Coopération : à la veille du Sommet de la Cédéao, le général Tiani à Lomé chez le Président Faure, médiateur désigné du CNSP
Le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), le Général Abdourahamane Tiani, a quitté Niamey ce vendredi 08 décembre à destination de Lomé, au Togo, où il effectue une visite d’amitié et de travail, la première dans un pays membre de plein droit de la Cédéao, en dehors des Etats de la nouvelle Alliance du Sahel (AES). A la tête d’une importante délégation, le Chef de l’Etat va échanger avec son homologue Faure Eyadéma sur la situation politique au Niger, à la veille d’un Sommet décisif des chefs d’Etat de la Cédéao qui va se pencher sur la crise que traverse le pays depuis les évènements du 26 juillet. En novembre, le Togo a été désigné par les autorités nigériennes de transition médiateur dans les négociations avec la communauté internationale notamment l’organisation communautaire ouest-africaine qui a imposé de sévères sanctions au pays suite à la prise du pouvoir par les militaires du CNSP qui ont renversé le régime de Bazoum Mohamed.
Annoncé à Niamey hier jeudi, avant que la visite ne soit finalement reportée sine die, le Président togolais Faure aura l’honneur de recevoir ce vendredi 08 décembre 2023 à Lomé, le Président de la Transition nigérienne, le général Abdourahamane Tiani, accompagné par une importante délégation composée notamment des membres du CNSP et du gouvernement. Selon une note de la Direction du protocole d’Etat, cette visite s'inscrit dans le cadre du renforcement des relations bilatérales entre le Niger et le Togo et permettra aux deux chefs d'État d'échanger sur des questions régionales et internationales d'intérêt commun. Plusieurs accords de coopération devraient être signés à cette occasion pour dynamiser la coopération nigéro-togolaise dans différents domaines stratégiques tels que la défense, les transports, le commerce ou encore la diplomatie, ajoute la même source.
C’est la première visite officielle qu’effectue le Président du CNSP dans un pays membre de plein droit de la Cédéao depuis le coup d’état du 26 juillet dernier. Le général Tiani s’est certes rendu le mois passé à Bamako (Mali) puis à Ouagadougou (Burkina Faso), deux pays dirigés par des transitions militaires avec qui le Niger a créé, en septembre dernier, l’Alliance des Etats du Sahel (AES) afin d’atténuer l’impact des sanctions de la Cédéao dont, d’ailleurs, les 3 pays sont actuellement suspendus.
La visite du Chef de l’Etat nigérien dans la capitale togolaise intervient également à la veille d’un Sommet décisif des dirigeants ouest-africains qui vont se pencher sur la situation politique au Niger. Lors de leurs derniers conclaves en date et consacrés exclusivement à la crise au Niger, le 30 juillet puis le 10 août à Abuja, les dirigeants de l’organisation d’intégration ouest-africaine ont menace les nouvelles autorités de Niamey d’intervenir militairement pour restaurer l’ordre constitutionnel suite au renversement du pouvoir de Bazoum Mohamed avant de décider d’une série de sévères sanctions économiques et financières contre le pays. Depuis, le spectre de l’intervention militaire s’est éloigné mais les sanctions qui affectent durement les populations nigériennes n’ont pas été levées notamment la fermeture des frontières, le gel des avoirs de l’Etat et des entreprises publiques, la suspension de la fourniture d’électricité mais aussi des transactions commerciales avec le pays.
Des négociations ont été entamées entre la Cédéao et les autorités nigériennes mais sont restées dans une impasse avec le préalable désormais annoncé par l’organisation, la libération de l’ancien chef de l’Etat, ce que rejette catégoriquement le CNSP. C’est dans ce contexte que les autorités militaires nigériennes ont fait appel au Togo, le mois passé à l’occasion d’une visite conduite à Lomé par le numéro 2 du CNSP, le général de corps d’Armée Salifou Mody, pour jouer le médiateur, aux cotés des Etats-Unis, avec la communauté internationale notamment la Conférence des Chefs d’Etat de la Cédéao que préside le chef d’Etat nigérian Bola Ahmed Tinubu.
Il faut dire que dès le début de cette crise, le Togo de Faure a fait presque bande à part en refusant de jouer la fermeté à l’égard des nouvelles autorités nigériennes comme c’est le cas pour le Bénin de Patrice, le Sénégal de Macky Sall et surtout la Cote d’ivoire d’Alassane Ouattara, l’ami et porte-voix du président français Macron. Avec le soutien des associations religieuses du pays, notamment l’église catholique, les autorités togolaises se sont montrées assez bienveillante avec celles du Niger en permettant notamment au pays de se servir du Port autonome de Lomé (PAL) pour l’approvisionnement du pays en produits de première nécessités, suite à l’embargo imposé par la Cédéao. Le Togo s’est aussi fermement opposé à toute intervention militaire au Niger et lors de la visite du ministre de la Défense Salifou Mody à Lomé, le Président Faure a explicitement soutenu que « faire la guerre au Niger, c’est déstabiliser toute la sous-région ». La visite qu’effectue le général Tiani à Lomé, à la veille du Sommet de la Cédéao, sera l’occasion de remercier les autorités togolaises pour leur sollicitude mais également de faire le point des négociations et de la position de Niamey, que le Président Faure portera lors du Sommet du dimanche prochain à Abuja.
A.Y.Barma (actuniger.com)
Je te donne raison sur un point. Le refus de libérer Bazoum est du à son refus de démissionner. Mais, c’est ne pas connaître Bazoum le combattant. Il ne démissionnera jamais.