Russie-AES : Moscou et le Sahel officialisent une alliance stratégique multidimensionnelle

Moscou, 3 avril 2025 – Les ministres des Affaires étrangères de la Fédération de Russie et de la Confédération des États du Sahel (AES) ont officialisé ce jeudi 3 avril, lors d’une réunion historique à Moscou, un partenariat stratégique multidimensionnel, marquant un tournant dans les relations entre les deux entités. Pour la première fois, les chefs de la diplomatie russe et des trois pays membres de l'AES – le Burkina Faso, le Mali et le Niger – se sont réunis dans un format quadripartite afin d’institutionnaliser un partenariat global, dépassant les relations bilatérales existantes.

Une alliance tournée vers la sécurité et la souveraineté
Au cœur des discussions : la lutte contre le terrorisme, priorité absolue pour les États de l’AES. Confrontés à des menaces persistantes, le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont réaffirmé leur volonté de renforcer leur coopération militaire avec la Russie. Cette collaboration devrait se traduire par un soutien accru à la future "Force Unifiée" de l’AES, notamment à travers la fourniture d’armements et d’équipements logistiques. Par ailleurs, les pays sahéliens comptent sur l’expertise russe pour la formation de leurs troupes, un appui qui pourrait s’intensifier via des instructeurs spécialisés et l’Africa Corps. Enfin, les deux parties envisagent une coordination plus étroite au sein des grandes instances internationales, telles que l’ONU et l’Union africaine, afin de faire valoir une approche commune face aux défis sécuritaires.
« La Russie est un allié sincère qui partage la même vision que nous et qui a été le premier à reconnaître et féliciter l’AES dès ses premières heures », a déclaré Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires étrangères et porte-parole de la délégation.

Un partenariat élargi à d’autres secteurs clés

L'ambition commune va bien au-delà du seul volet sécuritaire. L'AES et la Russie ont jeté les bases d'une coopération multidimensionnelle destinée à transformer durablement les relations entre les deux partenaires.
Sur le plan diplomatique d'abord, les parties ont acté une harmonisation de leurs positions dans les enceintes internationales, marquant ainsi leur volonté de parler d'une seule voix sur la scène mondiale. Cette coordination politique s'accompagne d'un volet économique ambitieux : facilitation des échanges commerciaux, encouragement des investissements russes dans la région et développement de partenariats industriels stratégiques.
Le secteur énergétique n'est pas en reste, avec des projets de coopération prometteurs dans le domaine de l'énergie nucléaire civile, tandis que les infrastructures de transport feront l'objet d'une attention particulière. Parallèlement, le volet éducatif et technologique vient compléter ce dispositif : programmes d'échanges universitaires, modernisation des réseaux de télécommunications et soutien au développement des médias figurent parmi les priorités partagées.
Cette approche multidimensionnelle témoigne de la volonté des deux parties d'établir un partenariat structurel et durable, bien au-delà de la simple coopération militaire, renforçant la souveraineté économique et politique de l’AES tout en diversifiant ses partenariats internationaux.

Vers une coopération institutionnalisée
À l’issue de cette réunion, les ministres ont convenu d’institutionnaliser ce dialogue stratégique en organisant des rencontres régulières, en alternance entre un pays de l’AES et la Russie. Un communiqué conjoint a sanctionné cette première consultation, scellant officiellement la volonté des deux parties d’approfondir leur coopération.
« Il s’agira désormais de consolider la structuration de l’AES dans le cadre de cette nouvelle forme de coopération avec la Russie, en complément des avancées déjà réalisées sur le plan bilatéral », a souligné le ministre burkinabè des Affaires étrangères.

Un partenariat porteur d’espoir pour l'AES 
Cette rencontre marque une étape décisive dans le réalignement géopolitique des États de l’AES. En choisissant de renforcer leur coopération avec la Russie, ces pays entendent bâtir une alliance fondée sur des relations d’égal à égal et une vision commune des défis sécuritaires et économiques.
L’optimisme affiché à Moscou laisse entrevoir un avenir prometteur pour cette collaboration naissante. Avec un engagement mutuel à long terme, la Confédération des États du Sahel et la Fédération de Russie posent les bases d’un partenariat stratégique susceptible de redessiner le paysage géopolitique de la région. Cette alliance consacre le pivot stratégique du Sahel vers Moscou, après le retrait des forces françaises. La Russie y gagne un relais d’influence en Afrique, tandis que l’AES sécurise un partenaire militaire et économique face aux défis jihadistes.

Ibrahim Issa  (actuniger.com)