Général A. Tiani : « la monnaie est un symbole de souveraineté que nous sommes engagés à recouvrer totalement pour sortir de la colonisation »

Dans un entretien qu'il a accordé à la chaîne publique (RTN) et diffusé dans la soirée du dimanche 11 février, le Président du CNSP, le Général de Brigade Abdourahmane Tiani, a évoqué la question de la présence des pays de l'AEC au sein de l'UEMOA ainsi que celle du Franc CFA. Selon le Chef de l'État, la création d'une monnaie commune avec le Burkina Faso et le Mali est un projet en cours de réflexion sur lequel des experts planchent déjà ; une décision en ce sens sera annoncée au moment opportun. "La monnaie est un symbole de souveraineté et nous sommes engagés dans un processus de recouvrement de notre souveraineté totale", a déclaré le général Tiani, qui a ajouté que cette question du CFA est "une étape de sortie de la colonisation" afin que "nos États ne soient plus la vache à lait de la France".

«Chaque chose en son temps !», a répondu le Chef de l’Etat à la question du journaliste Abdoulaye Tiémogo qui portait sur la présence des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) au sein de l’UEMOA et la question de la création d’une monnaie commune avec le Burkina Faso et le Mali. Sans donner beaucoup de détails, le général Abdourahamane Tiani a laissé entendre que le projet est en cours de réflexion au niveau des trois pays de l’AES avec des experts monétaires qui se planchent sur le sujet. « Au moment opportun, nous déciderons», a déclaré le Président du CNSP qui a souligné à l’occasion que «la monnaie, c’est un signe de souveraineté », et que les Etats de l’AES sont « engagés dans un processus de recouvrement de leur souveraineté totale ».

« La monnaie est un symbole de souveraineté et nous sommes engagés dans un processus de recouvrement de notre souveraineté totale. Il n’est plus question que nos Etats soient la vache à lait de la France. La France nous a longtemps spoliés et doit payer les dettes des décennies de pillage systématique de nos ressources. La monnaie est une étape de sortie de cette domination. Nos experts au sein de l’AES y travaillent et au moment opportun, nous déciderons ».  Général de Brigade Abdourahamane Tiani, Président du CNSP, Chef de l’Etat

La fin du CFA n’est pas pour demain

Contrairement donc au cas de la Cédéao,  la sortie des pays de l’AES de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) n’est  pas pour demain, tout comme d’ailleurs, la possible mise en circulation d’une future monnaie commune pour les trois Etats. Cette dernière pourrait, en effet, remplacer le franc CFA, la monnaie commune actuelle des 8 pays de l’Afrique de l’ouest et qui est au centre, depuis quelques années tout comme la présence des soldats français en Afrique,  de tous les débats sur les relations entre l’ancienne puissance coloniale et les pays de la zone franc dont l’UEMOA. 

Fin janvier dernier, le Président de la transition burkinabé, le capitaine Ibrahim Traoré s’est aussi montré prudent sur cette question tout en assurant, comme son homologue nigérien, que le projet est en cours de réflexion et qu’après la sortie de la Cédéao, le Burkina Faso va « probablement » s’attaquer  au FCFA. «  Probablement. Laissez venir les choses. Tout ce que nous faisons ça vous a surpris n’est-ce pas ? Des choses vont peut-être vous surprendre encore. Et il n’y a pas que la monnaie. Tout ce qui est lien qui nous maintient dans l’esclavage, nous allons briser ce lien », a déclaré le président Ibrahim Traoré qui répondait au journaliste Alain Foka au cours d’un entretien diffusé au lendemain de l’annonce du retrait du Burkina, du Mali et du Niger de la CEDEAO.

A.Y.Barma (actuniger.com)