Cédéao : ouverture à Abuja de la 64e Conférence des Chefs d’Etat, le Niger représenté par d’anciens dignitaires de Bazoum
Les travaux de la 64e Session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao se sont ouverts ce dimanche 10 décembre à Abuja, la capitale du Nigeria, pays qui assure la présidence en exercice de l’organisation. Comme principaux points inscrits à l’ordre du jour de ce conclave de fin d’année, la situation politique au Niger ainsi que les sanctions imposées au pays suite aux évènements di 26 juillet dernier. Des décisions importantes sont attendues de ce Sommet auquel le Niger, bien que suspendue, a été représenté par des dignitaires de l’ancien régime de Bazoum Mohamed avec à leur tête, l’ancien chef du gouvernement Ouhoumoudou Mahamadou. La preuve que les choses bougent aussi à la Cédéao, l’ancien Premier ministre n’a pas été invité à figurer sur la photo officielle d’ouverture comme c’était le cas lors du précédent sommet extraordinaire pour l’ancien chef de la diplomatie Hassoumi Massaoudou.
Les quelques rares images illustrant la présence à l’ouverture de la Session, des représentants de l’ancien régime de Bazoum Mohamed ont été portées en triomphe sur les réseaux sociaux par leurs partisans et inconditionnels soutiens mais aussi par des détracteurs qui u voient par là une nouvelle provocation de l’organisation communautaire qui a en principe suspendue le pays. On y voit sur les images et sur la place réservée à la délégation du Niger, l’ancien Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou ainsi que, assis derrière, les anciens ministres Hassoumi Massaoudou, ex chef de la diplomatie, et celui du commerce, Alkache Alhada. Des dignitaires de l’ancien régime qui sont en exil depuis le coup d’état de juillet dernier et qui ont fait le déplacement pour la circonstance.
Toutefois, lors de la pose de la photo officielle de ce Sommet, aucun représentant du Niger n’a été invité à faire le traditionnel « selfie » de circonstance comme c’est le cas lors des précédents sommets du 30 juillet et 10 août où l’ancien ministre des Affaires étrangères y figurait bel et bien en arrière plan de la pose officielle. Dans un contexte où chaque détail compte et donne lieu à divers interprétation, cette absence n’est évidement pas passé inaperçue tout comme celle à Abuja des présidents Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Patrice Talon du Bénin et Macky Sall du Sénégal.
Des décisions importantes attendues notamment sur la situation au Niger
Comme il fallait s’y attendre, la situation politique au Niger sera l’un des sujets majeurs de ce Sommet qui va également examiner l’évolution de l’état de la sous-région avec les transitions au Mali, au Burkina Faso et en Guinée Conakry, la situation sécuritaire au Sahel ainsi que les velléités de déstabilisation institutionnelle enregistrées ces derniers jours en Guinée Bissau et en Sierra Leone. La situation économique ainsi que les perspectives de la dynamique d’intégration seront également au menu de ce dernier sommet de l’année des dirigeants ouest-africains.
Plusieurs allocutions ont marqué la cérémonie d’ouverture du Sommet. Après les mots introductifs du président de la Commission, Omar Alieu Touray, le président du Nigeria et président en exercice de la Cédéao a pris la parole pour prononcé son discours de bienvenue et d’ouverture officielle du Sommet dans lequel Ahmed Bola Tinubu est revenu sur les évènements ayant marqués le développement récent dans l’espace communautaire ainsi que les propositions de sortie de crise afin d’accompagner la dynamique d’intégration sous-régionale. Le chef de l’Etat de la première puissance économique de la Cédéao a en ce sens plaidé pour la reprise des négociations avec les régimes militaires pour des transitions courtes afin de parvenir à un retour rapide à l’ordre constitutionnel normal avec des élections qui vont porter au pouvoir des dirigeants élus et ainsi garantir les conditions de stabilité et de prospérité pour l’ensemble des pays membres et de la communauté dans son ensemble.
Le représentant du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Dr Leonardo Santos Simao, a également été invité à prendre la parole au cours de la cérémonie d’ouverture pour rappeler aux chefs d’Etat les multiples défis auxquels la région est confrontée.
Conformément à l’ordre du jour, les chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao présents à Abuja se sont retirés par la suite pour les travaux à huis clos au cours duquel ils vont prendre connaissance des différents rapports des médiateurs et de la task force sur la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace sous-régionale. Lors de ce conclave, le Président de la Commission va présenter son rapport sur l’Etat de la Communauté et le chef de la diplomatie nigérienne, l’Ambassadeur Yusuf Maitama Tugagar, présentera aux dirigeants ouest-africains, les conclusions et recommandations de la 51e Session du Conseil de Paix et de Médiation (CPM) ainsi que ceux de la 91e Session ordinaire du Conseil des ministres de la Cédéao.
Le Sommet prendra fin dans l’après-midi avec l’adoption des décisions par les chefs d’Etat qui seront suivie de la lecture du communiqué final ainsi qu’une conférence de presse du Président en exercice ainsi que celui de la Commission de la Cédéao.
Il faut noter qu’en plus des Nations unies et de l’Union africaine, plusieurs puissances ont dépêché à Abuja leurs représentants à l’image de l’Union européenne (UE) et de la France mais aussi et surtout des Etats-Unis avec la présence dans la capitale nigériane depuis deux jours, de la sous-secrétaire d’Etat aux Affaires africaines, Catherine Molly Phee, qui a déjà entamé une médiation en coulisses sur la situation politique au Niger.
A.Y.Barma (actuniger.com)
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