la formation et de l’équipement des forces nigériennes qui serait certainement au centre du nouvel accord de partenariat, l’autre projet qui sera relancé dans le cadre de la reprise de cette coopération, c’est la construction de l'hôpital Militaire de Référence à Niamey, au profit des Forces Armées Nigériennes (FAN). Il s’agit d’un outil médical performant pour la prise en charge des militaires et de leurs familles qui sera une référence pour les Armées de la sous-région. Les travaux qui vont nécessiter un investissement d’environ 20 milliards de francs CFA auraient dû être lancés en début août 2023, sur le site de la caserne Garba Hassan de Niamey (camp 6e), mais le projet a été suspendu suite au coup d’état du 26 juillet dernier et l’avènement du CNSP au pouvoir. Depuis, les contacts n’ont pas été rompus entre les deux pays notamment sur le domaine militaire, ce qui s’explique par la présence à Niamey, de soldats de la Bundeswehr qui en plus de la coopération militaire, travaille comme base logistique pour les soldats allemands qui étaient déployés au Mali dans le cadre de l’ex MINUSMA. Des négociations entre militaires nigériens et allemands viennent, contre toute attente, de capoter avec la fin de la coopération militaire entre Niamey et Berlin.
A.Y.Barma (actuniger.com)
Commentaires
A quand le tour des Italiens?
Des Anglais ......et toutes les autres margouillats qui ont accouru au Niger.....
Qu'ils débarrassent le plancher ....