Sommet de la Cédéao sur le Niger : « la négociation avec le régime militaire doit être le socle de notre approche », a déclaré le Président Tinubu
Le Sommet extraordinaire de la Conférence des Chefs d’état et de gouvernement de la Cédéao sur le Niger, le second du genre, s’est ouvert ce jeudi 10 août 2023 à Abuja, au Nigéria. A l’ouverture des travaux, le Président du Nigeria et Président en exercice de l’organisation, Bola Ahmed Tinubu, a certes rappelé que « toutes les options restent sur la table » mais il a aussi déclaré que « les négociations avec le régime militaire au Niger doivent être le socle de notre approche ». Des déclarations qui éloignent de plus en plus l’option militaire envisagée par les Chefs d’Etat lors de leur précédent Sommet du 30 juillet dernier toujours dans la capitale fédérale nigériane.
Dans son discours d’ouverture, le Président Bola Tinubu a déclaré qu’« il est crucial que nous donnions la priorité aux négociations diplomatiques et au dialogue comme socle de notre approche ». Le Chef de l’Etat nigérian a certes souligné que « toutes les options sont toujours sur la table, y compris l'usage de la force en dernier recours », pour restaurer l’ordre démocratique au Niger.
L’éventualité d’une intervention militaire pour rétablir le régime de l’ancien président Bazoum s’écarte de plus en plus. Il convient de rappeler que lors de leur précédent sommet extraordinaire sur le Niger, le 30 juillet dernier à Abuja, les Chefs d’Etat ont donné un ultimatum de six (6) jours à la junte militaire du CNSP de rétablir l’ordre constitutionnel sous menaces d’usage de la force. Les chefs des armées des pays membres se sont par la suite réunis dans la capitale fédérale nigériane pour valider les modalités de cette intervention militaire. Depuis, la donne semble avoir changé. L’ultimatum s’est expiré le 7 août dernier et malgré les sanctions économiques, la junte militaire au pouvoir à Niamey semble déterminée à instaurer une transition démocratique avant tout retour à l’ordre constitutionnel.
En début de semaine, un Premier ministre a été nommé en la personne de Ali Mahaman Lamine Zeine et la veille du sommet extraordinaire, un gouvernement d’une vingtaine de membres a été mis en place par le CNSP.
Difficiles négociations
L’option de la voie diplomatique et du dialogue semble donc être pour le moment la seule qui sera privilégiée par la Cédéao. Au sortir de ce second Sommet sur le Niger, des sanctions pourront certes être prises contre les nouvelles autorités de Niamey ainsi que leurs alliés, notamment le Burkina Faso et le Mali, mais l’option pour des négociations va primer.
Jusque-là, en effet, les émissaires envoyés par la Cédéao, mis à part le Président tchadien, n’ont pas pu entamer un véritable dialogue avec la junte militaire qui campe toujours sur ses positions. « Nous ne sommes pas arrivés pour reculer. Votre engagement et votre mobilisation, ainsi que votre détermination démontrent fortement votre soutien pour changer le Niger », avait par exemple assuré l’un des membres le général Mohamed Toumba à l’occasion d’un gigantesque rassemblement de soutien au CNSP, dimanche dernier à Niamey, le jour où l’ultimatum de la Cédéao arrivait à expiration.
Il faut aussi noter que selon plusieurs sources, des dignitaires de l’ancien régime ont pris part au Sommet d’Abuja. Il s’agit notamment de l’ancien Chef de la diplomatie Hassoumi Massaoudou, aujourd’hui en exil, tout comme plusieurs membres de l’ancien gouvernement alors que le chef de l’Etat déchu continu à être gardé par les militaires à la résidence présidentielle de Niamey.
Hier mercredi, le secrétaire général de l'Onu, António Guterres, s'est dit préoccupé par les « déplorables conditions » de détention du président nigérien, Mohamed Bazoum et de sa famille. « Le secrétaire général de l’Onu est profondément préoccupé par les déplorables conditions dans lesquelles vivraient le président Bazoum et sa famille, alors qu'ils sont toujours détenus arbitrairement par des membres de la Garde présidentielle au Niger », a indiqué l’Onu dans son communiqué.
António Guterres a réitéré sa préoccupation quant à la santé et à la sécurité du président et de sa famille, et a appelé une nouvelle fois à sa libération immédiate et sans condition, ainsi qu'à son rétablissement à la tête de l'Etat.
M. Abdoul Karim (actuniger.com)
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