Conférence des chefs d’Etat de la Cédéao: les sanctions maintenues pour le Niger avec de nouvelles conditions pour un éventuel assouplissement

A l’issue des travaux de la 64^e Session ordinaire qui s’est tenue ce dimanche à Abuja, les Chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao ont décidé du maintien des sanctions économiques et financières y compris la menace d’une intervention militaire. Toutefois, de nouvelles conditions ont été proposées aux militaires du CNSP pour un éventuel allègement de ces sanctions. Il s’agit notamment d’une « transition courte » pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel et donc des civils au pouvoir ainsi que « la libération immédiate et sans condition » du président déchu Bazoum Mohamed,  des membres de sa famille ainsi que des dignitaires de son régime actuellement détenus.  La Conférence a par ailleurs désigné comme médiateurs dans la crise nigérienne, les président Patrice Talon du Bénin, Faure Eyadéma du Togo et Julius Maada Bio de la Sierra Leone, pour prendre contact avec les autorités de transition et proposer une sortie de crise pacifique

Les sanctions économiques et financières imposées ainsi que la possibilité d’une intervention militaire ont été certes maintenues lors de la Conférence d’Abuja, mais les chefs d’Etat de la Cédéao ont ouvert la voie à leur allègement, ce qui constitue d’ailleurs une nouvelle offre de dialogue aux autorités militaires du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). A l’issue de leur conclave, les dirigeants ouest-africains ont également assouplit leurs conditions puisque désormais, il n’est plus question du rétablissement de l’ancien président déchu Bazoum Mohamed mais juste de « sa libération » ainsi que de sa famille et de ses collaborateurs actuellement détenus par les militaires.

Le maintien des sanctions qui affectent durement et depuis plus de 4 mois les populations nigériennes constitue un coup dur pour le pays mais à l’issue de ce sommet et en dépit des discours de fermeté affiché par certains chefs d’Etat à l’égard des « putschistes de Niamey », la Cédéao fait un grand pas en avant puisque les évènements du 26 juillet dernier qui se sont traduits par le coup de force des militaires contre le régime de Bazoum semble désormais consommé.  Mlagré la présence à Abuja des anciens membres du gouvernement du régime déchu, c’est avec les autorités de transition que l’organisation va traiter la sortie de crise. Et pour ce faire, la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement qui n’a pas manqué de regretter « le manque d'engagement de la part du CNSP pour restaurer l'ordre constitutionnel », a désigné les Présidents du Togo, du Bénin et de la Sierra Leone pour entrer en contact avec les nouvelles autorités militaires du Niger en vue de proposer une sortie de crise, une fois la libération de l’ancien Président Bazoum acquise. Et comme il est indiqué dans le communiqué final lu à la fin de la Conférence par le Président de la Commission, Dr Oumar Alieu Touray, en fonction des résultats de l'engagement du comité des chefs d'État, avec le CNSP, la CEDEAO pourrait progressivement lever les sanctions imposées au Niger.

Il convient de noter que cette position somme toute assez conciliante de la Cédéao tranche avec la fermeté affichée par les Chefs d’Etat contre les militaires nigériens. Après le réquisitoire très critique du Président de la Commission à l’ouverture des travaux, les différents chefs d’Etat et de délégation qui ont pris la parole ont fermement soutenu la position exprimée par le Président Ghanéen Nana Akufo-Addo qui a défendu une « tolérance zéro » contre ceux qui s’aventurent le pouvoir par des voies anticonstitutionnelles notamment les coups d’état, dans la sous-région.

A.Y.B (actuniger.com)