Réunion des Premiers ministres de l’AES : à Niamey, un engagement à concrétiser la nouvelle dynamique de coopération entre le Niger, le Burkina et le Mali
Les Premiers ministres du Niger, du Burkina Faso et du Mali se sont réunis samedi 30 décembre à Niamey pour réaffirmer l’engagement des trois pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), à tirer pleinement profit des opportunités qu’offre cette nouvelle dynamique de coopération ainsi qu’à faire face ensemble aux défis sécuritaires et politiques. Les chefs de gouvernement de transition burkinabé Apolinaire Joachim Kyelem de Tambala et malien Choguel kokalla Maiga ont saisi l’occasion de leur séjour dans la capitale du Niger pour échanger avec les autorités du Niger et exprimer leur solidarité aux populations qui subissent de plein fouet, les répercussions des sanctions prises par les dirigeants de la Cédéao suite au coup d’Etat du 26 juillet dernier.
A leur arrivée vendredi après-midi, les premiers ministres du Burkina Faso et du Mali ont été accueillis au salon d’honneur de l’aéroport international Diori Hamani de Niamey par leur homologue du Niger, Ali Mahamane Lamine Zeine ainsi que les membres du CNSP et du gouvernement de transition. Après un premier bref entretien, ils se sont rendus à l’ancien rond-point escadrille, devant l’ancienne base aérienne projetée (BAP) de la force francise Barkhane, rebaptisé désormais « place de la résistance, où ils ont pris part à la cérémonie marquant la fin de 4 mois de mobilisation contre la présence française du Niger, à l’initiative du Front pour la sauvegarde de la patrie (FSP).
Le samedi, les 3 premiers ministres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) ont été reçus en audience au Palais de la présidence par le président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), chef de l’Etat, le général Abdourahmane Tiani, avant de diriger une séance de travail élargie aux délégations ministérielles des trois pays.
Les trois chefs de gouvernement ont ensuite animé une conférence de presse conjointe au Centre international des conférences Mahatma Ghandi sur les raisons de cette visite de solidarité au Niger ainsi que les enjeux et les perspectives de coopération dans le cadre de la nouvelle Alliance des Etats du Sahel (AES) lancée en septembre dernier par le Niger, le Mali et le Burkina Faso. La rencontre s’est déroulée n présence des membres des gouvernements nigérien, malien et Burkinabé, des corps diplomatiques accrédités au Niger, des acteurs de la société civile, de la jeunesse ainsi que des ressortissants de ces trois pays vivant au Niger, les trois chefs de gouvernement ont ainsi parlé des raisons qui ont conduit aux différentes prises de pouvoir dans les trois pays qui sont toutes liées à une mauvaise gouvernance et aux défis sécuritaires dans cette zone. Il ressort des différents points de vue qu'il y a des perspectives prometteuses pour les trois pays de l’Alliance des Etats du Sahel qui viennent de s'unir pour mener ensemble le combat pour le développement socioéconomique et politique de la zone du Liptako Gourma. Au cours de cette conférence presse, les trois Premiers Ministres de l'AES ont rappelé à l’opinion publique, les raisons qui ont présidé à la prise du pouvoir par les militaires dans les trois pays, et aussi annoncé les perspectives qui s'offrent à l’AES qui représente, selon eux, le moyen de lutte contre l’insécurité qui sévit dans la région du Liptako-Gourma.
Des réponses aux aspirations des peuples du Sahel au changement
Dans son intervention, le chef du gouvernement nigérien Ali Mahamane Lamine Zeine s’est d’abord réjoui de recevoir en terre nigérienne ses trois homologues de l'AES tout en exprimant sa gratitude envers le Mali et le Burkina Faso qui ont apporté un soutien incontestable au Niger depuis les événements du 26 juillet, et cela malgré les sanctions imposées au pays par l’UEMOA et la CEDEAO. Évoquant la question sécuritaire dans la sous-région, il a salué l’effort des Forces de Défense et de Sécurité, depuis la prise du pouvoir, dans la lutte contre le terrorisme malgré le contexte actuel, tout en exprimant la reconnaissance du CNSP et de son gouvernement envers la jeunesse nigérienne pour son effort fourni dans cette lutte commune.
De son coté, le premier ministre malien Choguel Kokala Maiga a retracé l'historique du combat mené par les maliens en 2020 pour leur souveraineté avant de rappeler que « les mêmes sanctions infligées au Niger que la CEDEAO avait imposées au Mali et au Burkina Faso auparavant ». Et c’est pour cela, a-t-il ajouté, que « les frères du Mali et du Burkina ont dit à qui veut l'entendre que nous sommes des peuples de guerriers et celui qui veut s'en prendre au Niger, nous trouvera sur son chemin et c’est ainsi que naquit l'AES ». Abordant la nouvelle Alliance des Etats du Sahel, Dr Choguel Maiga a indiqué que ses actions ont commencé avec les questions de sécurité et « aujourd'hui la collaboration entre nos trois armées a atteint un niveau de l'intégration extrêmement élevé qui fait peur à certains car nos armées sont en train d'inverser la situation vis-à-vis des terroristes ». « Nous avons des preuves au Mali que tous ces mouvements, dits de terroristes, sont créés et sponsorisés par les services secrets de certains pays qui prétendent être nos amis mais c'est une amitié qui est écrite en rouge, nourrie du sang de nos enfants et nous avons dit que nous ne voulons pas de cette amitié mais d'une amitié africaine », a déclaré le PM malien qui a saisi l’occasion pour appeler les populations à tout faire pour ne pas retourner en arrière, avant d’adresser ses félicitations au peuple nigérien et les organisations de la société civile pour le combat mené depuis les évènements du 26 juillet. Il a aussi exhorté les peuples de l’AES à aller dans le même sens que leurs dirigeants en leur apportant un soutien dans cette lutte pour la souveraineté du Sahel.
Pour sa part, le chef du gouvernement de transition burkinabé, Me Apolinaire Joachim Kyelem de Tambala a, après avoir salué la détermination du Président nigérien, le général Abdourahamane Tiani, indiqué que le Niger, le Mali et le Burkina Faso ont les mêmes habitudes alimentaires et un même niveau ce développement, d’où la nécessité pour eux d’être ensemble. « Au Burkina nous sommes en train de réfléchir pour écrire une nouvelle constitution totalement détachée du format français qui nous a été imposé auparavant » a-t-il annoncé appelant ainsi le peuple de l’AES à mettre un terme aux égoïsmes nationaux afin de mettre en œuvre leurs projets communs. Pour se faire, a t-il enfin proposé, la mise en place des commissions mixtes pour les trois pays afin de mener des activités autonomes communes pour parvenir à une véritable indépendance.
Il convient de noter que ce dimanche 31 décembre 2023, les trois chefs de gouvernement se sont envolés pour Agadez, dans le nord du pays, où ils assiéront à la finale de la 44 édition du championnat national de lutte traditionnelle, le sport roi au Niger.
Ikali Dan Hadiza (actuniger.com)
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C’est les tonneaux vides qui font le plus de bruit