Retrait de l’AES de la Cédéao : le Président Tinubu exhorte le Niger, le Mali et le Burkina à reconsidérer leur décision
Le Président de la République fédérale du Nigeria et Président en exercice de la CEDEAO a exhorté les États membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) à reconsidérer leur décision de se retirer de l’organisation communautaire ouest-africaine. Sir Bola Ahmed Tinubu, qui s’exprimait ce samedi à Abuja à l’occasion du Sommet extraordinaire des chefs d’État de la CEDEAO, a demandé au Niger, au Burkina Faso et au Mali de ne pas considérer l’organisation comme « l’ennemi » avant de plaider pour un réexamen de l’approche actuelle pour la restauration de l'ordre constitutionnel dans les pays de l’AES, mais aussi en Guinée. Une sorte de mea-culpa sur l’échec de la méthode forte comme solution aux crises politiques et un aveu d’échec de l’inefficacité des sanctions, comme l’a d’ailleurs alerté l’ancien chef d’État du Nigeria et membre fondateur de la CEDEAO, le général Yakubu Gowon, dans une lettre ouverte adressée aux chefs d’État à la veille du Sommet.
Dans son discours d’ouverture, le Président en exercice de la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao, le Président Ahmed Bola Tinubu du Nigeria a mis en exergue le contexte dans lequel se tient ce Sommet avec l’amplification des défis politiques, sécuritaires et économiques qui menacent la paix et la prospérité dans la région ouest-africaine. Le Chef de l’Etat nigérian a également rappelé les enjeux stratégiques de l’heure pour l’organisation avec l’annonce, le 28 janvier dernier, du retrait de la Cédéao par les trois (3) pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) ainsi que les défis qui se posent à l’institution pour gérer les transitions et les crises politiques au sein des pays membres.
Sur le retrait annoncé du Mali, du Niger et du Burkina Faso, le Président nigérian les exhorté « à reconsidérer la décision de quitter » l’organisation et à ne pas percevoir la Cédéao comme un ennemi. « Nous ne sommes pas l'ennemi », a déclaré Bola Tinubu qui a aussi plaidé pour un réexamen de «approche actuelle de la recherche de l'ordre constitutionnel dans quatre de nos États membres », notamment le Mali, la Guinée, le Burkina Faso et le Niger.
« Nous sommes ici pour répondre aux développements urgents dans notre sous-région et à la situation politique au Niger, au Burkina Faso et au Mali. Nous devons aborder ces questions avec un sentiment d’unité et d’engagement envers le bien-être de la population. La complexité des enjeux nécessite une approche globale et collaborative. Par conséquent, il nous incombe d’engager un dialogue constructif, d’exercer un jugement prudent et de travailler collectivement à trouver des solutions pour favoriser la paix, la sécurité et la stabilité politique dans notre région. La gravité de nos responsabilités en tant que dirigeants en ces temps difficiles ne peut être surestimée et c’est grâce à nos efforts concertés et à notre sens profond de l’histoire que nous pouvons relever ces défis ». Président Bola Ahmed Tinubu. Président du Nigeria et Président en exercice de la CEDEAO.
Mea-culpa et nouvelle approche pour sauver la Cédéao
Les déclarations du Président du Nigeria sonnent comme un aveu d’échec suite à l’inefficacité de la méthode forte mise en avant ces derniers mois pour enrayer les coups d’états et les changements anticonstitutionnels dans la sous-région. Un aveu d’échec qui s’explique par le fait que les sanctions aussi lourdes soient-elles ainsi que les menaces d’intervention militaire comme c’est le cas actuellement au Niger ne permettent ni de prévenir les coups de force et encore moins de restaurer l’ordre constitutionnel. Aussi, l’organisation peine à anticiper pour mieux gérer les crises politiques ou tensions électorales comme c’est le cas au Sénégal. A contrario, ces sanctions qui n’affectent que les populations et l’équilibrisme face à certaines situations critiques comme la lutte contre le terrorisme et de l’instabilité politique n’ont fait que fragiliser l’organisation d’intégration sous-régionale qui est plus perçue par l’opinion des citoyens des pays membres comme «un syndicat des Chefs d’Etat » que comme une véritable « Cédéao des peuples ». Ceci explique certainement la popularité dont bénéficient actuellement les régimes militaires dans les pays en transition.
C’est pour ces raisons d’ailleurs, qu’à la veille de ce sommet qualifié de décisif, le seul père fondateur survivant de la CEDEAO et ancien chef d'État nigérian, le général Yakubu Gowon, dans une lettre ouverte aux chefs d'État et de gouvernement de la CEDEAO, les a exhortés à lever les sanctions contre le Burkina Faso, le Mali et le Niger et a également exhorté les trois pays à retirer leur décision de quitter l'organisation. « J'ai noté avec une profonde inquiétude et une grande tristesse les événements passés et récents survenus dans la sous-région de l'Afrique de l'Ouest, en particulier l'annonce par le Burkina Faso, le Mali et le Niger de leur intention de sortir de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). En tant que l'un des fondateurs de notre communauté économique régionale, il m'incombe de parler au nom des 14 chefs d'État et de gouvernement qui m'ont rejoint à Lagos, le 27 mai 1975, pour créer la CEDEAO », a-t-il déclaré avant de rappeler que depuis sa création, « le bloc régional a accompli un certain nombre de réalisations majeures, notamment la libéralisation du commerce, le droit des Africains de l'Ouest à vivre légitimement dans n'importe quel pays de la Communauté, ainsi que des opérations de maintien de la paix réussies au Libéria et en Sierra Leone ». Selon l’ancien chef de l’Etat nigérian, « la CEDEAO, malgré ses défauts, est devenue un exemple d'intégration régionale pour l'ensemble du continent ». Il a en ce sens proposé aux Chefs d’Etat quelques mesures phares pour sauver l’organisation avec, notamment, la levée de toutes les sanctions imposées au Burkina Faso, à la Guinée, au Mali et au Niger; le retrait par ces derniers de leur préavis de sortie de la CEDEAO et l’organisation avec les 15 chefs d'Etat de la CEDEAO à un sommet pour discuter de l'avenir de la communauté, de la sécurité et de la stabilité régionales, ainsi que du rôle de la communauté internationale dans le contexte géopolitique actuel. « La CEDEAO est plus qu'une coalition d'États, c'est une communauté établie pour le bien de nos peuples, sur la base d'une histoire, d'une culture et d'une tradition partagées. Ni ma génération, ni les générations actuelles ou futures ne comprendront ou ne pardonneront l'éclatement de notre Communauté », a indiqué le père fondateur de l’organisation.
Aboubacar Yacouba Barma (actuniger.com)
La dignité et la fierté auront un sens quand nous serons capables de produire ce que nous mangeons sur ce continent, pays par pays. I Traoré du Burkina qui demande aux présidents de l'Afrique ce cesser de tendre la main, puis quelques mois plus tard reçoit plus de 20 mille tonnes de blé de la Russie comme don. Nous Africains, nous ne produisons que 20% de ce que nous bouffons, et ne sommes même pas capables de fabriquer un seul clou, une seule aiguille à coudre. Il y a quoi pour être digne là-dedans ? Ça nous rapporte quoi de vouloir nous désunir, pour des mecs qui clament haut et fort l'unité africaine ? Ne croyez vous pas que nous avons d'autres priorités ?